Juliette et Pauline, deux femmes de tête en tête d’affiche
"Nouvelle" chanson française ? Juliette n’aimerait à coup sûr pas cette étiquette, elle qui fêtait l’an dernier ses 20 ans de carrière, débutée à l’ancienne, en cabarets. Elle côtoie pourtant souvent des jeunesses dans les nombreux festivals tamponnés de la susdite étiquette. Mais pour cette seconde journée des Océanique le partage d’affiche féminin a plus que l’avantage de mêler deux générations : celui de confronter deux inspirations très différentes. Juliette a été révélée au grand public il y a une petite dizaine d’années. Femme de scène qui en impose, tant par la force de son corps, que celle de sa voix, de son allant, de l’aisance avec laquelle elle manie l’humour et le drame, elle fait de ses prestations de véritables spectacles, avec une mise en scène qui se distingue cependant du music-hall. Car c’est un tour de chant, où elle interprète des textes et s’accompagne au piano. Et quel chant. Cataloguée "chanteuse à voix" parce qu’elle a du coffre, elle agace certains de ses puissants vibratos, laissant à penser une nostalgie criarde pour la Piaff, et pour tous les atours de cette époque-là. Mais pourquoi parle-t-elle de pavés alors que ça fait longtemps qu’on marche sur du bitume ? Il est vrai que Juliette fait dans le rétro. Elle aime ça. Et sans doute qu’elle force le trait, vu le visuel de son dernier album (photo de famille ovale en noir et blanc colorisée en rose). Est-ce par goût, par dérision, ou pour des raisons commerciales ? Toujours est-il que quand on l’a entendue chanter ne serait-ce que "Parole", de Brassens, dont elle donne une interprétation bouleversante, tout en minimalisme post-punk, on ne peut que désirer tenter l’aventure du concert.
De son côté, Pauline Croze joue le texte. Sa vocation née la guitare à la main dès l’âge de 14 ans, elle chante un texte, avant tout. Ses mélodies, arrangées sobrement, rehausse l’intimité d’une poésie inspirée. La douceur diaphane de sa voix, en cela bien en accord avec sa silhouette mutine, ne saurait faire oublier la férocité dont recèle toute authentique sensibilité.
Ces deux femmes de tête prennent une vedette bien méritée, qui ne saurait nous empêcher de découvrir le Garazi Philanthropik(e) Orkestra (jazz bricolo), Soupe Sound System (Spectacle hip-hop humoristique), Saint Pierre Prod (cinéma court métrage), les Souffleurs de rêve (théâtre amateur) et Burrunka (fanfare). Car c’est aussi le tout qui vaut le coup. D’où l’horaire unique : 18h.
Programme en page 21
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