15 juin 1910 il y a 97 ans :
Bayonne ; les m¦urs : On sait l’incident qui s’est élevé à Bordeaux entre la préfecture et la mairie au sujet des reines nocturnes du trottoir. Le maire, s’appuyant sur des ordonnances non abrogées, faisait incarcérer les filles publiques qui se livraient au racolage des passants. Le ministre a désapprouvé ces mesures rigoureuses et la question va être portée devant le Conseil d’Etat. Mais si la plaie du racolage sévit à Bordeaux, elle existe aussi à Bayonne en une mesure plus que suffisante, et nous assistons depuis quelque temps à une invasion chaque jour croissante du fléau.
Il y a quelques années à peine, une quinzaine de filles seulement étaient inscrites sur les registres de la police. Elles sont quarante maintenant, comme à l’Académie, et ce nombre sera bientôt dépassé. La semaine dernière, 27 contraventions ont été dressées pour racolage ; et l’¦il de la police ne peut pas tout voir. Que l’on juge alors du nombre des passants qui, chaque soir, doivent être l’objet des sollicitations engageantes de nos péripatéticiennes ! Pourchassées par les agents, elles recommencent un peu plus loin ou un peu plus tard leurs exploits, et si la morale et la tranquillité publique ne gagnent pas grand-chose à l’exercice de leur ministère, on sait généralement ce qu’y peuvent perdre l’hygiène et la santé de nos concitoyens. La justice reconnaît qu’une action énergique est désormais indispensable et elle agit. Dans sa dernière audience de simple police, le juge de paix a condamné quatre de ces délinquantes récidivistes à des peines de prison.
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