Le Père Grech est un homme en colère. Les vacances qu’il est en train de passer au Pays Basque auprès des religieuses du Couvent des filles de Croix à Ustaritz ne parviennent pas à faire oublier les bombes du Proche-Orient. "Nous sommes catastrophés" déclare celui qui est secrétaire de la conférence épiscopale du Moyen-Orient, et celle de Jérusalem, ville où il réside depuis 1987. Il y est également en charge des 1200 religieuses et des pèlerinages. L’offensive militaire sur le Liban de l’Etat d’Israël le révolte. "Cette ampleur, ce n’est pas humain; 250 morts au Liban pour 2 soldats israéliens kidnappés?! Ils détruisent un pays". L’absence de proportionnalité et de réaction de la part de la Communauté internationale, tant de l’Europe que du Vatican, ne l’indigne pas moins. Rome "pourrait parler plus fortement, le Liban est le seul pays chrétien de la région! L’humanitaire c’est important mais il s’agit d’arrêter une guerre!". Et de suggérer que "si vous prenez une sanction économique pour un mois, vous aurez le cessez-le-feu". L’homme d’église fait référence aux Etats-Unis "unique pays qui peut parler à Israël" et qui subventionne nombre d’Etats de la région.Le cynisme avec lequel a été annoncé le délai d’une semaine d’offensive supplémentaire le révulse. Sans parler de l’Etat d’Israël qui exige l’application d’une résolution de l’ONU (la 1559 sur le désarmement des milices libanaises) quand "il y en a beaucoup qui ne sont pas appliquées" par lui. Pierre Grech souligne bien que "le grand problème d’Israël, c’est la sécurité, un problème réel, mais qui ne s’obtient pas à long terme à coups de canon".
Pourtant, il estime que le premier "kidnapping ou prisonnier, selon le point de vue, à Gaza était une magnifique occasion: "il faut libérer le soldat israélien bien sûr, mais aussi parler de la situation des 8000 prisonniers palestiniens".
Il constate quelque peu désabusé que l’on "tue facilement en Terre Sainte, on croit que c’est par la force qu’on aura la paix, des deux côtés". Gaza, où il a l’habitude de se rendre (quatre communautés religieuses chrétiennes y résident) est décrit comme une vaste prison. Misérable qui plus est. Des conditions de vie insupportables: "il faut 3h pour aller d’une ville à l’autre lorsque vous êtes Palestinien, comment vous faîtes quand vous avez un enfant gravement malade qui ne peut être soigné à Gaza ? et ce mur, il faut le voir ce mur!". Une situation asymétrique, même si toutes les violences sont dénoncées. Le père Grech plaide "pour une paix juste et durable". Il craint que les choses ne s’orientent vers la création d’un "Etat fantoche" palestinien. Créer un seul Etat pour les deux peuples? "C’était peut-être la meilleure solution".
Emission entretien sur Lapurdi Irratia
Une émission entretien avec le Père Grech sera diffusée aujourd’hui à 10h et à 17h sur Radio Lapurdi (96.8), et lundi 24 juillet à 21h. Le prêtre répond aux questions d’Anne-Marie Borde (Sud-Ouest), Béatrice Molle (Semaine du Pays Basque), Perrine Durandeau (France 3 EH), Iban Etxezaharreta (JPB), François Esponde (Courrier français) et Alexandre Aguerre (Lapurdi Irratia).