Eki Libre avait rarement vu autant de monde. Eki Libre, c’est la petite boutique de commerce équitable à Bayonne. En quelques minutes jeudi après-midi, une dizaine de lycéens ont investi les lieux. Ils sont en 1re année de Bac Pro commerce, au lycée Paul Bert de Bayonne. Leur mission : refaire la vitrine du magasin, situé rue Tour de Sault. Munis de mètre et d’un questionnaire à remplir, les élèves notent tout : les différents produits, la couleur des étagères, le nombre de mannequins, la taille de la devanture, etc. Ils scrutent le moindre recoin de la boutique.

Isabelle Vayssié, leur professeur de vente, les supervise : "Quelles sont les mesures du rebord? Vous avez vérifié les dimensions de la vitre?". 2 mètres 50 de hauteur, voilà de quoi faire. "C’est intéressant! On met en action ce qu’on apprend en cours", se réjouit Aurélie: "pour faire une belle vitrine, il faut choisir un thème, savoir bien la disposer, mettre en avant quelques produits. On va pouvoir jouer aussi avec l’éclairage".

Pour l’instant, les lycéens n’en sont qu’au début. Ils élaboreront une dizaine de projets de vitrine avec leur prof de dessin. L’objectif est de changer la devanture du magasin une fois par mois à partir de septembre jusqu’à la fin de l’année scolaire.

Présenté en mai 2005, le projet de boutique de commerce équitable à Bayonne avait obtenu des fonds européens. Une subvention de 23 000 euros qui a financé le loyer et un salarié durant un an. Mais les ventes n’ont pas décollé, "malheureusement, on reste dans une clientèle militante", explique Marie Sosa, présidente d’Aspal, l’une des trois associations qui gèrent le magasin.

En décembre dernier, le contrat de travail n’a pas pu être reconduit. Désormais, une dizaine de bénévoles se relaient pour ouvrir la boutique tous les après-midi, du mardi au samedi. "On a juste de quoi payer le loyer, ce sont les associations qui fournissent la marchandise", déclare Marie Sosa. Ce qu’il leur faut, c’est passer d’une "clientèle militante" au grand public. D’où une campagne de communication importante durant la quinzaine nationale du commerce équitable, du 1er au 15 mai prochain.

En France, le commerce équitable correspond à 50 centimes d’euro par habitant et par an. Trois fois rien par rapport à l’Allemagne qui est à 5 euros par habitant et par an, tandis que les Pays-Bas grimpent jusqu’à 8.

La nouvelle vitrine imaginée par les élèves donnera peut-être quelques idées à certains.