Lorsque les abertzale d’Euskal Herria Bai m’avaient demandé de porter leur message politique aux dernières législatives dans la 5e circonscription, en binôme avec Manex Pagola, j’avais accepté. Après courte réflexion et nulle hésitation. Avec grande joie et fierté non feinte. J’adhérais parfaitement au fond et à la forme de la candidature.

Au fond, parce que la revendication de la dimension nationale de notre pays et du droit pour ses habitant(e)s de décider de leur avenir, la défense d’un projet politique qui fonde sur son identité spécifique et sur la justice sociale, la quête d’un développement durable et l’exigence d’un arrêt immédiat des projets d’infrastructures de transports, la construction d’un modèle économique dont la priorité ne soit ni la compétitivité ni la loi du marchéŠ, idées-force d’EH Bai, sont aussi des leitmotivs qui peuplent, qui hantent mes utopies basques réalisables.

Je collais aussi à la forme. Je pense, en effet, que ces idées ne sont pas l’apanage d’une partie d’une fraction d’une branche d’une faction d’un parti politique ; mais le patrimoine d’un pan important de la population. Et qu’il est bon de les soutenir, de les vulgariser en coalisant les efforts de tous les partis qui, en la matière, ont davantage de convergences que de divergences. C’est ce qu’avaient décidé de réaliser AB, EA et Batasuna.

Je n’ai pas été déçu, tant s’en faut. La collaboration entre les partis coalisés et tous leurs candidats fut profonde, positive, très riche intellectuellement et active et j’ai surtout eu l’impression que le message avait été reçu par cette population neuf point cinq sur dix,

autant sur le fond que sur la forme. Presque 11 000 voix placèrent la coalition EH Bai à la tête de tous les petits partis dans les trois circonscriptions. Et ce, dans un contexte médiatique discriminatoire et asymétrique.

Si j’écris cet article maintenant ce n’est pas pour remercier les 2247 électeurs qui nous avaient choisis Manex et moi-même. Nous sommes à l’orée des élections cantonales et municipales de mars prochain et je souhaitais dire, librement et sans ingérence aucune de qui que ce soit, aux partis abertzale coalisés dans EH Bai qui peaufinent leur stratégie, qu’on ne change pas une idée qui gagne.

Les 11 000 voix de juin dernier sont 11 000 interpellations, 11 000 cris d’encouragement pour que les idées alors défendues le soient à nouveau par les abertzale coalisés dans EH Bai. Cette coalition est et fera notre force qui peut bousculer et faire basculer des idées reçues, des noms qui semblent indécrottables du panorama politique de notre pays. Je prétends même qu’elle peut changer des majorités et des présidences.

Cette configuration aura surtout le mérite de la clarté du message transmis et son corollaire sera un élargissement de l’influence des idées abertzale. Elle devrait avoir comme socle, comme fonds commun ce que la coalition a défendu aux législatives dans les trois volets, national, social et développement durable ; pour se décliner ensuite en fonction du type d’élection et du territoire en tenant compte de ses besoins spécifiques.

La coalition devrait être activement présente dans tous les cantons renouvelables et tous nos candidats seraient choisis en fonction de leur attachement à ce fonds commun politique et social. Il serait bon qu’elle le soit également, en son nom propre, dans toutes les communes et notamment dans celles où la proportionnalité peut nous permettre de les gérer.

Dans les cas de figure où la coalition n’arrive pas à composer des listes propres il serait politiquement correct, me semble-t-il, d’assembler des volontés surtout pas de droite, anticapitalistes, progressistes, respectueuses de la nature, soucieuses de démocratie participative et, en bas-relief, conscientes d’habiter un pays qui est basque. Plutôt que de nous attacher à d’autres essayons de nous attacher ceux qui partagent ces idées et notamment, bien sûr, bien sûr, dix fois bien sûr, ceux qui souhaitent que ce pays soit basque.

Bonne route!