Du vendredi 27 au dimanche 29 juin, Euskal Herria Zuzenean s'est déroulé dans la plaine de Mendi, sur le champ prêté par Andde et Pantxika Üthürriague. Un hommage a été rendu aux Souletins pour leur accueil durant ces cinq dernières années (voir encadré). Portée par près de 800 bénévoles, l'organisation du festival a été une fois de plus exemplaire, que ce soit pour le montage, la gestion des déchets, la prévention ou l'enchaînement des concerts sur les deux scènes.
Mais la tendance à la baisse de la fréquentation s'est confirmée lors de cette treizième édition. Les organisateurs qui tablaient sur 15 000 festivaliers, comme en 2007, n'ont compté que 12000 visiteurs. Ce chiffre décevant est néanmoins contrebalancé par une participation active du public aux différentes animations et aux concerts d'une grande qualité.
Le Président Patxi Thicoïpe et son équipe souhaitent faire évoluer le festival, tant sur le lieu que sur le contenu et le mode de financement, mais en gardant son identité militante.
Des artistes engagés
L'absence d'une grosse tête d'affiche n'a pas empêché les festivaliers d'apprécier des artistes de renom comme le groupe de métal suédois Clawfinger, le chanteur Ruper Ordorika ou le mythique groupe de reggae Toots and the Maytals, qui a clôturé le festival en apothéose.La programmation plus éclectique que jamais a également mis sur les devants de la scène deux groupes de hip-hop. Vendredi soir, la jeune rappeuse Keny Arkana a enflammé la foule avec ses textes altermondialistes et révolutionnaires.
Elle a été relayée le lendemain par MAP (Ministère des affaires populaires), venu du Nord. Du rap musette, aux accents tziganes et orientaux, des textes appelant à l’insurrection pour un monde plus juste et une bonne dose d'ironie sont les ingrédients de ce savoureux mélange "berbèro-ch'ti". Des artistes engagés qui ont exprimé leur soutien envers les causes défendues par EHZ, comme le rapprochement des prisonniers politiques basques.
Côté électro, le groupe latino Ojos de Brujo Sound System a mis le feu sur la grande scène vendredi soir. Leurs influences viennent du flamenco, du funk, du son cubain, du tango et du ragga. Une alchimie inédite et très dansante qui a trouvé son public à la recherche de sensations nouvelles.
Un public participatif
Dès le matin et jusqu'en soirée, de nombreuses animations étaient proposées : ateliers de percussions et danses africaines, de graffiti, de pratiques écologiques et d'initiation à la langue basque. Les plus déjantés ont pu exprimer leur talent d'imitateur avec le concours Air group.Les festivaliers ont également été réceptifs au spectacle vivant et déambulatoire : théâtre d'improvisation avec Restons calme ou les Farces de l'ordre, danses et traditions basques revisitées par Naizena ez naiz, percussions et danses africaines endiablées avec Txikan, fanfare punk avec Orkestra.
Cet engouement pour les animations conforte les organisateurs dans leurs choix d'avenir. "Nous avons été très satisfaits de la participation du public durant ces trois jours et nous souhaitons répondre à ses attentes en matière d'animations de qualité", a déclaré Patxi Thicoïpe dimanche après-midi.
Evoluer sans perdre son âme
Constatant la baisse du nombre de festivaliers, il a réaffirmé la volonté de l'équipe d'EHZ de faire évoluer l'événement : "Depuis treize ans, nous sommes dans une même configuration, des concerts dans un grand champ coupé du monde... Ce format est aujourd'hui dépassé".L'association est en contact avec une dizaine de mairies dans les trois provinces pour organiser le prochain festival. "Jusqu'à présent, les gens venaient vers nous. Maintenant, c'est nous qui irons vers eux", a ajouté Patxi.
La remise en question concerne également le volet financier : "Le bilan des cinq dernières années est qu'aujourd'hui, nous n'arrivons plus à nous autofinancer. On est les seuls à fonctionner encore comme ça, tous les autres festivals font appel à des fonds publics ou privés".
Les organisateurs envisagent donc de développer des partenariats avec les collectivités, les institutions et les entreprises. Une orientation qui ne devrait pas, selon Patxi, modifier les fondamentaux d'EHZ : une organisation basée sur le bénévolat, la prévention, le respect de l'environnement et des cultures ; la défense et la promotion de la langue basque...
Lors de l'assemblée générale prévue le 4 octobre prochain à Hasparren, les bénévoles voteront les orientations futures de l'association. En dépit de la morosité ambiante qui frappe bon nombre de festivals et d'événements culturels, Euskal Herria Zuzenean n'a pas dit son dernier mot.