L’organisation armée basque ETA "a reconstruit" ses capacités d’attaque depuis son cessez-le-feu annoncé en mars 2006, selon un rapport de l’office de coopération policière Europol diffusé mardi. "L’ETA a non seulement maintenu mais aussi reconstruit ses capacités de frapper par des attentats bien préparés, organisés et coordonnés contre des cibles de haut niveau", estime Europol dans son rapport annuel "sur la situation du terrorisme dans l’UE".

"Après son cessez-le-feu unilatéral de mars 2006, l’ETA a utilisé des Taldes Y [terme utilisé par la police pour appeler les groupes qui mènent la Kaleborroka ou lutte urbaine] pour réaliser un grand nombre d’attaques de faible intensité pour maintenir la pression sur le gouvernement espagnol", ajoute Europol.

L’office de police rappelle cependant qu’un attentat à la fourgonnette piégée dans un parking de l’aéroport de Madrid-Barajas a fait deux morts le 30 décembre 2006.

Le jour même de la publication de ce rapport, la presse espagnole affirmait que l’ETA disposait de deux commandos opérationnels au Pays Basque sud, lesquels seraient "prêts à perpétrer des attentats et recevront l’ordre d’agir dès lors que les responsables [de l’organisation armée] auront constaté que Batasuna ne pourra pas se présenter aux élections du 27 mai". Selon le quotidien conservateur ABC, qui évoque des "sources antiterroristes", le premier commando serait basé au Pays Basque et aurait été introduit dans la péninsule par le chef militaire présumé de l’ETA, Garikoitz Aspiazu. Le deuxième, toujours selon ABC, serait placé dans la province de Bizkaia. L’ETA disposerait également d’un "groupe" à Madrid chargé de réunir des informations sur d’éventuels objectifs.

Enfin, selon les quotidiens du groupe Vocento, l’ETA est en train de faire des essais avec un nouvel engin explosif fixé sur les véhicules. La police française aurait découvert le 16 mars dernier dans une forêt de la commune de Couzou, dans le Lot, une Peugeot 307 complètement brûlée. Toujours selon les quotidiens espagnols, la voiture présenterait un orifice sur la carrosserie qui fait penser aux enquêteurs que l’organisation armée utilise "un nouvel engin".

L’ETA a entrouvert dimanche une porte au dialogue en évoquant un "scénario sans violence", tout en réaffirmant son intention de ne pas abandonner la lutte armée dans "les conditions actuelles" de répression [lire notre édition d’hier].