Batasuna ne croit pas à la parole de Ségolène Royal
·Le parti appelle à l’abstention et critique la promesse du PS sur la Charte des langues
Comme pour dimanche dernier, Batasuna appelle à l’abstention au second tour de la présidentielle, un scrutin pour lequel la formation de la gauche abertzale ne se sent pas concernée. Tout comme Corsica Nazione independente ou le parti breton Engamm, signataires de la déclaration de Corti sur les droits des nations sans état "sous tutelle française".
Lors d’une conférence de presse commune jeudi matin à Paris, ces trois partis ont rejeté aussi bien la candidature de Ségolène Royal que celle de Nicolas Sarkozy, "représentants d’un Etat jacobin et centraliste". Hier, Batasuna a précisé sa position, notamment concernant la candidate socialiste Ségolène Royal, laquelle, même si elle n’a pas répondu aux cinq points de la déclaration de Corti, a tenu à répondre à la question de la langue assurant dans un courrier adressé à Batasuna qu’elle fera ratifier la Charte des langues minoritaires.
Or, Batasuna ne croit pas à la parole de la socialiste. "Il faut rappeler que la Charte avait été signée par le gouvernement Jospin, mais que Jacques Chirac avait bloqué la ratification en faisant appel à la Cour constitutionnelle, laquelle avait estimé inconstitutionnel le contenu du texte", a évoqué le porte-parole de Batasuna Xabi Larralde. "La ratification de la Charte exige la modification de la Constitution. Donc, lorsque Ségolène Royal lance son engagement, ou bien elle est prête à modifier la constitution, et nous n’y croyons pas, ou bien elle ne parle pas de changer le texte constitutionnel, ce que voudrait dire tout simplement qu’elle nous a menti et que son engagement n’est qu’un effet d’annonce".
Dans ce sens, Batasuna a évoqué les propos de Nicolas Sarkozy qui, lui, "avait dit qu’il n’allait pas ratifier la Charte pour ne pas altérer la Constitution, et qu’il se contenterait de créer une loi spécifique sur les langues minorisées".
Résultat des comptes, Batasuna ne peut pas appeler à voter une candidate de gauche "pas crédible", et encore moins un candidat de droite "extrême". Le choix du parti de la gauche abertzale, tout comme celui de la formation corse, est l’abstention. Mais, "s’il y a des citoyens qui veulent exprimer autrement le fait que ces élections ne sont pas les nôtres, ils peuvent faire comme les Bretons d’Engamm" qui ont appelé à insérer dans les urnes des bulletins en faveur de l’indépendance.
Batasuna a enfin annoncé que les signataires de l’appel de Corti mettront en place "de nouvelles dynamiques" dans les semaines qui suivent.
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