Danyel Waro met le maloya au bon tempo de la culture basque
·Le chanteur et percussionniste réunionnais retrouve Beñat Achiary dans le cadre d’Errobiko Festibala
Danyel Waro a goûté la bonne ombre des chênes d’Elizaldia, hier matin à Itxassou, pour la conférence spectacle qui évoquait la transmission, l’oralité, le signe, thème de cette onzième édition de Errobiko Festibala.Chanteur blanc à l’âme noir, chantre reconnu de la culture réunionnaise et du maloya, Danyel Waro se produira ce soir dans la salle Athari, pour sa deuxième visite au Pays Basque.Il y a presque trois ans, il avait rencontré son homologue de la culture basque, Beñat Achiary, également chef d’orchestre du festival d’Itxassou et dont les voix risquent de se croiser à nouveau sur scène.Prophète en son pays, le chanteur de l’océan indien est le porte-voix du maloya, genre musical mêlant la base rythmique des percussions africaines au son malgache et indien. Activiste du verbe, il en revendique haut la "bâtardise" et en poursuit le métissage aux influences reggae ou rap. De quoi interpeller Beñat Achiary dans ses recherches sonores puisées au plus profond de la culture basque pour en extraire le renouveau et y mêler d’autres traditions, comme les techniques de chant des Indiens navajos qui servent ses improvisations. Recherche, métissage, identité culturelle, la rencontre a déjà les bases de la connivence. Le maloya est aussi le chant des anciens esclaves, un chant affranchi autrefois interdit, chant boulouzé des peines et de l’amour qui selon la formule, célèbre la vie des simples et des justes dans une langue intime, qui tient au corps, au souffle, à sa sueur, à son regard, aux battements de son c¦ur. Les organisateurs promettent un moment somptueux. De fait, les militants culturels basques risquent de
retrouver dans celui qui fait battre le c¦ur d’une tradition, un écho à leurs
propres plantations.Ce fils de planteur a fait sienne la culture marron,
fréquenté la prison de Rennes pendant deux ans pour insoumission, et manie le
verbe comme une arme pour lutter contre la déculturation, arrêter l’hémorragie
de la tradition et colmater les brèches en baladant sa voix forte et son verbe
haut sur la planète.
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