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Le JPB > Culture 2007-07-31
Un comique sombre
·Michel Serrault, décédé dimanche, s’imposait aussi dans les rôles dramatiques

Monstre sacré du cinéma français, Michel Serrault est décédé dimanche soir à l’âge de 79 ans des suites d’une longue maladie, à sa résidence de Honfleur, en Normandie.Connu pour son talent comique, il avait également su s’imposer dans des rôles dramatiques. En plus d’un demi-siècle d’une impressionnante carrière, il a joué dans quelque 135 longs métrages (sans parler des téléfilms), sous la direction de Clouzot, Chabrol, Mocky, Lautner, Audiard, Blier, Zidi ou Kassovitz. Cinq fois nominé, il a obtenu trois Césars : en 1979 pour son plus grand succès, La cage aux folles (d’Edouard Molinaro), 1982 pour Garde à vue (de Claude Miller) et 1996 pour Nelly et Monsieur Arnaud (de Claude Sautet). Cet homme au physique de monsieur-tout-le-monde et au caractère fougueux, cabotin, provocateur, franc et chaleureux répétait que le principal souci dans son métier était de ne pas ennuyer le spectateur. Peut-être grâce à cette ambition, il a accumulé une impressionnante galerie de portraits, se glissant avec la même aisance dans la peau de personnages ambigus et dramatiques, du Dr Petiot à Zaza, l’homosexuel excentrique de La cage aux folles, d’Harpagon à Nestor Burma. Le public n’a longtemps attendu de lui qu’une seule chose : qu’il fasse rire. Mais, comme tous les clowns qu’il prenait d’ailleurs pour modèles, Michel Serrault était dans le fond assez triste. Il se définissait comme "l’âme de Chaplin sur un corps d’apothicaire". Né le 24 janvier 1928 à Brunoy (Essonne) dans une famille modeste et chrétienne, il entre à 14 ans au petit séminaire. Hésitant entre devenir curé ou clown, il choisit finalement le monde du spectacle. Il fréquente dès 1949 la fameuse troupe des Branquignols de Robert Dhéry et apparaît pour la première fois au cinéma en 1954 dans Ah! les belles bacchantes! de Jean Loubignac. Avec son complice et ami Jean Poiret (mort en 1992), il monte un fameux numéro de cabaret qui fait les beaux soirs de l’Alhambra, de Bobino ou de l’Olympia.

Exercices de style

Puis, pendant vingt ans, Michel Serrault accumule les rôles plus qu’il ne les choisit véritablement. Les navets, il les appelait "mes exercices de style". "Mes auditions, poursuivait-il, je les ai passées à l’écran". Il retrouve Poiret pour La cage aux folles (pièce écrite par ce dernier qui fera plus tard l’objet du film), qu’ils jouent plus de 1500 fois. "Il n’était pas question de se vautrer dans une farce épaisse et vulgaire. Nous avons prouvé que l’ennui au théâtre n’était pas un mal nécessaire", disait Serrault. "Combien tu me manques, Jean. Toi, tu as su tout dissimuler sous le rire. Moi, j’y parviens de moins en moins", a-t-il aussi écrit dans un livre de souvenirs. Au milieu des années 70, ses personnages s’étoffent et on le voit dans des rôles dramatiques comme dans Pile ou face (Enrico), Garde à vue (Miller), L’ibis rouge (Mocky, un de ses grands potes) où il étrangle des femmes. Il dit que jouer les tordus l’amuse. Au théâtre, on le remarque notamment dans L’Avare (1986, dirigé par Roger Planchon) et dans Knock (1992, mise en scène de Pierre Mondy). "Si on n’a pas d’intention intérieure, les mots ne veulent rien dire. Je voudrais être un passeur, un messager. Je suis contre les acteurs qui se disent "humbles serviteurs de l’auteur’", disait-il de son métier. Ses cheveux devenus tout blancs et sa silhouette davantage arrondie ne l’empêchaient pas d’intéresser de jeunes réalisateurs qui lui ont fait touner Belphégor ou Une hirondelle a fait le printemps.



Inoubliable Albin dans La cage aux folles
Jusqu’alors considéré comme un bon second rôle, Michel Serrault, qui venait d’avoir 50 ans, devint en 1978 une vedette de premier plan du cinéma français grâce à La cage aux folles. Le film racontait les aventures burlesques d’un couple homosexuel : Ugo Tognazzi était Renato, directeur d’un cabaret, et Serrault campait un délicat Albin se transformant sur la scène de La cage aux folles en une irrésistible Zaza Napoli, chaussures à talons aiguilles, chevelure bouclée, faux seins, rouge à lèvres et ongles vernis. D’abord, il y eut une pièce écrite par le complice de Serrault, Jean Poiret, mise en scène par Pierre Mondy. Le succès fut tel (les deux acteurs l’ont jouée plus de 1 500 fois, dont cinq années consécutives au Palais Royal) qu’elle ne pouvait laisser indifférent le cinéma. "Sur scène, il s’agitait tellement, il improvisait tant et tant, qu’à la fin nous étions exténués. Surtout moi", disait Poiret. C’est le producteur italien Marcello Danon qui acheta les droits cinématographiques de la pièce. Danon choisit pour la mise en scène Edouard Molinaro qui n’était pas enthousiaste. Il venait de réaliser L’homme pressé avec Alain Delon et voulait continuer dans la veine des films noirs. Poiret, fatigué par ses années sur scène, ne s’occupe pas de l’adaptation. Francis Veber et Molinaro s’en chargent. Le tournage est tendu. "Ce n’était pas facile de jouer un homo quand on aime les femmes comme ces deux acteurs", dira Molinaro. Le film est un triomphe en France, où il attire 5 millions de spectateurs, mais aussi aux Etats-Unis. Il est trois fois nominé aux Oscars d’Hollywood et Serrault obtient notamment un César français et un Donatello italien. Grâce à ce succès, Molinaro travaillera d’ailleurs ensuite aux Etats-Unis où l’acteur Dustin Hoffman rend hommage à Serrault. L’Américain pensera sans doute à sa prestation en tournant en 1982 Tootsie de Sydney Pollack. "Le fait d’avoir obtenu le César 79 pour ce rôle m’a ravi, non pas parce qu’il m’avait été attribué, mais parce que les professionnels du cinéma, unanimes, remettaient le rire à l’honneur", s’était réjoui Serrault. En 1980, sortira La cage aux folles II (de Molinaro) et, en 1985, La cage aux folles III (de Georges Lautner). Mais le meilleur sera resté le premier.


 
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