Collectif d´economistes européens
Appel contre la spéculation
La finance déréglementée détruit les sociétés. Silencieusement, au quotidien, quand les actionnaires pressurent les entreprises, c’est-à-dire les salariés, pour en extraire davantage de rentabilité, au Nord comme au Sud. À grand spectacle et avec fracas dans les crises aiguës où se révèlent brutalement les invraisemblables excès de la cupidité spéculative et leur contrecoup sur l’activité et l’emploi. Chômage, précarisation, accroissement des inégalités : les salariés et les plus pauvres sont voués à faire les frais soit de la spéculation, soit des nuisances du krach qui s’ensuit. Depuis deux décennies, le cours de la finance mondiale n’est qu’une longue suite de crises globales. Pourquoi une telle répétition ? Parce que toutes les entraves à la circulation des capitaux et à "l’innovation" financière ont été abolies. Quant aux banques centrales, qui ont laissé enfler la bulle, elles n’ont plus d’autre choix que de se précipiter au secours des banques et des fonds spéculatifs en mal de liquidités. (...) Y mettre un terme suppose d’intervenir au c¦ur du "jeu", c’est-à-dire d’en transformer radicalement les structures. Or, au sein de l’Union européenne, toute transformation se heurte à l’invraisemblable protection que les traités ont cru bon d’accorder au capital financier. C’est pourquoi nous, citoyens européens, demandons l’abrogation de l’article 56 du traité de Lisbonne qui offre au capital financier les conditions de son emprise écrasante sur la société.
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