Askatasuna : une solution au conflit basque sans Paris est "inimaginable"
Que la France soit absente d’un éventuel processus de paix en Pays Basque est "inimaginable", puisqu’"il n’y a qu’un seul conflit" et donc "il n’y aura qu’une seule solution" à laquelle devra participer l’Etat français. L’association pour la défense des droits des prisonniers politiques basques Askatasuna s’est ainsi expliquée lors d’une conférence de presse hier à Paris pour y présenter la manifestation du 24 juin prochain à Bayonne organisée par le Forum d’Ibaeta, plate-forme rassemblant une quarantaine d’organisations sociales, syndicats et associations basques. Le but de cette mobilisation est d’envoyer un "message clair" à l’Etat français pour qu’il participe au processus démocratique", a expliqué aux journalistes parisiens le porte-parole d’Askatasuna Jean-François Lefort. Un message déjà lancé par le biais d’une lettre adressée par le forum d’Ibaeta au président de la République "il y a une quinzaine de jours" [lire notre édition du mardi 30 mai], sans qu’il y ait eu de réponse. Le porte-parole de l’association a insisté sur l’importance du moment après l’annonce du cessez-le-feu permanent de l’ETA."Nous nous trouvons devant une occasion historique" pour arriver à "une résolution définitive du conflit". Il a cependant souligné deux "risques" : d’abord, "que l’Etat français continue à refuser son implication directe", ensuite que tant Paris comme Madrid "poursuivent leur politique de répression": interpellations, procédures judiciaires, dispersion et éloignement des prisonniers, interdiction des partis politiques et d’associations. Jean-François Lefort s’est adressé à l’Etat français pour qu’il "s’engage dans le processus de résolution démocratique du conflit basque". "Dans la mesure où il n’y a qu’un seul conflit et que la France en fait partie, elle doit participer aussi à sa résolution", a-t-il insisté, tout en précisant que même s’il n’y a qu’ "un seul processus" la solution pourra "être appliquée selon les différentes réalités" existantes d’un côté et de l’autre de la Bidassoa.
Les prisonniers sont réalistes
Lors d’une conférence de presse à Donostia, Juan Mari Olano, lui aussi porte-parole d’Askatasuna, a souhaité réagir à une information parue hier dans la presse espagnole selon laquelle l’ETA a demandé au Collectif des prisonniers politiques basques "d’être patients" car "leur sortie de prison n’aura lieu qu’à la fin du processus" ouvert par son cessez-le-feu.Les détenus "comprennent le moment que nous sommes en train de vivre", a assuré le porte-parole de l’association de défense des prisonniers basques. "Ils engagent toute leur énergie" pour qu’un "processus démocratique mène à la résolution politique du conflit" basque. Selon Askatasuna, les prisonniers basques "ne sont pas impatients", mais "réalistes", parce qu’ils "savent très bien que le processus sera long".
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