Moreau : l’ambition du Vieux
·Fort de sa récente victoire dans le Dauphiné Libéré, le Franc-Comtois ne renonce à rien pour le prochain Tour de France dans trois semaines
À moins de trois semaines du départ du Tour de Londres, un Dauphiné gagnant a haussé du col les ambitions de Christophe Moreau. Le "Vieux" comme il s’appelle lui-même par autodérision à 36 ans, le "Grand" comme il a été le plus souvent surnommé depuis ses débuts remontant à 1995, l’a reconnu lui-même. Sa supériorité dans les cols du Dauphiné, l’incite à changer de dessein pour la Grande Boucle, à la grande satisfaction de son directeur sportif Vincent Lavenu. En quête de popularité, Moreau se voyait habillé de pois rouges à la fin du mois de juillet. Il s’imaginait héros d’une grande échappée dans une étape de montagne, d’une cavalcade à la Richard Virenque. Quitte à délaisser le classement général, à décrocher des premiers rangs pour obtenir une latitude supérieure de la part des favoris du Tour. Abonné à une place de premier Français, décrochée déjà à quatre reprises, le Franc-Comtois voulait éprouver d’autres sensations. "Dans les dix premiers, je sais faire", rappelait-il au départ du Dauphiné. Et d’insister sur le plaisir espéré à conquérir les foules, par le panache et la générosité. Vincent Lavenu, séduit évidemment par le propos, rappelait toutefois l’utilité d’être placé dans la hiérarchie du Tour : "On l’a vu l’an dernier quand on a eu deux coureurs dans dix premiers (Dessel 7e, Moreau 8e). Pour un groupe, c’est important".
"Peut-être trop tôt"
Le Dauphiné est passé et, avec lui, l’objectif d’un rôle seulement périphérique. Après l’étape-reine samedi à Valloire, le coureur de l’équipe AG2R a admis qu’il était envisageable de viser plus haut. "Etre sur le podium, ce n’est pas du tout la même chose qu’une place dans les dix premiers", a déclaré le Belfortain, devenu de plus en plus grimpeur au fil des années, au détriment de ses qualités initiales de rouleur. "Le podium m’a toujours fait rêver, c’est vrai, mais je m’étais fait une raison", a ajouté Moreau, qui n’a jamais fait mieux que sa quatrième place de l’année 2000. "On verra après la première semaine. J’ai l’expérience du Tour, j’en suis à mon douzième. Je préfère rester humble et attendre pour faire le point à la première journée de repos à Tignes".
Sa nouvelle confiance se nourrit du plafonnement de ses adversaires, du Russe Denis Menchov (4e du Dauphiné), de l’Américain Levi Leipheimer (24e), voire de l’Australien Cadel Evans, deuxième à Annecy ("il n’attaque jamais mais il est toujours là", a rappelé cependant Vinokourov), pour ne pas parler d’Alejandro Valverde (abandon).
Seul, le Kazakh Alexandre Vinokourov a impressionné durant la semaine, à la tête d’une équipe Astana qui s’est réservé la part du lion (quatre étapes). "On a vu Moreau très fort. Pourquoi pas sur le Tour ?", a répondu "Vino" à une question sur ses adversaires pour le maillot jaune. Le Kazakh, qui a pris rang de premier favori pour la prochaine Grande Boucle, a cependant ajouté une réserve : "Mais je pense qu’il est peut-être trop tôt en forme".
Sans le savoir, Moreau avait déjà répondu à ce doute : "Quand arrive le Dauphiné, il est temps d'être en forme. Moi, je préfère savoir où j'en suis. C'est rassurant".
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