Liga - Dernière journée
L’étrange "maletin" invisible de la Liga
·Offrir une prime au gagnant à une équipe tierce pour qu’elle batte un adversaire direct au classement serait courant en Liga
À chaque fin de Liga la pratique de la "maletin" (traduction littérale : la mallette...) refait surface dans les coulisses du football espagnol. Une pratique qui alimente la rumeur en cette fin de saison avec l’indécision qui règne en tête de classement et le Real Madrid au coude à coude avec le FC Barcelone. Depuis quelques journées déjà circule le bruit de l’offre d’une "prime au gagnant" par des clubs à d’autres clubs pouvant faire chuter un adversaire direct du premier cité.
La "maletin" existerait depuis bien longtemps en Liga. Si elle n’est pas officielle à ce jour, beaucoup de joueurs et de supporteurs demanderaient sa légalisation car elle serait très courante. Dernière rumeur de "maletin" en date, l’offre du FC Barcelone aux joueurs du Real Majorque pour battre le Real Madrid dans son stade Santiago Bernabeu. Les blaugranas auraient promis 50000 euros par joueur.
Il y a 15 ans un personnage s’était rendu sur l’île de Tenerife quelques jours avant la rencontre Tenerife-Real Madrid. À l’occasion de ce match, les joueurs de Tenerife, qui ne jouaient plus rien en championnat, paraissaient pourtant hyper-motivés. Et bien qu’ils soient menés 0-2 au repos, ils réussirent à remonter au score pour finalement gagner 3-2. Ils offrirent ainsi la Liga au FC Barcelone.
Joueurs motivés
Il semblerait que lors du rendez-vous qui a précédé la rencontre, Luis Milla ex-joueur du Barça, avait servi d’intermédiaire entre l’équipe catalane et l’équipe des Canaries, et aurait remis une mallette avec une importante somme d’argent à Manolo Hierro, joueur du Tenerife. Ce dernier ainsi que d’autres joueurs de Tenerife reconnaîtront plus tard l’existence de cette prime. Quelques années après, lors de la Liga 96-97, le Madrid jouait à Bernabeu face à l’Extremadura, tandis que le Barça se déplaçait à Alicante pour affronter Hercules. L’histoire ne fut jamais reconnue, mais personne ne doute que l’équipe d’Hercules fut "primée" (il se raconte 60 millions de pesetas soit 375 000 euros) pour avoir vaincu les Catalans. Madrid fut déclaré alors champion grâce à sa victoire 5-0 contre Extremadura.
Ce ne sont là que deux cas d’une pratique qui serait largement répandue en Liga et officieusement autorisée car offrant une prime à la victoire et non à la défaite, ce qui alors deviendrait immoral ! Les journaux ibériques s’en font largement écho dans leurs colonnes. Mais pour qu’elle soit appliquée et "tolérée", il faut que la situation regroupe quelques ingrédients incontournables pour ne pas voir dans cette prime un simple pot-de-vin comme on l’appellerait dans l’hexagone. La dernière journée de la Liga dimanche offre d’ailleurs un cas d’école, avec la venue à Madrid de Majorque, et l’impératif résultat positif des Majorquins pour que le Barça puisse remporter la Liga. Ces derniers à égalité avec les Madrilènes mais avec un goal-average particulier en leur défaveur.
Plus d’enjeu en Liga pour l’alliée
Pour acheter la victoire d’une équipe "alliée", il faut que celle-ci rencontre une équipe rivale de la vôtre, qu’elle n’ait pas d’aspiration en Liga, qu’elle ne voie aucun inconvénient à gagner un extra, mais aussi qu’un patron accepte de mettre la main au portefeuille et que les dirigeants du club primé soient compréhensifs. Tous ces éléments semblent réunis pour que l’adversaire du Real Madrid tente le coup et reçoive une belle somme du Barça.
Majorque n’a plus rien à espérer de la Liga et les joueurs semblent intéressés pour priver le Real des trois points. Arango, le meilleur joueur du Real Mallorca, a bien compris l’enjeu sportif (et surtout financier) de cette dernière journée de championnat.
Départ retardé
Devant ce drôle de "challenge", il a retardé son départ pour le Venezuela où il devait retrouver sa sélection et préparer la Copa America. La maletin du Barça "promise" à Majorque aurait débuté à 600 000 euros, puis deux millions et serait désormais de 3 millions d’euros de prime si les Majorquins parvenaient à prendre au moins un point.
Même si cette pratique de la "maletin" semble courante, peu nombreux sont les joueurs et les clubs qui ont reconnu dans l’histoire de la Liga avoir perçu ou rémunéré une prime au vainqueur. Certains pourtant ont lâché le morceau alimentant les spéculations sur la circulation de ces mallettes "invisible". Ismael Urzaiz, l’attaquant de l’Athletic Bilbao, interrogé sur les possibles primes offertes aux rivaux de l’Athletic, a répondu avec franchise : "Des valises ? Bien sûr qu’il y en aura. Il y en a toujours eu, et celui qui prétend le contraire est un menteur".
D’autres préfèrent rester vagues sur la pratique comme le Majorquin et ex-joueur du Barça, Fernando Navarro, qui déclarait dernièrement après avoir reçu quelques coups de fil du vestiaire barcelonais : "j’ai parlé avec quelques joueurs car j’ai gardé des très bons amis à Barcelone, et ils m’ont demandé une faveur, celle de gagner à Madrid. Je pense que si nous y parvenons ils m’inviteront au moins pour un repas au restaurant." En cas de repas, l’histoire révélera peut-être la nature du dessert de Navarro.
Osasuna primée après sa victoire face à la Real ?
Le réputé journaliste navarrais Patxi Cervantes assure dans son blog internet qu’"Osasuna a reçu des primes de l’Athletic et de Levante" pour gagner face à la Real Sociedad voilà deux journées.
Cervantes affirme dans son article les faits suivants : "Osasuna a reçu au moins deux primes pour gagner la Real Sociedad à Pampelune. Les joueurs de l’Athletic ont fait parvenir le mercredi 6 juin un chèque de 150 000 euros à Pampelune par l’intermédiaire d’une personne de confiance des deux équipes. Un chèque qui fut récupéré en main propre par deux joueurs rojillos. L’Athletic en tant que club a envoyé au club rojillo 210 000 euros pour gagner la Real."
"L’autre prime reçue par Osasuna est arrivée de Levante. Deux heures avant la rencontre Osasuna-Real Sociedad à Pampelune, un dirigeant de Levante donna un chèque dans une enveloppe à un dirigeant d’Osasuna à l’intérieur même du stade Reino de Navarra."
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