Filipe Bidart, mis en liberté le 14 février 2007 après 19 ans de réclusion, risque de voir sa situation de liberté conditionnelle encore plus restreinte. Le juge d’application des peines de Paris Bernard Lugan a convoqué le 21 février prochain le militant baigorriar pour décider s’il lui impose ou non des mesures plus restrictives concernant sa liberté conditionnelle.
La décision relève d’une demande du procureur de Paris à la suite de la manifestation organisée le 22 décembre par l’association Askatasuna devant la prison d’Agen en soutien du militant bankar Mizel Barnetche et de la Senpertar Saroia Galarraga, incarcérés sur place. Filipe Bidart s’était déplacé pour l’occasion, montrant, conformément à ce qu’il avait déclaré à sa sortie de prison, son attachement à la libération des prisonniers basques.
Du coup, le procureur demande que le juge d’application des peines augmente les mesures de la libération conditionnelle du Baigorriar. Il souhaite en premier lieu que Filipe Bidart ne puisse avoir de relations "avec toute personne militant pour le séparatisme ou soutenant des détenus condamnés ou mis en examen pour des actes terroristes".
Deuxièmement, le procureur exige l’interdiction de "paraître devant tout établissement pénitentiaire". Et, enfin, le représentant de la République demande qu’il s’abstienne de "diffuser toute ¦uvre écrite ou audiovisuelle dont le sujet porterait sur des infractions commises".
Pour le Comité anti-répression (CAR), pour le comité Filipe-Aska, ainsi que pour l’association Askatasuna, il s’agit de mesures liberticides face auxquelles il faut se mobiliser.L’avocat du militant baigorriar, Filipe Aramendi, a dénoncé cette "attaque aux droits fondamentaux protégés par la Convention européenne des Droits de l’Homme", tels que le droit à la liberté d’expression, le droit de manifester ses convictions politiques où encore le droit de réunion. La Cour des Droits de l’homme affirme que ces droits ne peuvent être ignorés que "dans des conditions exceptionnelles qui ne sont pas réunies dans ce cas concret", a rappelé l’avocat.
Filipe Aramendi a dénoncé que son client est passé d’être un DPS, un Détenu Particulièrement Surveillé, à être un LPS, un Libéré Particulièrement Surveillé. L’avocat a également rappelé que lors des audiences concernant les demandes de mise en liberté, Filipe Bidart a dû se défendre par vidéo-conférence; maintenant il doit comparaître directement devant le juge.
À Béziers
Filipe Bidart, qui a obtenu sa liberté conditionnelle le 1er février 2007, habite depuis sa sortie de prison à Béziers, où il a monté son projet professionnel: un emploi d’animateur social en CDI au centre d’accueil pour demandeurs d’asile que la Cimade possède dans cette ville de l’Hérault.
Plusieurs départements lui sont interdits, dont les Pyrénées-Atlantiques, et pour quitter Béziers, il faut qu’il demande la permission au juge d’application des peines. Ces mesures devaient être révisées sept ans après leur mise en vigueur.
L’éventuel durcissement des conditions ne devrait pas être confirmé le 21 février, et dans le cas où une décision dans ce sens tomberait, les avocats de Bidart pourraient faire appel.