Gara: Latest news - Printed edition  |  Le Journal |  Documents
Google
EUS | ES | FR | ENG
 » PRINTED EDITION
  - Index
  - Sujet à la une
- Basque Country
- Local
- Opinion
- Culture
- Sports
 » DOCUMENTS
 » Hemeroteka
Le JPB > Sujet à la une 2007-07-31
Les fêtes de Bayonne à l´heure de la vidéosurveillance
Faire la fête à l’ombre des caméras de surveillance, c’est une des nouveautés de l’édition 2007 des fêtes de Bayonne. Un dispositif qui soulève bien des questions, pas forcément des réponses

"Souriez vous êtes filmés" informent, non sans malice, certains supermarchés. A l’heure et au moment de trinquer faudra-t-il en faire de même à partir de demain? A moins que les caméras, repérées par les bestazale ne se transforment en leur cible favorite. Des témoignages indiquent déjà qu’une caméra située au Petit-Bayonne a été dégradée ce week-end.

C’est en tout cas une première. Les fêtes de Bayonne se dérouleront avec un système de vidéosurveillance. 8 caméras sont disposées en des endroits "stratégiques" de la ville.

Les autres caméras présentes tout au long de l’année, notamment sur les feux tricolores ne servent qu’à réguler la circulation, indiquent les édiles. En outre, trois webcams seront installées (dont une place de la Liberté) mais uniquement pour de la vidéo live afin d’alimenter la Télé des Fêtes.

Le dispositif des 8 caméras de surveillance sera temporaire a assuré le maire de Bayonne Jean Grenet lors de la présentation du dispositif. Il est en tout cas dans l’air du temps, et en particulier dans celui qui souffle sur l’Elysée et place Beauvau (lire ci-dessous). Les images atterriront sur des écrans installés au commissariat de Bayonne. Les policiers disposeront en outre d’un poste de commandement avancé à la mairie de Bayonne.

Système préventif ?

Quelle est l’efficacité attendue d’une telle technologie? Ce n’est pas aux fabricants de caméras qu’il faut le demander (lire par ailleurs). Du côté du commissariat et de la sous-préfecture, on trouve plutôt que c’est une bonne idée. C’est un dispositif qui est de la responsabilité de la mairie. Celle-ci ajoute un outil qu’elle veut croire efficace dans son système de sécurité

En terme de prévention, un délit ou un crime (en l’occurrence un viol) ne serait pas commis par son auteur car il sait qu’il risque d’être filmé ? En particulier s’il a deux grammes dans le sang? Nous n’avons pu avoir la réponse de Henri Labayle, le Monsieur sécurité à la ville de Bayonne, qui n’a pas souhaité faire de commentaires supplémentaires à ceux faits lors de la présentation de l’organisation technique des fêtes la semaine dernière.

Sur le moment, des policiers (cette année armés et avec des gilets pare-balles) fondront-ils sur un "suspect" repéré par les caméras ? Au milieu de la foule?

Après un délit, la police retrouvera-t-elle plus facilement son auteur ? Encore faut-il que ce dernier soit connu des services de police, comme le veut l’expression consacrée.

Les caméras sont comme les policiers. On ne peut les mettre à chaque coin de rue heureusement, penseront certains. Les fêtes se dérouleront-elles mieux parce qu’elles seront placées sous surveillance, en l’occurrence de la police ? "Si les caméras de surveillance empêchaient les agressions sexistes, ça se saurait" commente pour sa part Maider Etxoan du Collectif qui lutte contre ces violences, et parie sur un travail de prévention et de sensibilisation mené tout au long de l’année.

Au-delà de l’efficacité technique discutable d’un tel équipement, il y a la question d’un choix politique, au sens large du terme. Les bestazale et autres festayres trouveront-ils agréable de se savoir filmés, lorsqu’ils dansent, lorsqu’ils boivent, lorsqu’ils chantent, lorsqu’ils font les imbéciles, lorsqu’ils s’embrassent, lorsqu’ils mangent ?... Pour l’instant l’indifférence semble prévaloir. Même en l’absence de garanties explicitement offertes par la mairie pour éviter les atteintes à la vie privée. La mairie suit au moins une des recommandations de la Commission nationale informatique et libertés (CNIL), qui veut que les individus soient informés de l’existence d’un tel dispositif.

Depuis la loi de 1995 le contrôle des caméras de rue n’est plus du ressort de la CNIL. De plus, avec la nouvelle loi antiterroriste de janvier 2006, policiers et gendarmes peuvent accéder directement à ces images sans passer par une autorisation judiciaire. On peut espérer que les fêtes de Bayonne ne rentrent pas (encore) dans ce cadre-là.

L’appréhension des fêtes en termes essentiellement sécuritaires face à une certaine dégradation générale depuis trois ans 80% du budget des fêtes (sur 2M€) est consacré à la sécurité est vivement critiquée par l’opposition Baiona Berria. Mais aussi par Yves Ugalde, l’ancien chef de cabinet du maire de Bayonne qui entend monter une liste lors des élections municipales de l’an prochain. L’opposition socialiste reste, pour le moment du moins, muette sur ces questions.

Ces caméras placées sur l’espace public viennent s’ajouter aux systèmes de filmage présents dans le domaine privé ou semi-public. Edifices publics (prison, sous-préfecture...), commerces, banques surtout, ou encore villas particulières, pratiquent depuis quelques temps déjà ces systèmes de sécurité. Ce qui laisse à penser que les fêtes sont moins (ou de moins en moins) des moments où les règles sociales sont subverties que des révélateurs de significations plus profondes de nos sociétés. Qui se rêveraient sous contrôle.

"Il n’y a pas de rapport direct entre la technique et la sécurité. Si on demande à un fournisseur de matériel de traiter la question de la sécurité, il vous vendra du matériel." Cette conclusion est de Dominique Pécaud dans un rapport pour l’institut des hautes études de la sécurité intérieure (IHESI). Etudes et analyses, indépendantes des fournisseurs de matériel, s’accumulent pour indiquer que la vidéosurveillance n’a pas l’efficacité qu’on lui prête. L’utilité d’un tel outil est encore à démontrer, comme le souligne l’enquête réalisée par Claude-Marie Vadrot dans l’hebdomadaire Politis n° 961 du 19 juillet dernier.

Ainsi un rapport de 2004 de Sophie Mariotte pour l’Institut d’aménagement et d’urbanisme d’Île-de-France "réduit à néant les prétentions du pouvoir et des élus sur l’efficacité des caméras de surveillance" note le journaliste de l’hebdomadaire parisien. En effet, l’étude, portant sur la mise en place de caméras par la RATP sur une ligne à St-Denis (93), démontre que les incidents relevés par la RATP sont en hausse, tandis que le nombre d’interpellations baisse. De même la gare de Mantes-la-Jolie équipée de caméras en 2002, connaît une hausse plus importante des "faits" relevés que la gare de Sartrouville, qui n’est pas vidéo surveillée durant la même période. Même topo dans les stations de métro de Paris de Starsbourg-Saint-Denis et de Barbès-Rochechouart où la délinquance est la même alors que l’une est sous vidéosurveillance et l’autre pas.

Quant au "modèle" britannique le pays de George Orwell a disséminé 25 millions de caméras (la France en a 1 million), des études officielles de l’IHESI ou du Home office anglais montrent que "la baisse de la délinquance liée à la vidéosurveillance ne dure pas ou est due à d’autres actions policières plus classiques, soit que cette délinquance change de nature, soit qu’elle se déplace plus ou moins durablement" synthétise C.-M. Vadrot.

Un rapport remis à Nicolas Sarkozy fin 2005 par Philippe Melchior, inspecteur général de l’administration, du point de vue de la prévention les "résultats de la vidéosurveillance sont désastreux". Notamment parce que débordés par le flot des images à regarder, les policiers ou opérateurs de réseaux feraient comme les policiers en patrouille : ils succomberaient au "délit de sale gueule". Politis cite ainsi un représentant de l’équivalent de la CNIL en Grande-Bretagne qui note "qu’il suffit d’être bien habillé pour transporter une bombe sans être remarqué. D’ailleurs, ce n’est pas une caméra qui a signalé la voiture piégée trouvée récemment à Londres, alors qu’il y en avait une à quelques mètres, mais deux ambulanciers que le stationnement du véhicule avait gênés. Seuls 10% des terroristes et de leurs complices sont arrêtés après visionnage des bandes. Quant à la prévention, elle est nulle puisque nous l’avons vu en 2005 comme cette année, les criminels sont de parfaits inconnus. Les caméras n’ont pas empêché la 4x4 de s’approcher de l’entrée de l’aéroport de Glasgow, et nous vivons sur une illusion dangereuse que les caméras pourraient repérer automatiquement les comportements suspects."

L’allusion vise ici une "bavure". Celle du jeune Brésilien tué en 2005 par la police dans le métro de Londres. Il avait été repéré par des caméras "intelligentes", dotées d’un logiciel analysant allure et comportement.



LE GOUVERNEMENT VEUT "TRIPLER" LA VIDEOSURVEILLANCE, LA CNIL INSISTE SUR UN "CONTROLE"
Le gouvernement veut "tripler" les capacités de vidéosurveillance existant actuellement en France dans le but de lutter contre les risques de terrorisme et de violence, un dispositif qui doit faire l’objet d’un "contrôle indépendant", selon la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil).

Ce triplement de la surveillance par caméras se ferait grâce à l’interconnexion des différents dispositifs, a précisé jeudi la ministre de l’Intérieur, qui venait de présider une réunion sur ce thème. Elle a expliqué, devant des journalistes, qu’elle souhaitait développer la vidéosurveillance "de façon prioritaire dans le cadre de la future loi d’orientation et de programmation de Sécurité intérieure" (Lopsi), qui devrait être présentée en Conseil des ministres à l’automne. "Les risques encourus", notamment en matière de terrorisme "font qu’il (me) paraît indispensable de développer la vidéosurveillance", a souligné Mme Alliot-Marie.

"Si on veut que les citoyens adhèrent à ce système dans le long terme, l’efficacité commande d’avoir à la fois le gouvernement qui développe sa politique et une autorité de contrôle indépendante qui assure (le respect) des droits individuels", a réagi le président de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) Alex Türk. Et pour qu’existe cet indispensable "contrôle indépendant", il faut que "l’autorité de contrôle ait les moyens d’assurer ce contrôle car la légitimité d’un tel projet est conditionnée par cela", a poursuivi M. Türk, relevant que les droits en question sont notamment la possibilité de savoir à qui seront adressées les informations contenues dans la vidéo, une information sur l’emplacement des caméras, la fixation d’une durée de conservation des images et la garantie de l’accès des citoyens aux informations les concernant dans la vidéo.

"Pas faire Big Brother"

Mme Alliot-Marie a estimé que pour "couvrir le plus large territoire possible", il faudrait une "meilleure mise en réseau (avec) tous ceux" qui utilisent déjà cette technologie, notamment "les collectivités, la RATP, la SNCF, les grands magasins". Cela passe par "l’interconnexion" de tous ces systèmes entre eux, à l’exclusion des installations privées, a-t-elle assuré, précisant qu’il n’était "pas question que la police ait accès aux données" des installations privées.

Le coût de l’interconnexion et des équipements publics à réaliser représente "plusieurs centaines de millions d’euros au total", a estimé la ministre. Mme Alliot-Marie a souhaité que "le plus rapidement possible, à l’automne prochain, nous puissions avoir un dispositif harmonisé et complet".

Il ne s’agit "pas de faire Big-Brother", a assuré Dominique Bussereau, secrétaire d’Etat chargé des Transports. Mais, même si "la France a déjà de bons résultats en ce domaine, avec notamment une forte présence des caméras sur le réseau SNCF, la RATP, ou les bus, il reste encore beaucoup d’efforts à accomplir", a-t-il ajouté, déclarant "penser aux routes et autoroutes". Il a également souhaité que la vidéosurveillance soit installée "dans les ports et (au bénéfice) des voies fluviales".

Quant aux aéroports, ceux d’ADP (Roissy et Orly) sont "entièrement équipés, tandis que ceux de province sont en cours pour certains et en prévision pour d’autres", a-t-il dit. L’installation de caméras de vidéosurveillance à Roissy et Orly est une priorité affichée d’Aéroports de Paris (ADP). Pierre Graff, pdg d’ADP, a annoncé le 16 juillet qu’il y aurait d’ici fin 2008 près de 4.000 caméras de surveillance à Roissy contre 2 000 fin 2005.


 
Print
 
...More news
Pays Basque
La coexistence impossible entre OGM et Bio
Pays Basque
Arnaldo Otegi appelle à la reprise du processus
Culture
Le programme "le plus complet et brillant" de l’histoire de Jazzaldia
Culture
Un comique sombre
Sports
Un Tour de France à reconstruire
Sujet à la une
Les fêtes de Bayonne à l´heure de la vidéosurveillance
  © 2006 Baigura | Contact | About us | Advertise