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Le JPB > Pays Basque 2007-10-03
Achat associatif d´immeubles pour faire "du locatif durable"
·Cette nouvelle association va acquérir des immeubles pour "une location durable et solidaire au Pays Basque"

Comme un retour aux débuts du mouvement ouvrier ou à la Libération (avec les Castors) ou du syndicalisme agricole (avec le GFAM). Les personnes procèdent collectivement et concrètement à l’achat d’un bien pour le mettre à disposition de ceux qui en ont besoin. L’association Etxalde ("exploitation agricole" ou "domaine" en basque) entend réinventer cette sorte de sécurité sociale du logement. "C’est une démarche solidaire dont l’objectif est d’offrir un toit pour chacun de nous au Pays Basque" explique Beñat Etchebest. Voulant contredire les impuissances face au marché de l’immobilier, et/ou les insuffisances publiques, l’association de type loi 1901 entend se porter acquéreur d’immeubles pour les mettre ensuite à disposition de locataires. Elle a annoncé hier qu’elle avait déjà acquis un immeuble à Mauléon avec trois appartements.

Cette idée est également celle d’Euskaldun Gazteria à destination de jeunes locataires au Pays Basque intérieur. A la différence que la démarche n’est pas menée par une SCI (société civile immobilière) mais une association qui offre l’avantage de n’avoir pas de droit de succession à régler (ceux-ci vont de 20 à 50% du bien légué). Beñat Etchebest, agent immobilier souletin de son état, et donc au fait des développements du marché, constate que "beaucoup de ventes ont lieu au moment du décès, afin de pouvoir s’acquitter des droits de transmission". Ainsi, grâce à cette démarche associative, on rejoint l’esprit de l’Etxalde tel qu’il était pratiqué au Pays Basque: "on était propriétaire de l’usage et on transmettait l’usage". On retrouve là une distinction classique en économie, promue notamment par un certain Karl Marx, entre la valeur d’échange d’un bien et sa valeur d’usage. L’association Etxalde entend bien développer le deuxième et "le soustraire à la frénésie du marché immobilier" ad vitam aeternam.

15 immeubles en 5 ans

Ce sera donc "un parc locatif durable" par "la construction d’un patrimoine collectif" résume Chantal Torre. Dont le premier achat réalisé en avril a été présenté hier, simultanément à Bayonne et à Mauléon, par l’association qui compte parmi ses membres nombre de personnes issues de Hemen et/ou Herrikoa, autres organismes prenant en compte le temps long pour le développement de ce territoire. Un groupe de 18 personnes qui ne demande qu’à s’élargir l’adhésion est de 500 euros (échelonnables). Un appel aux dons a ainsi été lancé, mais aussi aux compétences administratives, techniques, juridiques,... (contact au 0623164530).

L’association entend acquérir 2 à 3 immeubles par an. 15 en 5 ans. Grâce à des emprunts qui seront remboursés par les loyers. Pour atteindre un équilibre, ce sont environ 50000 euros par an supplémentaires qui devront être recherchés. Les promoteurs de la démarche étant conscients que les premières années seront les plus dures à passer, souligne Jean-Paul Bonnin, trésorier de l’association. Le patrimoine acquis au fur et à mesure sera à même de convaincre les banques réticentes. Une démarche proche du COL (issu du mouvement des Castors, mais privilégiant l’accession) ou des organismes para-publics (type organisme HLM, mais tributaires des volontés des élus), qui entend opérer de manière complémentaire.

L’immeuble situé au 46 rue de Navarre à Mauléon (sur la route de Garindein) a été acheté en avril à 220000 euros. Les trois ménages locataires y demeurent bien entendu, avec des loyers qui seront plafonnés. Et la gestion laissée aux professionnels. Un deuxième projet, toujours à Mauléon, devrait se concrétiser d’ici la fin de l’année. Et sur la Côte ? Les prix y sont nettement moins accessibles pour ce genre de structure. Néanmoins, Beñat Etchebest, estime qu’il pourrait exister un interstice pour Etxalde entre des propriétaires qui ne veulent pas vendre leur bien et ceux qui ne veulent pas investir. Etxalde pourrait leur proposer des contrats de type bail emphytéotique (de 18 ans au moins).

Si l’association se réclame d’une certaine tradition, elle s’oppose à une autre qui voudrait que le bonheur et la réussite sociale soient synonymes d’accession à la propriété. Felipe Tapia, consultant en stratégie d’entreprise, va plus loin, en s’interrogeant sur la différence qu’il y aurait entre le fait d’être un locataire en sécurité et un propriétaire. Tout dépend s’il parle de valeur d’usage ou de valeur d’échange, encore une fois.


 
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