Dans le cadre du "nouvel outil de coopération transfrontalière", qui a été signé le 1er mars dernier à Donostia entre l’Aquitaine et la Communauté Autonome (voir le journal du 2 mars), le conseil Economique et Social de la Région Aquitaine et celui de la Communauté Autonome du Pays Basque (CAPB) ont présenté à Bordeaux les conclusions d’un travail commun sur le tourisme.
Le protocole paraphé met en place une méthode d’action "pour faire face aux problèmes quotidiens des habitants", avec la divulgation de ce rapport, les deux institutions souhaitent voir la problématique du tourisme de proximité incluse dans ces discussions.
D’un côté, la communauté Autonome avec ses 2,1 millions d’habitants, de l’autre la région Aquitaine et ses 3 millions de résidents. Des deux côtés de la "frontière" un patrimoine remarquable très riche, des paysages divers, une offre culturelle variée... bref une attractivité touristique complète.
Méconnaissance de l’autre
Sur l’ensemble de ce territoire Aquitaine-Pays Basque, "on s’aperçoit que les Aquitains connaissent peu ou mal la Communauté Autonome et qu’il en est de même pour les Basques avec la région Aquitaine", explique Jean-Claude Guicheney, chargé de mission du conseil économique et social, qui ajoute que, "par ailleurs les autorités régionales des deux côtés ne se connaissent pas non plus". Pourtant ces populations proches représentent une clientèle potentielle intéressante pour les courts séjours, et "développer cette clientèle permettrait d’agrandir dans le temps la saison touristique", commente Jean-Claude Guicheney.
Au jour d’aujourd’hui, les clientèles aquitaines représentent pourtant déjà le premier marché français pour la Communauté Autonome du Pays Basque et génèrent quelque 7 millions d’excursionnistes chaque année. "Des visiteurs qui viennent surtout pour des achats ou pour faire la fête", concède Jean-Claude Guicheney. En Aquitaine, le marché espagnol pris dans son ensemble est, depuis quelques années, le plus dynamique des marchés étrangers pour le tourisme régional. Par contre, aucune donnée n’est connue concernant les déplacements transfrontaliers des seuls habitants de la Communauté Autonome. On se doute pourtant qu’ils sont de plus en plus nombreux, comme à l’occasion de la semaine sainte comme nous l’avons vu dernièrement.
Cet intérêt réciproque a bien été perçu par quelques opérateurs professionnels et institutionnels, qui ont déjà engagé des démarches de coopération. Celles-ci n’ont pas toujours rencontré la réussite attendue. Selon le CESR d’Aquitaine, ces "ratés" s’expliquent notamment "par la méconnaissance des bons interlocuteurs ou des modes opératoires propres à chacun des marchés". Jean-Claude Guicheney illustre cette méconnaissance par l’exemple suivant : "Pour le Pays Basque, l’Aquitaine est un marché qui concerne une clientèle individuelle et non une clientèle de groupe qui passe par des agences.
Cadre transfrontalier fragile
C’est une clientèle dont on connaît mal le mode opératoire pour rechercher l’info. Ainsi des opérateurs de la Communauté Autonome ont participé à des salons aquitains sans rencontrer le succès escompté car les individuels ne se déplacent pas sur ces salons." Dans le cadre d’une coopération et d’un échange d’informations, ce genre d’erreur aurait pu être évité. Un autre constat de la difficulté du cadre transfrontalier est celui de la fragilité relative des cadres de coopération existants, qui manquent de stabilité.
Forts de ces constats, les CESR d’Aquitaine et de la Communauté Autonome appellent donc à la constitution d’une véritable convention de coopération. Ce souhait vient opportunément de rencontrer un écho favorable avec la signature à Donostia de la convention de coopération élargie. Les propositions des socioprofessionnels devraient ainsi permettre d’alimenter ce nouveau cadre de coopération. Elles portent non seulement sur le tourisme de proximité et de courts séjours, "escapades urbaines", séjours "patrimoine & gastronomie", séjours "pleine nature",... mais également sur la valorisation commune d’une offre interrégionale vers les marchés plus lointains. Encore que, comme l’explique le chargé de mission du conseil économique et social : "dans ce cadre-là et pour prendre l’exemple de l’Oenotourisme, il est clair qu’on se heurte à des marchés concurrentiels. Il sera difficile qu’un viticulteur du Bordelais échange des informations sur sa clientèle avec un viticulteur de l’Alava".
"Nous avons proposé à la Communauté Autonome et à l’Aquitaine d’inscrire le tourisme dans le cadre de la convention, maintenant il appartient aux professionnels du tourisme de proposer des choses pour développer cette coopération touristique", conclut Jean-Claude Guicheney.
Les conseils Economiques et Sociaux d’Aquitaine et du Pays Basque montrent bien dans leur rapport la nécessité d’une collaboration transfrontalière pour le développement du tourisme sur l’ensemble du territoire Aquitaine-Pays Basque. Cependant il apparaît plus que jamais que la réussite de cette collaboration dépende maintenant de la réelle volonté des acteurs du tourisme à s’investir dans le projet, au risque dans le cas contraire que cette nouvelle initiative ne reste qu’un autre épisode symbolique de la construction européenne.