La machine semble lancée. Plusieurs dizaines de producteurs de lait de vache sont déjà prêts à quitter leur laiterie respective pour rejoindre une nouvelle structure de collecte indépendante dont la création a été décidée samedi. Ils étaient 65 réunis à Irissarry suite à une proposition avancée il y a quelques semaines par ELB qui dénonçait le fait que les entreprises ne répercutent pas aux producteurs la hausse du prix du lait dont elles bénéficient.
"Nous voulons prendre notre production en main", a résumé Christian Harlouchet, éleveur à Ahaxe et responsable d’ELB. Si les producteurs avaient lancé cette idée, c’était aussi pour voir si les laiteries réagiraient en proposant des hausses de prix afin d’éviter de perdre des producteurs dans un marché où l’offre est insuffisante. "Il n’y a pas eu de réponse. Certains responsables de laiteries sont passés chez les producteurs pour dénoncer notre projet mais sur la question du prix, il n’y a aucune volonté d’aller au-delà de ce que l’interprofession française préconise", a expliqué Christian Harlouchet.
Le problème vient en effet du fait que les laiteries collectant du lait en Pays Basque nord vendent la majeure partie de la production à des entreprises d’outre-Bidassoa où le prix est bien supérieur. "Le prix fixé en France devrait augmenter de 58 euros par tonne de lait cette année pour atteindre un prix de base de 338 ¤/T. C’est bien loin des 450¤ qui sont déjà promis en Pays Basque sud", a fait remarquer l’éleveur garaztar.
Les contacts pris avec les producteurs de lait d’outre-Bidasoa ont aussi appris à ceux du nord que Nestlé faisaient signer des contrats aux producteurs galiciens et cantabriques assurant pour un an un prix de 580 ¤/T.
Avant la fin de l’année
"Le marché est donc très ouvert car il manque de lait en Europe et dans le monde. Notre future structure ne devrait pas avoir de mal à trouver des débouchés", affirme Christian Harlouchet en ajoutant que des discussions sont en cours avec l’entreprise basque Iparlat.
"Cette initiative n’est pas tournée contre les laiteries locales. Si elles proposent un prix correct, nous serons prêts à leur vendre du lait", a avancé le producteur d’Ahaxe.
Samedi, plus d’une trentaine de producteurs ont assuré qu’ils étaient prêts à s’engager dans le projet. S’ajoutent les 18 producteurs de lait de vache que compte la coopérative CLPB. Celle-ci pourrait d’ailleurs jouer un rôle clé dans cette affaire, voire devenir la structure de collecte. "Nous étudions tout cela, y compris d’autres formes juridiques", a indiqué Christian Harlouchet. En tout cas, les producteurs voudraient que leur v¦u se concrétise pour la fin de l’année. Une nouvelle réunion d’information va être organisée dans un mois pour faire état de l’avancement du dossier.
