Euro - Finale Espagne Allemagne : 1-0
L’Espagne, enfin championne, déchaîne la passion des foules
·Brillante depuis le début de l’Euro, la "Roja", soutenue par des millions d’Espagnols, a surclassé une sélection allemande empruntée
Tout le monde attendait de voir comment les Espagnols allaient gérer la pression d’une finale attendue depuis 24 ans, et d’un grand titre qui leur échappait depuis 44 ans. La vérité est que les hommes de Luis Aragones ne se sont pas posé de questions. Ils ont tout simplement surclassé une équipe allemande rendue empruntée et maladroite. La pression, ce sont même les Espagnols qui l’ont infligée à leurs adversaires. Les défenseurs allemands en particulier ont été sévèrement mis à l’amende : pressés au moment de relancer, pris de vitesse lors des offensives rouges, tout en décalage et à une touche de balle. Le but de Fernando Torres, qui déborde Lahm à la 33e minute, est symptomatique. Le score aurait pu être plus lourd si la "Roja" avait concrétisé quelques-unes des nombreuses occasions de la seconde période. Après le succès du bloc défensif grec il y a quatre ans, la Coupe Henri-Delaunay est revenue cette fois à la meilleure attaque du tournoi (12 buts au total) et à la formation la plus spectaculaire. Une grande part du mérite revient à l’entraîneur Aragones, qui a tenu bon en dépit des critiques incessantes, notamment quand il s'est passé de Raul, meilleur buteur de la "Seleccion". Il a fait confiance à ses jeunes artistes, Villa (meilleur buteur du tournoi avec 4 réalisations avant qu'une blessure ne le prive de la finale), Torres ou Silva, très prometteur à 22 ans. Xavi, pour sa part, a été élu meilleur joueur du tournoi. Mais de quoi sera fait l'avenir pour les Espagnols ? Aragones, 69 ans, l'alchimiste du deuxième titre international de la "Roja" (après l'Euro-1964), décrit comme "un père" par Torres, a dit bien avant le début du tournoi que ce serait son dernier tour de piste. La presse espagnole va sans doute essayer de le faire changer d'avis. S'il part quand même, c'est Vicente Del Bosque, ex-entraîneur du Real Madrid, qui est annoncé.
Les supporteurs de l’Espagne l’ont également emporté
Au pays des provinces autonomes, la ferveur patriotique a globalement battu son plein tout le week-end. A Madrid comme à Séville, Valladolid ou encore Valence, des écrans géants ont été montés sur les places ou dans les arènes sportives pour permettre aux supporteurs espagnols de suivre la finale. Seules exceptions - attendues -, les mairies de Barcelone en Catalogne et de Bilbao au Pays Basque n'ont pas accepté d'installer de tels dispositifs, reflet des réticences identitaires vis-à-vis du pouvoir central, selon le quotidien El Mundo. "Après les succès du basket-ball et du tennis (espagnols), il était nécessaire que le football entre une fois pour toutes dans cette nouvelle ère avec un grand titre pour déchaîner une marée de passions dans un pays qui a faim de signaux positifs dans lesquels ancrer son identité", commentait ce journal de droite en croisade contre les nationalismes régionaux qui divisent l'Espagne. Au coup de sifflet final, les manifestations d’une joie "Roja" ont effectivement retenti partout, y compris à Barcelone, Saint Sébastien et Bilbao. Au milieu des "Viva España" qui emplissaient les rues et les bars, il ne faisait pas bon être nationaliste basque ou catalan.
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