La Chambre d’Amour d’Anglet était autrefois un lieu mondain, dont les anciens se souviennent encore en évoquant une célèbre piscine où ne se rafraîchissait que l’étroite coterie fortunée des alentours de Biarritz. Ce n’est qu’après, et jusqu’à aujourd’hui, que le site devint le lieu de villégiature des familles. De cette histoire facétieuse, la mairie d’Anglet ne rejoue aujourd’hui que la première partition, dans l’élan impulsé par le maire Robert Villenave pour "tirer la Chambre d’Amour vers le haut". Alors que se célèbrent, cette année, les 70 ans de l’avènement du front populaire, un spectacle propose ce soir "l’évocation féerique de l’histoire balnéaire et mondaine de l’Anglet d’après-guerre", inspirée plus précisément d’un haut fait aristocratique, le bal de Chiberta du marquis de Cuevas en 1953. Par chance, les trouble-fête qui ont fini par envahir la piscine à la faveur des congés payés, sont conviés à ce spectacle pyrotechnique gratuitement. Pas de rancune. La pistoche qui jouxtait la salle des fêtes de la Chambre d’Amour a disparu. Mais pour la bâtisse, il est question de la restaurer, ou plutôt de la reconstruire dans un geste architectural fort qui n’est pas dépourvu d’intention pour exalter cette splendeur passée, et rappeler l’emblème dans les années trente de l’attrait de l’aristocratie pour les plages de la station. Voilà qu’Anglet se rêve en Biarritz et agrémente ce songe, comme dans la cité impériale, d’un feu d’artifice sophistiqué.

Après une première l’an passé, le spectacle prend cette année de l’ampleur avec plus d’un millier de bombes, des effets de lumières, et une quarantaine de kilos de son.Sur fond d’océan, lumières pyrotechniques et musiques symphoniques composeront quinze tableaux pour évoquer ce bal de milliardaires costumés qui nécessita deux années de préparation et rassembla 3000 invités du monde, le 1er septembre 1953, autour du lac de Chiberta.L’organisateur de cette fête mémorable, le marquis de Cuevas, aimait la danse, les fêtes mondaines, et une femme nommée Rockefeller qui lui donnait les moyens de ses extravagances. Soieries brodées, perruques poudrées, débauche de diamants et de bijoux précieux, rien ne manquait pour évoquer les sauteries du XVIIIe siècle, pas même les valets de pied qui portaient les torches. Nostalgique d’un temps où les aristos avaient la tête sur les épaules, le marquis voulait aussi rivaliser avec un certain Bestegui, organisateur du bal de Venise en 1951, et souhaitait faire de ce bal champêtre d’Anglet, l’événement du siècle. Pas question pour autant de danser ce soir jusqu’à l’aube sur la musique de Tchaïkovsky.Ce soir, le spectacle durera 35 minutes et sera reporté en cas de pluie, au lendemain.

Le bal de Chiberta

Ce soir. 22h45. Plage de Marinella.