Du versant nord et du versant sud pour atteindre des sommets théâtraux
·La saison du Théâtre du Versant s’ouvre avec, en perspective, un troisième colloque très prometteur entre pays du nord et du sud
Qu’on se le dise, au Théâtre du Versant, à Biarritz, "y’a de la joie". Et pour un peu, on pourrait même fredonner un "bonjour les hirondelles" si on en avait le temps. La programmation (préférez le mot "réception d’artistes, d’amis") de la nouvelle saison de la compagnie laisse peu de répit aux intéressés. Le metteur en scène et directeur Gaël Rabbas le clame, appuyé par un sourire radieux ; "Cette année, nous aurons une bonne saison". Une "bonne saison", cela signifie d’abord une saison remplie, voire chargée. Et tant mieux si les organisateurs prennent la tâche avec le c¦ur à l’ouvrage. Tâche lourde s’il en est avec la mise en place d’un troisième colloque "chantier Sud-Nord" à la clef, en novembre, organisé en collaborations avec de nombreux partenaires de la scène culturelle locale : L’Orchestre Régional Côte Basque, le conservatoire Maurice Ravel, la Scène Nationale Bayonne Sud Aquitaine, ou encore la médiathèque biarrote et le Cinéma le Royal.
Déplacement de personnalités
80 personnes en provenance de toutes les institutions nationales et internationales concernées par les relations entre pays développés et pays en voie de développement. De "l’officiel" aussi, avec la présence de Philippe Castro, conseiller pour la diversité culturelle et chargé de la francophonie auprès du ministère de la Culture (on évoque, et invoque parfois aussi la venue de la ministre elle-même et de Rama Yade, secrétaire d’état chargée des droits de l’homme auprès de Bernard Kouchner). Si ce déplacement de "personnalités" démontre avec évidence l’attrait et l’intérêt de la manifestation, l’enjeu de celle-ci se trouve ailleurs, sur le terrain culturel. A l’heure où l’ADN devient le nouveau code d’entrée des pays "riches", le colloque semble montrer un tout autre chemin qui fait fi des conceptions spatiales. Versant sud, versant nord ? Pourquoi ne pas se retrouver au sommet ? Alors de l’invitation, il y en a à tout va. Konna-Anglet, c’est le voyage qu’effectuera le maire de cette ville malienne, Ibrahima Kampo, dans le cadre du Programme de soutien aux initiatives culturelles décentralisées de l’Union européenne. L’occasion pour les artistes et artisans de ce pays d’apporter leurs ¦uvres dans leurs bagages. Côté planches, c¦ur évidemment du travail du Théâtre du Versant, L’Arlequin Caraïbe (d’après l’¦uvre de Carlo Goldoni, Arlequin serviteur de deux maîtres), co-mis en scène par Gaël Rabas et le Vénézuélien Orlando Arocha sera l’occasion d’une participation de la Scène Nationale. Une des découvertes musicales résidera dans la performance de musiciens peuhls au Conservatoire Maurice Ravel. Un contact avec les élèves des classes de percussions, guitare et de musique traditionnelle est un autre temps fort de la programmation musicale. Mais la saison, pour le théâtre du Versant, ne s’arrête pas à ce mois de novembre, pourtant considéré comme son point d’orgue. Car la "maison" repose sur trois piliers qu’il convient d’ailleurs, selon Gaël Rabas, "de ne pas dissocier" : création, formation et diffusion. Roland Barthes, le promeneur de l’Adour, Quoi qu’on caquette ou encore la Veuve Joyeuse (avec la participation de l’Orchestre Régional de Bayonne) sont autant de pièces révélatrices d’un incessant fourmillement d’idées. "Mais n’y a pas d’un côté les génies qui pensent et les formateurs, pauvres "larbins", qui suivent le mouvement, s’emporte presque le metteur en scène, tout est intimement lié". La formation, justement qui concerne près de 800 élèves répartis par atelier et qui tend à se développer par de nouveaux partenariats.
Une large diffusion
Venezuela en septembre, Mali en octobre, Louisiane en décembre, Nigeria en mars... côté "diffusion", la saison 2007-2008 fait elle aussi belle figure. Un rayonnement international qui ne fait pas oublier aux comédiens d’où ils viennent : L’Aquitaine fait aussi partie de leur "carnet de voyage" (du 23 octobre au 27 novembre particulièrement). Et mes tapas, mon vin et ma poésie ? ça arrive. Comment passer à côté de ces "incontournables" rendez-vous, qui sont souvent l’occasion d’un "bon geste" comme ce vendredi 12 octobre où l’association Idy Ka Keneya recevra la recette d’une de ces soirées pour envoyer des médicaments contre la drépanocytose... Comme quoi avoir les pieds sur les planches et la main sur le c¦ur est loin d’être une posture théâtralisée.
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