Depuis quelques années, le musicien et compositeur Pierre Estève travaille sur le label "Made In" : catalogue où l'approche musicale et sonore est basée sur la matière et les éléments. Deux titres sont déjà parus. Un troisième est en cours d'élaboration, "Stone", avec un travail sur la pierre et les lithophones.

C'est cette recherche qui a mené Pierre Estève vers diverses grottes dans lesquelles il a déjà fait une série d'enregistrements. Parmi celles-ci : les grottes d'Isturitz et Oxocelhaya.

Là, séduit par les qualités sonores des grottes et la variété des concrétions, il a surtout rencontré un projet artistique, et le désir d'ouvrir les grottes aux artistes, une dynamique, un désir de lier sciences et art...

C'est ainsi qu'est né un autre projet d'album, consacré cette fois uniquement aux concrétions des grottes d'Isturitz et Oxocelhaya.

Mais, au fil des rencontres avec Joëlle Darricau et Jean-Philippe Leremboure, est né un autre projet, dont une première concrétisation surgira au mois de juillet.

Visite musicale originale

Du 7 au 13 juillet, dans les grottes, cette création sonore et musicale fera l'objet d'une installation spatialisée. Il s'agira alors avec les moyens technologiques actuels de faire sonner la grotte comme elle sonne naturellement.

L'objectif de ce travail, dans l'idée de la médiation, est de montrer la grotte sous un autre angle... Durant une semaine au mois de juillet, la dernière visite de la journée, sera ainsi enrichie par les sons et les musiques de Pierre Estève.

Les guides mèneront comme à l'accoutumée le public à travers les salles faisant découvrir la richesse tant archéologique que géologique du lieu, mais s'ajouteront à cette déambulation les pièces musicales et les sons recréés de Pierre Estève.

Une part de technologie importante, car si les sons naturels enregistrés servent de base à la création, c'est dans son studio que Pierre Estève compose, et recrée.

En cela les grottes sont un lieu où les deux axes de travail de ce compositeur contemporain se rejoignent : les nouvelles technologies pour la captation des sons, la composition et la diffusion des ¦uvres dans la grotte d'une part, et d'autre part le travail de recherche qu'il fait depuis des années sur les éléments naturels. La musique et la création étant l'axe transversal qui guide le tout.

L'utilisation des nouvelles technologies n'a pas pour objectif de viser la performance mais d'aller vers la recherche des interactions naturelles, des matières, des sons ; recherche des sonorités "organiques et très premières", toujours issues de gestes naturels. La couche technologique de tout ce travail devant être transparente, invisible...

Importance de la création et de l'aventure technologique aussi, car Pierre Estève connaît l'importance de ce site comme lieu de regroupement et de rencontre des premiers hommes de la préhistoire. Et c'est dans cette logique de recherche, d'invention, de croisement des techniques qu'il veut aussi inscrire son travail.

En cela la création du mois de juillet est déjà un beau premier pas, mais avec l'Espace Culturel Isturitz Oxocelhaya, Pierre Estève a bien l'intention de ne pas s'arrêter là et a dans l'idée de continuer à travailler à une installation qui pourrait être plus pérenne et faisant appel encore à d'autres technologies. En cela, cette création pourrait bien être aussi un "état de travail". A suivre donc...