Le Pays Basque perd de l’audiencesur France 3 et en gagne sur France 2
·Alors que France 3 Euskal Herri diminue son temps d’antenne, France 2 s’installe sur la côte
Dans les locaux de France 3 Euskal Herri, on a parfois "du mal à comprendre la logique de France télévision". Depuis le début juillet, une équipe de France 2 s’est installée au Pays Basque pour "suivre la population française se déplaçant sur la côte" pendant tout l’été. Une bonne nouvelle et un privilège qui ne concerne que trois sites de l’hexagone pour alimenter les journaux télévisés du 13h et du 20h. Mais alors que le président de France Télévision, Patrice de Carolis, prône "le patriotisme du groupe France Télévision", dans la rédaction bayonnaise, on s’interroge sur la politique du groupe. Comme chaque été désormais, le journal de France 3 Euskal Herri, qui affiche pourtant de jolis scores d’audience, est amputé de temps d’antenne. Le rendez-vous quotidien est passé de 7 minutes à 5 minutes pendant la saison estivale. Et certains journalistes basques ne "comprennent pas que Paris suive la population pendant que le journal local perd une occasion d’augmenter son audience". Au-delà de l’habituelle querelle de chapelle, entre presse "nationale" et "régionale", la belle entente patriotique voulue au sommet du groupe est ici malmenée. A France 3 Pays Basque, si le journaliste Allande Boutin se réjouit de la présence de ses confrères en se fendant d’un "bienvenu" et en souhaitant le "partage des infos", en revanche, il explique qu’il n’était pas au courant de leur présence. "Ce qui en dit long", commente-t-il. D’autres ont un langage moins châtié dans la même rédaction, pour évoquer un statut de "paillasson" et le manque de considération générale qui va avec.
Complémentarité
Pourtant, les journalistes de France 2 et de France 3 se réjouissent ensemble d’une "complémentarité" de leurs travaux, liée au fait qu’ils n’ont "pas les mêmes centres d’intérêt". "Les sujets qu’on propose sont différents de ceux traités ici" explique Julien Beaumont, rédacteur de l’équipe de France 2 installée jusqu’à fin août sur la Côte basque. "C’est un peu comme la presse régionale et la presse nationale dans les kiosques. Les gens peuvent lire les deux. On ne vise pas le même public et on peut être complémentaire" ajoute le journaliste. Par ailleurs, l’équipe parisienne, constituée de cinq personnes pour être "entièrement autonome" peut prendre le temps de réaliser des sujets "magazine". Jusqu’à deux jours pour faire un reportage, délai dont ne dispose pas toujours l’équipe de France 3 au Pays Basque. Par ailleurs, Julien Beaumont estime aussi que France 3 Euskal Herri "ne va pas traiter des sujets locaux qu’ils connaissent". Cette "complémentarité" prend donc son sens dans la déclinaison de reportages sur un spectacle de force basque à Bidart jeudi soir, ou le nettoyage de la grande plage de Biarritz hier matin, des sujets, il est vrai, écartés du décrochage local de France 3 au profit d’une actualité davantage politique, sociale ou économique. Au final, ce que le Pays Basque perd sur France 3 dans ce registre, il le retrouve sur France 2 avec des sujets "a priori fin de journal" et quelques poncifs sur les Basques au passage. Mais doté d’un véritable bureau mobile, comme c’est le cas également du côté de Saint-Raphaël et Narbonne, les journalistes de France 2 sont aussi "capables d’être très réactifs" à l’actualité, "dans un rayon de 100 km autour de Biarritz". Noyade à Hendaye ou découverte d’un missile à Arcachon, dans ces cas-là ce "meilleur maillage" mis en place par France 2 permet la rapidité et, assure Julien Beaumont, de fournir des images à l’ensemble des chaînes de France télévision.
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