Le Comité de sélection a privilégié la polyvalence hier pour dresser la liste des 30 joueurs de l’équipe de France de rugby retenus pour la Coupe du monde (7 septembre - 20 octobre), au sein de laquelle figure Sébastien Chabal mais qui a "oublié" Thomas Castaignède, Pascal Papé et Dimitri Yachvili.
"Le fait de pouvoir jouer à plusieurs postes a constitué un avantage certain", a résumé l’entraîneur Bernard Laporte à Marcoussis. Cette "prime" aux polyvalents bénéficie notamment à Sébastien Chabal. Habitué à jouer n. 8, le barbu-démolisseur est bombardé deuxième ligne. "Je l’ai eu au téléphone pour lui proposer d’être deuxième ligne. Il a accepté avec enthousiasme, a expliqué Bernard Laporte. On ne se voyait pas le laisser sur le bord de la route. A partir du moment où il accepte de jouer deuxième et troisième ligne, on a essayé d’être le plus logique possible".
Chabal décale tout
L’arrivée de Chabal chez les deuxièmes lignes libère une place en troisième ligne (pour Yannick Nyanga) et fait une victime de marque : Pascal Papé, capitaine lors des deux test-matches perdus en Nouvelle-Zélande, les 2 et 9 juin. "Il n’a jamais retrouvé le niveau qui était le sien avant sa blessure", a assené Laporte, allusion à l’opération du dos de Pascal Papé au printemps 2006.
Le cas de Pascal Papé s’apparente à celui de Thomas Castaignède, 32 ans, 54 sélections, écarté au dernier moment, comme avant la Coupe du monde 2003. "C’est un crève-c¦ur de laisser Thomas, a commenté le manager Jo Maso. Nous ne l’avons pas jugé sur la tournée en Nouvelle-Zélande mais sur la performance des autres joueurs". La carrière de Thomas Castaignède, surnommé le "petit Boni", en référence à André Boniface, lors de son avènement en 1994, s’arrête devant la porte du Mondial. Castaignède non retenu, le poste d’arrière sera couvert par un seul vrai spécialiste, Clément Poitrenaud, alors que Damien Traille, habituel centre, et Cédric Heymans, pourront être appelés à faire une "pige" sous le maillot numéro 15.
Le Comité de sélection a arrêté deux autres décisions stratégiques. D’abord de s’appuyer sur un troisième ouvreur, Lionel Beauxis, remplaçant au Stade Français, aux côtés de Frédéric Michalak (dernière sélection au printemps 2006) et David Skrela, "pour la qualité de son jeu au pied long" (dixit Laporte). Mais aussi de retenir quatre ailiers : Christophe Dominici, Aurélien Rougerie, Vincent Clerc et Cédric Heymans. Ces choix ont condamné Florian Fritz, le meilleur joueur français du Tournoi 2006, qui, quinze mois plus tard, rate le wagon de la Coupe du monde, et ne figure même pas sur la liste des onze suppléants rendue publique.
Marconnet le convalescent présent
Enfin, le Comité de sélection a tranché certains cas individuels. Jean-Baptiste Poux (Stade Toulousain) a été préféré à Christian Califano et Nicolas Mas pour le poste de quatrième pilier, un secteur où figure comme prévu Sylvain Marconnet en pleine convalescence après une fracture du tibia gauche début mars.
Le cas le plus épineux concernait l’une des deux places de demi de mêlée, pour laquelle Jean-Baptiste Elissalde a devancé Dimitri Yachvili. "Jean-Baptiste est plus vif et il a fait une meilleure saison", a glissé Bernard Laporte. En revanche, l’encadrement du XV de France n’a pas tranché la question du capitanat entre Fabien Pelous (110 sélections, 42 capitanats), longtemps considéré comme "le" détenteur de la charge, et Raphaël Ibanez (90 sélections, 34 capitanats). "On a deux très grands capitaines, a glissé Bernard Laporte. On verra le moment venu. Nous avions d’autres points bien plus difficiles à trancher". Le choix sera fait entre le début de la préparation, le 2 juillet, et le match d’ouverture du Mondial, face à l’Argentine, le 7 septembre au Stade de France.