Gara: Latest news - Printed edition  |  Le Journal |  Documents
 
EUS | ES | FR | ENG
 » PRINTED EDITION
  - Index
  - Sujet à la une
- Basque Country
- Local
- Opinion
- Culture
- Sports
 » DOCUMENTS
 » Hemeroteka
Le JPB > Culture 2006-03-31
Rencontres sur les docks
Devoir à la mémoire
·La réalisatrice catalane Montse Armengou était à l’Atalante pour des Rencontres sur les docks autour de la guerre d’Espagne

Montse Armengou n’avait pas vraiment vocation à se retrousser les manches pour exhumer les vieilles rengaines de la guerre civile espagnole.La réalisatrice catalane, qui présentait mercredi soir à l’Atalante trois documentaires sur le sujet dans le cadre des Rencontres sur les docks, avait certes déjà un intérêt pour la République espagnole et un goût pour l’Histoire qu’elle avait étudiée avant le journalisme.Pour le reste, les sujets qu’elle pouvait proposer sur ce thème à la télévision publique catalane restaient immuablement relégués aux calendes ibères, assimilés aux radotages d’anciens combattants.Jusqu’à l’année 2000 et un petit reportage routinier sur le traitement du franquisme dans les médias occidentaux.Un "30 minutes" qui a suffi à plonger Montse Armengou dans un abîme d’incrédulité.

Comme ces jeunes qui aujourd’hui exhument les fosses communes de la guerre, Montse n’est pas une victime du franquisme, ni de la République, et sa famille ne compte pas de membres parmi les tués ou les disparus."Mais je suis une victime du silence.Je suis une victime des livres d’histoire" dit-elle avec une douceur résolue.L’histoire qu’elle a étudiée n’est pas celle qu’elle a découverte en mettant le doigt dans cet engrenage presque par hasard, lorsqu’elle s’est aperçue qu’il n’y avait pas trace des enfants dans les prisons du franquisme.Et pour cause...

Dans le documentaire Les enfants perdus, Montse Armengou raconte ces femmes de la République espagnole, qui accouchaient en prison et étaient exécutées deux heures après.Les enfants étaient ensuite élevés par le régime du Caudillo dans les principes de la Phalange, de l’Église complice et de la "haine du rouge".Pourtant, "quand on parle des enfants volés, la référence en Espagne, ce sont les enfants des opposants argentins" raconte Montse Armengou.Un paradoxe qui n’est pas le seul pour un peuple meurtri qui n’a jamais balayé devant sa porte.

L’histoire de la guerre d’Espagne reste méconnue et la journaliste catalane s’est lancée dans l’investigation tous azimuts, "sans bien savoir où [elle] arriverait"."Moi, je n’ai rien trouvé" dit-elle, car "tout existait".Comme "un puzzle dont on a toutes les pièces mais dont on ne sait quelle image sortira au final".

Il faut dire que, selon la réalisatrice, "le régime franquiste était chaotique".Pas d’archivage rigoureux comme sous le régime nazi."Tout ce qui allait contre les Républicains était jugé conforme" explique Montse Armengou pour justifier cette absence d’écrit.Certaines archives se sont abîmées dans le temps, d’autres ont aussi été détruites, comme celles de la phalange, à Barcelone, sur ordre du ministre de l’intérieur à la mort de Franco.

Montse compare son travail de recherche à la "découverte des charniers". "On sait où ils sont, mais quand on creuse, ce qui en sort, c’est l’histoire de ces personnes avant qu’elles ne soient victimes.C’est le symbole de leurs vies".Montse Armengou en a fait un autre film, Les fossés du silence. Un silence coupable qu’elle brise dans une volonté salutaire.Pour l’histoire.Pour la mémoire.Et pour les jugements du présent qui doivent à la mémoire.

"Les associations de victimes de l’ETA proches du Partido Popular disent qu’il faut respecter les victimes, mais personne ne parle jamais des victimes du franquisme" s’étonne encore Montse Armengou.De même la réalisatrice du Convoi des 927, l’histoire du premier train chargé de réfugiés pour Mathausen, raconte que les images des camps de Bosnie ont suscité l’émoi, en Espagne, et le slogan ŒJamais plus le Nazisme’.Nul n’a pu faire référence aux déportés espagnols.De même, l’indignation suscitée par les mensonges du gouvernement Aznar, au lendemain des attentats d’Atocha du 11 mars 2004 a bien créé une "réaction de maturité démocratique" se souvient Montse Armengou et même une conscience diffuse d’un retour aux heures sombres du franquisme."Mais personne n’a écrit "Otro Badajoz no !’" La foule ne savait pas qu’en 1937, après le massacre de 3000 Républicains dans les arènes de Badajoz, les franquistes ont emprisonné les journalistes étrangers présents pour faire pression sur leurs rédactions et réécrire l’histoire. Avec succès.Dans les journaux d’Amérique du nord, notamment, ce sont les Républicains qui sont devenus bourreaux.

Connaître le passé pour en tirer les enseignements au présent. C’est un peu le combat de ce bout de femme de 42 ans, qui reconnaît des sympathies pour la "République démocratiquement élue" et soulève la chape de plomb de l’histoire comme pour expier le mal. Sans hargne quand elle évoque, à Bayonne, les camps de concentration qui ont accueilli de ce côté de la frontière les réfugiés que l’on nommait alors "indésirables" en cousant un triangle bleu sur leur vareuse."Pour moi, le problème, ce n’est pas que des réfugiés soient morts dans les camps de concentration.Le problème, c’est qu’ils n’ont pas eu le statut de réfugiés.

De ses trois documentaires (Les fosses du silence sera projeté demain à 14h à l’Atalante), Montse Armengou s’apprête à publier un livre, en mesurant l’utilité de sa démarche chez son éditrice, historienne qui a étudié la guerre d’Espagne et ne connaissait pas cette histoire.C’est le salaire de Montse Armengou, qui commence à toucher des arriérés : "à Barcelone, durant les manifestations contre la guerre d’Irak, pour la première fois, les gens ont comparé le bombardement de Bagdad à celui qui a détruit la capitale de la catalogne sous le feu des avions italiens."


 
Print
...More news
Pays Basque
Batasuna accuse l’État espagnol d’appliquer une politique d’extorsion
Pays Basque
La CFDT et le SAF contre "l’intrusion"du Parquet
Pays Basque
Le lehendakari Ibarretxe ouvre la série de contacts avec les partis politiques
Pays Basque
50 ans d’histoire à travers trois projections
Culture
Silence allègre pour suivre Mozart
Culture
Devoir à la mémoire
Sports
Sereins mais vigilants
Sujet à la une
La Sogreah à la recherche de nouveaux sites d´enfouissement
  © 2006 Baigura | Contact | About us | Advertise