Les Springboks vers le sacre
·Malgré leurs performances, les Springboks se méfient du XV de la Rose "complètement retrouvé"
L’Afrique du Sud avance d’un air assuré, presque inéluctable, vers un deuxième titre mondial, s’appuyant sur un triptyque préparation-exécution-confiance qui a éc¦uré l’Argentine (37-13) et doit faire réfléchir l’Angleterre qu’elle a battue 36-0 il y a un mois. Les Sud-Africains avaient placé la présence en finale comme "premier" objectif, ils y sont. Ils ont clamé qu’aucune "suffisance" ne viendrait vicier leur demi-finale : elle fut sérieuse de bout en bout. Ils avaient annoncé un plan pour contrer les contreurs Argentins. Il a marché à merveille. Et qu'est-ce qui leur fait le plus plaisir ? Pas de n’avoir "jamais vraiment eu le sentiment qu’on pouvait perdre" contre l’Argentine qui en a piégé tant, notait l’entraîneur adjoint en charge des trois-quarts, Allister Coetzee. Mais de "savoir qu’on est en finale et qu’on est loin d’avoir joué notre meilleur rugby", commentait l’entraîneur Jake White. "Plus ou moins, tout a marché selon nos plans", avouait Coetzee. Sous les coups de pied argentins, par un soutien fort ou des balles vite écartées, "certaines situations ont été l’exacte réplique de nos séances de la semaine dernière". Suffisance ? Non, conscience des devoirs bien faits à la maison. "On savait que si au moins on stoppait leurs mauls et pick and go, et si on s’organisait bien sous leurs coups de pied, les Pumas n’auraient plus d’options. Et quand ils ont été forcés d’élargir, nos joueurs ont lu les passes" : interceptions, récupérations, essais.
La pression ne doit pas s’installer
Bryan Habana (2 essais), record de Lomu égalé (8 essais en 1999), a été de ceux festoyant sur les balles argentines perdues, sur ces phases de jeu non structurées d’où les Boks savaient que viendrait la décision. De là, et du gros pressing défensif vint l’obligation pour les Pumas de forcer leur jeu. Avec délice, les Springboks avaient commenté les nerfs fragiles en quarts de finale de leurs cousins du Sud éliminés, Australie et Nouvelle-Zélande. "Avec une bonne préparation et exécution, la pression ne doit pas s’installer", sermonnaient-ils. Et si jamais elle s’immisce, les joueurs-clefs doivent prendre les clefs. Ce que firent les Smit et autres Matfield, en quarts, lors de dix minutes de frisson face aux Fidji (37-20).
C’est là le hic de la finale, assure à présent le camp Springbok : l’Angleterre regorge de joueurs qui "y ont déjà été, ont fait le boulot, ont gagné une finale de Mondial à l’étranger", rappelle White. Et l'entraîneur d’énumérer les vétérans du sacre 2003, de Robinson à Vickery, de Kay à Wilkinson.
Ah, Wilkinson ! Toute la différence entre le 36-0 du 14 septembre (Poule A) et l’Angleterre métamorphosée du 20 octobre, répètent à l’envi les Sud-Africains. "Je l’avais dit aux joueurs après la victoire : ce n’était pas l’Angleterre. Et on voit la différence aujourd’hui avec un N.10 retrouvé". Les Boks essaient très fort de présenter le XV de la Rose comme "favori". Mais eux qui n’aiment rien moins que l’imprévu -comme la France, parfois, leur en propose- doivent sentir que l’Angleterre ne posera pas de problèmes qu’une solide préparation ne saurait résoudre. Et s’il faut de la confiance, pour rassurer un groupe où seuls Du Randt (1995) et Montgomery (1999) disputèrent une demi-finale, White avoue qu’il se servira non pas du 36-0, ou des 55-22 et 58-10 de mai-juin contre une Angleterre mixte en tournée. Mais de la victoire de novembre 2006 à Twickenham (25-14), "très importante pour le disque dur de gagneur" de ses jeunes.
On oubliait. Si jamais la finale allait en prolongations, voire aux tirs au but (par cinq buteurs différents), les Springboks ont pensé à ça aussi. En Montgomery, Steyn, James, sur le banc Pienaar et Pretorius, "on a la chance d’être bien pourvus", dit White. Puisqu’on vous dit qu’ils ont tout prévu.
Angleterre : Cueto à la place de Lewsey
L’entraîneur du XV de l’Angleterre Brian Ashton a sans surprise effectué un seul changement dans l’équipe qui affrontera l'Afrique du Sud samedi, remplaçant poste pour poste l’ailier Josh Lewsey, blessé et forfait, par Mark Cueto. "Ce qui a fait la différence entre Cueto et Dan Hipkiss, c'est que Mark a déjà joué beaucoup de matches internationaux", a indiqué Brian Ashton.
Angleterre : Robinson - Sackey, Tait, Catt, Cueto - (o) Wilkinson, (m) Gomarsall - Moody, Easter, Corry - Kay, Shaw - Vickery (cap.), Regan, Sheridan
Remplaçants : Chuter, Stevens, Dallaglio, Worsley, Richards, Flood, Hipkiss
|
