Martine BISAUTA / membre de la majorité municipale à Bayonne
Martine Bisauta :"j’ai fait un choix difficile, réfléchi, et je l´assume"
Après 30 ans de militantisme et une décennie passée dans l’opposition contre Jean Grenet, la Verte Martine Bisauta va intégrer la majorité du Conseil Municipal... dans l’équipe de Jean Grenet. Dans cet entretien, l’écologiste nous explique son envie de mettre les mains dans le cambouis et les projets de sa nouvelle équipe, dont elle cautionne l’intérêt environnemental.Quel sentiment tirez-vous de cette victoire en
compagnie de Jean Grenet, que vous avez rallié ? Je n’aime pas le mot "rallié". Il y a eu rassemblement parce qu’aujourd’hui, l’urgence écologique prime, et ce ne sont pas que des mots. Avant de faire mon choix, j’ai mené une réflexion collective avec tout le monde. Nous n’arrivions pas à trouver un accord avec le PS sur le fond. Alors que de l’autre côté, il y avait possibilité de mettre la main sur les dossiers, sans renier nos convictions. Il ne faut pas croire, cela a été un choix difficile, j’ai 30 ans de militantisme derrière moi. Mais à un moment, j’ai eu envie de quitter le ministère de la parole pour apporter ma modeste contribution. L’environnement, ce n’est pas neutre dans la vie des gens. Et si je suis en désaccord avec la majorité, nous sommes prêts à en tirer les conséquences. Mais ma spécificité a été bien comprise. Au vu des réactions, je pense que le message a été bien compris.
Lorsque vous avez vu la liste de gauche réaliser près de 39% au second tour, à moins de 10 points de l’équipe Grenet, vous n’avez pas regretté votre choix ?
Non. C’est au premier tour que les électeurs ont choisi. Le second tour, c’est un peu différent. Mais je me suis présentée avec Bernard Causse avec un projet dans cette équipe.Il faut assumer. Et je rappelle que dans une liste de gauche, nos idées n’avaient pas la place qu’elles auraient dû avoir selon nous. Ce n’est pas un clash entre Martine Bisauta et les socialistes de Bayonne, c’est un clash d’idées entre les Verts et le Parti socialiste. Le problème est collectif. Cherchez les Verts dans ces élections, et dites-moi où ils étaient à Bayonne. Alors non je ne regrette pas, on ne va pas refaire l’histoire de toute façon.
Parlons des dossiers alors. Le chantier numéro un annoncé par Jean Grenet, c’est la refonte du déplacement en ville et sur l’agglomération. Vous êtes sur le dossier ?
Oui. Ce sera un dossier communautaire, parce qu’on ne peut pas penser à un projet d’une telle ampleur à l’échelle d’une seule ville. C’est le plus lourd du programme, celui qui va prendre le plus de temps. Nous voulons carrément le monter à l’échelle des 25 communes du SCOT (Schéma de Cohérence Territoriale). Nous voulons favoriser les déplacements en sites propres, avec des gares intermodales. Nous travaillons le dossier covoiturage, nous travaillons sur l’autopartage, les déplacements doux. Il y a de nombreuses pistes, et le chantier est colossal, d’autant qu’il ne s’agit pas d’amener tout le monde à la gare de Bayonne et de laisser les gens se débrouiller après. C’est tout un réseau complet et précis à repenser et reconstruire. Si on réussit cela, je ne serai pas venue pour rien.
Pendant dix ans, vous vous êtes battue contre la construction d’une Ligne à Grande Vitesse.Mais Jean Grenet s’est prononcé en sa faveur en conseil municipal. Votre position a-t-elle changé? Non, ma position n’a pas changé. Mais il faut
bien comprendre que c’est le Conseil régional qui porte ce projet, dont le
président Alain Rousset est socialiste. C’est un projet Etat-Région, financé par
l’Europe, l’Etat, la Région et éventuellement le Département. Les communes
traversées par ce projet de LGV peuvent émettre un avis, mais cela ne change
rien, elles n’ont pas la main. Jean Grenet n’a aucun pouvoir sur cette LGV. Mais mon avis n’a pas changé, celui de Bernard Causse non plus. Je pense qu’il y aura de gros problèmes avec cette ligne, y compris en termes de financement. Je rappelle que lorsque nous avions donné notre avis en Conseil Municipal, il n’y avait que les Verts, Baiona Berria et la LCR qui s’étaient prononcés contre. Ceux qui étaient pour, c’était la majorité et le PS.
Y a-t-il d’autres projets que vous comptez mettre en avant par votre sensibilité écologiste ? Il y en a énormément. Quand la future cuisine
centrale intègre de l’alimentation bio, qui vient des circuits courts pour
favoriser l’agriculture basque, vous pensez bien que les Verts n’y sont pas pour
rien.Nous voulons aussi mettre en place un plan santé-municipal, afin de
développer la prévention des problèmes de santé, notamment dans les milieux
scolaires. Nous avons apporté également toute une réflexion sur la démocratie
citoyenne, avec les assemblées de quartier. Nous allons installer également un
pôle écologie, qui sera un point d’information afin de répondre aux questions en
la matière de tous les citoyens, pas uniquement les Bayonnais d’ailleurs. Il
ouvrira sûrement face à la mairie, sur l’ancien local de Banco de Bilbao. Nous
voulons travailler avec les entreprises pour qu’elles améliorent leurs
performances environnementales. Il y a plein d’idées, encore en gestation !
Vous n’êtes donc pas la "caution" écologique de Jean Grenet ?
Nous avons bâti un programme ensemble. Sur chaque page de ce programme, il y a un encadré Vert. J’ai participé à toutes les réunions. Cela aura même des implications dans les appels d’offres, qui intégreront des clauses environnementales et sociales, que les entreprises devront remplir pour obtenir les marchés. Cela peut être, par exemple, faire travailler la population en difficulté.
Y a-t-il un poste d’adjoint à l’environnement prévu dans le futur conseil municipal ?
Il y en aura même deux, même s’ils n’auront pas ce nom-là. Un poste sera lié à l’environnement stricto sensu, par exemple pour la question de l’eau. L’autre sera plutôt axé sur le développement durable. Ce sera un poste transversal, puisque le principe du développement durable est justement de tenir compte à la fois des critères économiques, écologiques et sociaux, pour ne pas construire à tort et à travers. C’est ce poste-là que j’occuperai. C’est même pour cela que je suis venue. Si c’est cela être une caution, alors c’est une bonne caution !
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