Belle réussite. La première édition des Extravagances de Biarritz a fait le plein, de genres musicaux, d’ambiances et de publics. Beaucoup de jeunes bien sûr, mais aussi quelques familles avec enfants une jeune mère ayant des enfants de moins de 12 ans a néanmoins dû débourser les 30 euros pour chaque tête blonde... Et le prix relativement élevé n’a pas été dissuasif pour une participation populaire. Certains ont dû faire un choix cruel entre le vendredi et le samedi. Et à la différence d’autres concerts ou festivals, les teenagers étaient moins nombreux. Un autre effet du prix probablement. Assister à un concert avec plusieurs têtes d’affiche à ce prix demeure néanmoins plus abordable qu’un spectacle de Chantal Goya, qu’un récital à la Gare du Midi, ou que la place du concert de Gérald de Palmas aux Arènes de Bayonne jeudi.

Le passage de bonne heure vendredi du couple malien Amadou et Mariam qui écume les festivals hexagonaux, a permis de faire venir et fixer un public nombreux. Les organisateurs ont recensé 4000 entrées le premier soir, 5000 le second. Cela étant, la palme du groupe faisant s’élever les plus grosses quantités de poussière sous les pas des danseurs est revenue ex aequo à Goran Bregovic le vendredi et à Toy Dolls le samedi.

Le guitariste chanteur serbe, accompagné de son "orchestre pour enterrements et mariages", avec des instruments à vent, a déchaîné son public. Le répertoire de ces musiques enlevées et joyeuses, avec un condensé de Yougoslavie musicale (musiques traditionnelles d’Europe centrale avec influences orientales) a largement été diffusé par les films d’Emir Kusturica, et rapproprié par le public. Seul bémol, les ch¦urs féminins, à trois voix, rendus inaudibles par des instruments hégémoniques, et lorsque ces derniers s’apaisaient, c’était le public qui, ne dansant plus sur des rythmes "tzin-pa-tzoum", entamait des conversations bruyantes...

Après les appels à "l’amour et à la paix" du vendredi du couple malien, c’était un message plus politisé qui était lancé par l’Ivoirien en exil Tiken Jah Fakoly, dans un reggae tout aussi rythmé.

Musique de l’Est, java, reggae. La touche finale était nettement plus rock. Les jeunes de Luke ont servi le leur impeccablement, même s’ils ont à se coltiner l’étiquetage, lourd, de Noir Désirien. Ils n’ont en tout cas pas oublié de saluer "la patrie de Kortatu". La véritable surprise, ou révélation, pour les amateurs de rock, a été celle du trio new-yorkais de Blues Explosion. Pas vraiment connus dans nos contrées, leur minimalisme manifeste jusque dans la position scénique d’une petite batterie et de deux petits amplis guitare, tous resserrés au milieu de la scène contrastait et décuplait l’énergie dégagée. Quant aux Britanniques Toy Dolls, ils nous ont servi un happy punk efficace, et une mise en scène réglée. Le public chante, danse et pogote allégrement. Enchanté.

Une dernière remarque sur le déploiement important de moyens de sécurité. Une compagnie de CRS était garée, discrètement, à proximité. Et à la fin, c’est une alliance de police nationale, municipale et société privée de vigiles qui a vidé définitivement les lieux. Plus de peur que de mal. Tant mieux.

Iban ETXEZAHARRETA