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Le JPB > L'opinion > Tribune Libre 2006-03-31
Fernando Iraeta / Directeur de la Fondation Manu Robles-Arangiz
Unir nos forces

Un grand nombre d'acteurs politiques et syndicaux du Pays Basque ont lancé un appel commun en faveur d'une solution démocratique. Des représentants des partis Batasuna, EA, AB, Zutik et EAE-ANV et des syndicats ELA, LAB, EILAS, EHNE, ESK, ELB et Hiru ont affirmé au cours d'une conférence de presse commune que la priorité était "d'unir les forces en faveur d'une solution démocratique" et, en conséquence, appelé la société basque à prendre part à une manifestation nationale pour appuyer cet objectif.

Cet appel tombe à pic car toute solution vraiment démocratique est encore refusée au peuple basque. Il n'y a rien de plus insultant que de nier l'existence même d'un problème, d'un besoin ou d'un désaccord profond exprimés par un peuple, un collectif, une personne. Or, c'est bien ce qui nous arrive en Euskal Herri, où l'on va jusqu'à nier l'existence même du problème (des problèmes). Et pourtant ici, un certain nombre de droits de l'Homme ne sont pas respectés, de même que les droits civiques et politiques les plus fondamentaux, pas plus que nous ne bénéficions d'un cadre politique légitime.

L'appel à la manifestation coïncide dans le temps avec la déclaration de cessez-le-feu permanent faite il y a quelques jours par l'organisation ETA. Il s'agit là sans aucun doute de l'élément le plus important de la conjoncture politique actuelle car il va permettre, à notre sens, d'ouvrir des voies réellement nouvelles dans la société basque et sur le terrain politique. Dans les temps à venir, d'innombrables énergies, capacités de travail et de réflexion qui ont jusqu'à présent été absorbées ou neutralisées par le travail anti-répressif vont permettre d'ouvrir de nouvelles opportunités pour le mouvement social d'Euskal Herria.

Une phase d'accumulation des forces

Malgré toutes les difficultés prévisibles, et en sachant bien que les agressions de l'État ne manqueront pas, nous avons de bien meilleures conditions pour affronter l'avenir. Comme le disent les organisateurs de la manifestation, c'est aujourd'hui le temps de l'accumulation des forces. La Solution ne nous tombera pas du ciel. Les 2 États ne nous feront pas non plus cadeau de la Solution autour d'une table de discussions. Les temps qui viennent sont des temps de lutte, car les 2 États doivent à leur tour reconnaître, d'une manière ou d'une autre, le mépris, le déni de démocratie, le manque de respect, les insultes, la violence qu'ils ont fait subir durant tant d'années à notre peuple.

Le processus sera long, et la participation de la société y sera indispensable. Les 2 États peuvent penser que les problèmes ont disparu avec la fin de la lutte armée. Notre travail consiste au contraire à rendre encore plus visibles le conflit, les conflits, en rassemblant le maximum de forces et en créant l'enthousiasme nécessaire entre les gens. Nous avons beaucoup de travail mais nous savons vers où nous allons. Car nous, en fait, nous faisons confiance en la société basque, et c'est pourquoi nous voulons qu'elle prenne la parole.

Dans la même logique, il y a quelques jours, le directeur de Berria Martxelo Otamendi faisait référence à un éditorial du Financial Times, en en soulignant un extrait fort opportun : "il faudra de la maturité, de la part de toutes les parties bien sûr : mais plus encore de celle qui aura quelque chose, ou beaucoup, à perdre". Nous, par contre, avons tout à gagner.

Nous avons parcouru un long chemin : notre société a de plus en plus clairement exprimé les insuffisances qu'elle trouve au cadre politique actuel, en revendiquant le droit à décider de notre avenir. Aujourd'hui, nous devons construire les bases d'une nouvelle ère politique. Faisons de la manifestation du 1er avril le premier jalon de cette nouvelle ère.


 
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