Le phénomène du Botellon n’est pas nouveau. Il tend à se développer. Et risque de se généraliser à l’édition 2005 des fêtes de Bayonne. Botellon, un mot ibérique ("coup de bouteille"), pour désigner le phénomène d’achat d’alcools de toutes sortes, en gros, pour les consommer collectivement dans la rue, qui dans l’Etat espagnol s’est transformé même en "problème de société". La mairie de Madrid l’a ainsi formellement interdit, et les places de la ville où les jeunes s’adonnent au botellon sont désormais sous présence policière, ce qui n’est pas sans provoquer des incidents. Plus près de nous, c’est aux alentours de Bilbao que les jeunes, plutôt adolescents, descendent en masse par trains le samedi soir (en particulier à Elgoibar) avec leurs bouteilles mélangeant classiquement vin et cola, ou, plus explosif encore, des alcools forts, dans des quartiers périphériques, jusque tard dans la nuit.

Au Pays Basque nord, c’est à Bayonne que le botellon a pris une certaine ampleur ces dernières années. Lors de soirées étudiantes ou lycéennes en particulier. Ce qui avait suscité des réactions notamment de la mairie, et de l’association de parents d’élèves FCPE. Lors des fêtes de Bayonne l’an dernier, il n’était pas rare de voir dans les parkings périphériques, des groupes faisant la fête autour du coffre d’une voiture bien "ravitaillée". Sans parler d’adolescents ivres morts dès l’après-midi. Outre la logique propre à ce qui s’apparente à des pratiques de "défonce", une des clefs expliquant le phénomène est certainement d’ordre économique. Aller boire dans les cafés une bonne partie de la nuit suppose un budget relativement important. Et en ces périodes de baisses de pouvoir d’achat...

Et cette année? Le phénomène "classique" du botellon risque de se développer. Certains supermarchés de l’agglomération ont d’ores et déjà mis en place un rayon spécial "feria de Bayonne" avec notamment des bouteilles de vin rouge, cuvée spécial fêtes avec force étiquettes démonstratives.

Que va-t-il se passer à la fermeture des cafés à trois heures du matin? Chacun s’interroge. Les festayres vont rentrer gentiment chez eux ? Peu probable. Si la plupart des peñas, des locaux associatifs ferment le groupement des associations bayonnaises, réunissant une quarantaine d’entre elles appellent à baisser le rideau dès 2h du matin que vont faire les gens. Du côté des peñas on entrevoit de bonnes recettes pour les boîtes de nuit de Biarritz. Les mesures municipales interdisant la vente d’alcool aux peñas à partir de 3h du matin et leur fermeture définitive à 5h ont été plutôt fraîchement accueillies par elles. Certaines prédisant/redoutant un certain "chaos". Un point de vue partagé par des cercles plus larges, puisque Yves Ugalde évoque la fonction "d’oxygénation" de l’ouverture tardives des locaux associatifs (lire page 2). Alors, dès demain soir une suffocation à prévoir?

Sur des forums de discussions internet sur les fêtes de Bayonne, certains appellent déjà à amener des bouteilles pour les consommer dans la rue après trois heures du matin. Sûr qu’ils ne seront pas les seuls.