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Le JPB > L'opinion > Tribune Libre 2005-07-15
Estanis ETXABURU / Etxerat, Association des Familles de Prisonniers Politiques Basques
A Mmes Houyvet et Le Vert

Mesdames les Juges,

Nous voudrions par la présente vous faire part de notre extrême préoccupation face à l’aggravation dramatique du choix du lieu de détention de nos proches ces derniers mois.

Pendant des années, vous nous avez expliqué, que la loi vous contraignez à incarcérer nos proches en région parisienne c’est-à-dire proche du palais de justice de Paris où leurs affaires étaient instruites.

Cette situation était pour nous source de difficultés financières, personnelles, professionnelles. Néanmoins, il semblait qu’un obstacle insurmontable s’opposait à leur incarcération proche de leur lieu de vie soit proche de notre domicile.

C’est donc avec d’autant plus de stupeur que nous avons constaté depuis quelques mois une modification de votre méthode de travail. Si cette modification avait consisté à rapprocher nos proches du Pays Basque nous nous en serions réjouis.

Néanmoins, force est de constater que ces derniers mois vous avez décidé de l’incarcération des détenus basques dans des maisons d’arrêt éloignées de votre tribunal mais également de plus en plus éloignées du Pays Basque.

Saint-Etienne, Dijon, Lille, Lyon, et cette liste n’est pas exhaustive.

Vous voudriez les éloigner au maximum de nous, de notre chaleur, de notre amour, vous n’agiriez pas autrement.

Vous comprendrez que nous nous sentons la cible de la modification de votre pratique professionnelle.

Nous sommes les premières victimes de vos choix. En incarcérant notre enfant à Dijon vous nous condamnez à effectuer des voyages de près de vingt heures pour une demi-heure de visite. Vous nous condamnez à débourser des sommes d’argent que nous n’avons pas pour maintenir un lien d’amour. Vous nous contraignez à prendre la route. Vous nous épuisez.

Aujourd’hui une jeune femme, compagne d’un détenu politique basque incarcéré en Espagne se bat entre la vie et la mort. Son seul crime, avoir aimé un homme pour lequel elle a été contrainte de prendre la route. Elle a eu un accident de la circulation sur la route qui la ramenait de Madrid au Pays Basque.

A ce jour, en France, aucun membre d’une famille n’a perdu la vie. Votre nouvelle politique est récente. Mais demain, qu’allez-vous nous répondre lorsqu’on vous annoncera que la mère, le père, la compagne, ou l’enfant d’un détenu dont vous avez la charge et que vous avez décidé d’incarcérer à l’autre bout de la France, au plus loin de sa famille, a perdu la vie ?

Nous n’avons commis aucun délit, aucun crime. Cet amour qui nous anime nous poussera toujours sur la route, même pour une demi-heure de visite. L’amour est plus fort que tout mais pas plus fort que la mort.

Par vos décisions prises certainement dans la précipitation vous prenez le risque réel voire certain d’apprendre demain que nous avons perdu la vie.

Il existe de nombreuses maisons d’arrêt dans le Grand Sud-Ouest.

Il est temps que cette hypocrisie cesse et que l’on nous reconnaisse comme à toute autre famille de détenu notre droit à mener une vie familiale dans des conditions dignes.

Demain nous prenons, je prends la route, nous espérons, j’espère que ce voyage parmi les centaines que nous accomplissons depuis des années ne fera pas la une des journaux.

Veuillez agréer, Mesdames les Juges, nos salutations distinguées.


 
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