Le Š mai, un mardi normal de printemps, nous fixâmes un rendez-vous à 7h30 au rond-point Kapito Harri d’Ustaritz afin d’éclaircir ce qui était alors un mystère pour nous: combien de voitures passaient-elles sur la départementale 918? Equipés de stylos, de papiers et de montres, nous nous postâmes sur le bord de la route et comptâmes. La règle était simple: de 7h30 à 9h30, on compte toutes les voitures personnelles (pas de taxi, de véhicule d’entreprise, de camion ou de bus) qui passent devant nous, dans les deux sens.

En deux heures, ce sont quelque 1 823 voitures personnelles qui sont passées dans le sens Ustaritz-Bayonne, et 1140 dans le sens inverse. Soit, respectivement 75 et 47 voitures toutes les 5 minutes, ou encore 2965 au total dans les deux sens.

- Et alors? - Et alors nous avons continué nos petits calculs: en imaginant que toutes les voitures comptées, venaient, ou allaient à Bayonne, et qu’il y a 14 kilomètres entre Ustaritz et Bayonne (d’après la carte Michelin), ce sont quelque 41510 kilomètres parcourus en deux heures sur ce tronçon. - Bon? et puis? - En sachant qu’une voiture, en moyenne (d’après l’ADEME), rejette 150 grammes de CO2 par kilomètre, ce sont 6226500 grammes de CO2, soit plus de 6 tonnes de ce gaz à effet de serre qui s’échappent dans la nature entre 7h30 et 9h30 entre Bayonne et Ustaritz (les gaz à effet de serre, en s’accumulant dans l’atmosphère, retiennent la chaleur émise par la terre, ce qui provoque un réchauffement climatique de notre planète qui n’est pas sans conséquence).

6 tonnes sur un tronçon de 14 kilomètres en deux heures... imaginez à l’échelle du BAB, du Pays Basque, de l’Europe, et du monde... Et puis il y a le retour: 6 nouvelles tonnes...

Enfin... continuons nos calculs. En imaginant qu’une voiture, en moyenne, consomme 7 litres de carburant aux 100km, en multipliant par 41510km on arrive à une consommation de 2905 litres. 2905 litres de pétrole brûlés en 2heures... Il faut savoir que le pétrole, en plus des gaz à effet de serre, ce sont des guerres (Irak, Koweït,...), des multinationales, des maladies pulmonaires et autres cancers, plus de 3000 kilomètres de transport pour arriver dans les pompes à essence... et que tout simplement, c’est une ressource finie (et même bientôt finie).

Il existe des alternatives à notre surconsommation d’énergie: il est possible d’utiliser les transports en commun, de faire du co-voiturage, d’utiliser le vélo... Il existe aussi plusieurs alternatives au carburant pétrole et aux conséquences que cela entraîne.

Après avoir lancé Ehka, le cola équitable du Pays Basque, l’association Alternatiba met en place le projet "Landare erregaiak". Au programme: utilisation de carburants végétaux (donc renouvelables) produits et consommés en Pays Basque à partir de graines de tournesol. L’Huile Végétale Pure (HVP) peut s’utiliser dans tous les moteurs Diesel (à condition d’effectuer quelques modifications). Le projet se décline en trois activités:

- Création d’un réseau d’utilisateurs

- Création d’un réseau de professionnels: garagistes, restaurateurs, paysans.

- Création d’une unité de production d’huile sous forme d’EURL

Pour plus de renseignements, Alternatiba organise le vendredi 12 août à Laborantxa Ganbara (Ainize Monjolose) une conférence avec Gérard Marty, secrétaire général de l’Institut français des Huiles végétales Pures. Cette structure alternative travaille à la reconnaissance de l’huile et de ses qualités. Car même si les bilans économiques, énergétiques, écologiques et humains sont extrêmement positifs, l’Etat français ne reconnaît toujours pas l’HVP comme bio-carburant, et est dans l’illégalité par rapport à la loi européenne. Copinage avec certaines entreprises TOTALitaires oblige...

Un autre monde est possible? Construisons-le.