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Le JPB > Culture 2007-10-18
L’Espagne sombre de Lorca et la pourriture noble de Venise
·La peintre Christiane Moncade expose à la Villa Beatrix Enea d’Anglet jusqu’au 10 novembre prochain

Christiane Moncade expose actuellement et jusqu’au 10 novembre prochain ses tableaux à la Villa Beatrix Enea d’Anglet. Cette exposition intitulée Introïbo Ad Altare... (Je monterai vers l'autel de Dieu) présente une trentaine d’¦uvres de l’artiste et se compose de deux séries de peintures, l’une consacrée à l’Espagne de Lorca du nom de Là où s’arrêtent les chemins, et l’autre dédiée à Venise, La part de l’ange.

Après s’être initiée au dessin à l’école du soir des beaux-arts de Bayonne, Christiane Moncade (1945) suit les cours du peintre naturaliste Guy Casama à partir de 1965 et ce jusqu’à la mort du peintre en 1972. Plus tard dans les années 80, en quête d’une technique figurative plus précise qui lui permette de traduire avec plus d’exactitude ce qu’elle souhaite exprimer, l’artiste s’intéresse à l’école de Pau ainsi qu’au peintre américain Andrew Wyeth, dont la grande maîtrise picturale va fortement l’influencer.

L’¦uvre de Christiane Moncade s’inscrit alors dans le courant de la figuration, de l’illustration réaliste. La maîtrise du dessin est parfaite chez elle, son trait est affûté, précis. La dominante marron et gris des tableaux leur confère une ambiance plutôt sombre, mais ici et là des couleurs viennent se perdre pour rompre cette atmosphère. Sans parvenir toutefois à la faire oublier, comme ce rouge sang puissant et plus sombre que tous les gris.

Technique mixte

L’artiste utilise "tout ce qui lui tombe sous la main". "On appelle ça de la technique mixte parce que j’utilise tout", dit Christiane Moncade. Cependant elle emploie majoritairement l’acrylique et les encres. De toute façon, "c’est le résultat" qui l’intéresse, et "peu importe la matière utilisée."

Pour cette nouvelle exposition, la peintre a souhaité montrer deux travaux, l’Espagne de Federico Garcia Lorca et Venise, toujours du côté glauque. Elle ne sait pas vraiment si elle "aime le glauque" mais c’est quelque chose qui la "touche profondément". "Est-ce qu’on aime pleurer ? En tout cas, ça fait du bien", compare l’artiste.

Christiane Moncade a commencé à découvrir Lorca par son théâtre puis, bouleversée, elle est entrée dans l’intimité du poète pour ne plus jamais s’en détacher. Pour montrer à quel point Lorca l’a marquée, elle raconte que "cette série qui devait se limiter à quatre ou cinq tableaux s’est développée jusqu’à atteindre aujourd’hui un nombre conséquent. Depuis quinze ans, j’en ajoute un ou deux par an et forcément à la fin, ça fait beaucoup". Bien sûr tout n’est pas exposé à la Villa Beatrix Enea, mais "tous ne le méritaient pas non plus" précise la peintre.

L’Espagne sombre, Venise glauque

Dans son ¦uvre, Lorca, proche du peuple, accuse l’hypocrisie et le poids écrasant de la religion, de la famille dans la société espagnole. Christiane Moncade fait de même, montrant de son trait expressif, de ses images, de ses détails l’imposture de cette Espagne s’avançant vers une guerre qui s’accompagnera de son cortège d’horreur et d’injustice. Ici un tableau sur la tauromachie, non ce n’est pas l’Espagne fière mais celle des sacrifices et de la cruauté. Là, un autre plus catholique pointe du doigt le poids pesant de cette église forte et restrictive. Et partout, la mort omniprésente, pour ne jamais perdre de vue le bout de ce chemin, où encore celle mystérieuse de Lorca.

Venise, Christiane Moncade y est venue plus tard, "à l’occasion d’un voyage voilà neuf ans". Elle décrit être "arrivée à Venise par avion, et au lieu de prendre le train pour rejoindre la ville", elle prit "un petit bateau". Et le temps de la longue traversée de la lagune, ce fut une révélation pour l’artiste, "le coup de foudre pour ce côté glauque, ces herbes folles. C’est vraiment extraordinaire, d’une tristesse, mais d’une tristesse. J’étais partie à Venise pour l’architecture, l’art, et j’ai été attirée par tout ce qui est dégradé, ce que j’appelle la pourriture noble."

Christiane Moncade s’inspire donc de ce qu’elle a vu mais aussi d’¦uvres comme le film Mort à Venise pour rendre sur tableau cette atmosphère morbide qui enveloppe la ville, mettre en lumière non pas la face prestigieuse et clinquante de la capitale des Doges ni celle qui séduit les amoureux, mais celle plus glauque qui raconte une histoire faite de grandeur et de décadence. Il ne manque plus que l’odeur parfois nauséabonde de cette "drôle" de lagune.


 
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