Il se réunit deux fois par an. Les secrétaires départementaux (DOM et TOM compris), les responsables de fédérations du syndicat Force Ouvrière ont tenu jeudi et vendredi à Biarritz leur Comité confédéral national, instance qui, entre deux congrès, débat et fait les ajustements nécessaires. Le débat s’est surtout focalisé autour de la signature par FO, avec d’autres confédérations à l’exception de la CGT, et le Medef de l’accord sur "la modernisation du marché de travail". ça a un peu toussé de l’aveu d’un responsable syndical du Pays Basque. Mais le pire n’est jamais sûr.

Il est en tout cas à venir, si l’on en croit le secrétaire général Jean-Claude Mailly. En marge des travaux du CCN, le patron de FO craint que le gouvernement ne mette les bouchées doubles dans sa politique de "réformes" entre le mois de mars et le 1er juillet.

Cette offensive de printemps ou "fenêtre de tir" selon les propres mots du chef de FO, se situe entre les élections municipales et la présidence par la France au 1er juillet de l’Union européenne. Ainsi, Jean-Claude Mailly pense que pour donner des gages aux partenaires européens, la France, malgré ses déficits, tentera d’apparaître comme un bon élève par "une accélération des contre-réformes". Un scénario qui puiserait ses ressorts dramatiques dans la réforme des retraites.

"Le dossier des retraites est particulièrement anxiogène" déclare le secrétaire général de FO, qui a eu l’occasion de faire part de ses analyses au chef de l’Etat. Ajouté au fait que "par la multiplication des réformes engagées, on assiste à un embouteillage, à une thrombose sociale; les gens n’y comprennent plus rien; il y a une grogne qui existe et qui est en train de monter" notamment sur la question du pouvoir d’achat. "Quand le mécontentement s’accumule, il y a toujours un effet boomerang."

Le dirigeant syndical estime que, à l’image de la grève dans la grande distribution le 1er février, "ça relève la tête". Sans préjuger des décisions du CCN, "on sent bien qu’on va y aller". Où ça? A un mouvement social d’ampleur. Ou du moins à "une résistance syndicale" forte à un nouvel allongement de la période de cotisations de retraite. "Nous voulons bloquer le compteur à 40 ans car toutes les pistes de financements n’ont pas été explorées". En particulier "celle d’une taxe sur les profits qui sont distribués et non réinvestis". Et de mentionner ceux qui viennent d’être rendus publics par les sociétés du CAC40, ou de comparer un prélèvement sur les profits avec les 5 milliards d’euros perdus par la Société générale "dont on dit finalement qu’ils ne sont pas si graves...".

D’autres sujets de mécontentement ont été abordés, dont le projet de "bouclier sanitaire" "qui a, tant mieux, du plomb dans l’aile" qui consisterait à fixer le montant de la franchise médicale au prorata du revenu fiscal. Le meilleur moyen, selon J.-C. Mailly, pour que les ménages se tournent vers l’assurance privée.