Le réchauffement planétaire touche les cours d'eau, dont la température s'élève d'année en année, une réalité qui fait souffrir les poissons qui y vivent, comme dans le cas des saumons du bassin de la Nivelle.

"Dans nos régions tempérées européennes, la température annuelle de l'eau a augmenté en moyenne de 1,5 à 2 degrés en 25 ans", souligne dans un entretien Philippe Gaudin, chercheur à l'Institut national de la recherche agronomique (INRA) de Saint-Pée-sur-Nivelle. Or "un poisson est un animal qui ne régule pas sa température, c'est-à-dire qu'il a la température du milieu dans lequel il évolue". Et "quand il fait très chaud, il va être en situation de stress", note-t-il.

Une augmentation moyenne annuelle de 2 degrés "est assez élevée, sachant qu'une espèce animale, surtout en milieu aquatique, a un optimum thermique (température idéale pour son activité, ndlr) situé parfois sur quelques degrés". Dans le cas du saumon, lorsque l'eau est trop chaude l'été au moment de sa remontée, il trouve des zones plus fraîches dans les rivières pour se réfugier avant de nager jusqu'aux frayères en amont. Les plus grands attendent en mer.

"Mais le résultat est qu'ils vont plus se fatiguer, qu'ils vont moins bien maturer leurs ¦ufs, qu'ils seront moins efficaces pour la reproduction, etc.", fait remarquer Philippe Gaudin.

Et en hiver, dans les rivières méridionales, il existe un grand nombre de sites où l'on atteint des températures pendant la reproduction qui dépassent le seuil où le saumon accepte de se reproduire : les femelles refusent de déposer leurs ¦ufs et, quand elles le font, ils sont devenus de mauvaise qualité.

La chaleur de l'eau a un autre effet traumatisant pour les poissons, souligne le chercheur : "Plus la température s'élève, moins l'eau peut contenir d'oxygène dissous", dont ils ont besoin pour respirer avec leurs branchies. "En été, les conditions sont par exemple souvent limites en oxygène dissous pour le saumon", reconnaît-il.

Le réchauffement de l'eau a pour les poissons "des effets sur le long terme: il ne meurt pas mais vit dans des conditions difficiles". Actuellement, "on est à des niveaux critiques, sérieux, un peu élevés, mais qui ne sont pas à un seuil grave. Mais on crée peu à peu des périodes où les poissons sont handicapés", ce qui influe sur la qualité de la reproduction.