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Le JPB > L'opinion > Tribune Libre 2006-12-15
Martine MAILFERT / Porte-parole de la LCR
Faiblesses et limites des propositions de M. Hulot!

On ne peut que partager la démarche générale du pacte écologique préconisé par Nicolas Hulot, qui souhaite placer les enjeux écologiques et climatiques au c¦ur des débats politiques. En particulier, lorsqu’il appelle à "une évolution en profondeur vers d’autres façons de produire, de travailler, de consommer, de se nourrir, de se loger, de se déplacer, de se chauffer". Mais dire cela, c’est en appeler à une rupture radicale avec la façon dont est organisé le système économique, ses transports, ses modes énergétiques, son industrie ou son agriculture. Et on ne peut pas faire cause commune avec ceux qui délocalisent, défendent le tout-camions, le productivisme agricole et l’énergie nucléaire, ceux qui cassent les services publics et diminuent les budgets pour le développement des énergies propres. Or cette rupture radicale nécessaire pour la survie de la planète n’apparaît point dans les cinq propositions que fait Nicolas Hulot, propositions qui, par ailleurs, sont tout à fait digérables par le système actuel.

Première proposition : Un vice-premier ministre chargé du développement durable. Pourquoi pas ! C’est tout à fait juste. Mais comment un tel vice-premier ministre pourra-t-il coordonner dans tous les secteurs, des transports à l’agriculture, une politique ambitieuse en matière environnementale. Comment un tel ministre pourrait avoir un poids si ses collègues refusent ou sont incapables de contraindre les transporteurs routiers et leurs donneurs d’ordre à réduire les flux de camions, d’interdire les subventions aux gros agriculteurs qui détruisent les sols et les rivières ou d’empêcher les industries de polluer. L’exemple de ce qu’a réalisé Dominique Voynet concernant le nucléaire est à ce titre significatif. Elle est la ministre de l’environnement qui a signé le plus de décrets en faveur du nucléaire, dix décrets au total.

Deuxième proposition : Une taxe sur le carbone en croissance régulière. Comme l’affirme Nicolas Hulot, il est clair que, pour diminuer par 4 les émissions de gaz à effet de serre, on ne peut s’en remettre à un système de quotas ou a des solutions technologiques, et qu’il est nécessaire de préparer la décroissance de la consommation d’hydrocarbures. Mais pour être efficace, un système de taxation doit s’inscrire dans un projet alternatif global. Pour être suffisamment dissuasive, la taxation doit être également très élevée et s’appliquer uniquement aux industriels et non aux usagers individuels. Ces derniers sont de plus en plus attaqués dans leur pouvoir d’achat et contraints d’utiliser leur véhicule pour aller travailler avec le doublement des déplacements travail-domicile, ils vivent dans des logements non isolés. Parmi les mesures à prendre dans ce sens, doivent être priorisées l’interdiction de dépasser certains taux de consommation d’énergies fossiles, la hausse des tarifs d’achat de l’électricité pour les clients industriels, mais aussi des soutiens pour que les industries produisent leur électricité en développant notamment la cogénération (c’est-à-dire la production d’énergie thermique et mécanique notamment à partir de toute forme d’énergie locale). L’enjeu est néanmoins aujourd’hui d’agir dans les secteurs de l’habitat et des transports. Or, aujourd’hui, la quasi-totalité des financements de l’Union Européenne et des gouvernements vont aux infrastructures routières. Par contre rien n’est entrepris pour que la norme thermique soit appliquée réellement dans les constructions neuves et étendues aux constructions rénovées.

Troisième proposition : Réorienter les subventions agricoles vers une agriculture de qualité. Il est important de proposer des débouchés à une agriculture de qualité mais c’est aussi l’ensemble du système de subventions et de la PAC qui est à revoir car l’agriculture est aujourd’hui mondialisée. Un système d’aides ou de subventions devrait se fixer comme objectifs l’aide aux petits agriculteurs du Sud, ce qui implique un certain protectionnisme dans les agricultures des pays pauvres, a contrario d’une insertion dans le marché mondial qui les conduit à la ruine. Au niveau français, les aides devraient être conditionnées à des critères sociaux (maintien et développement de l’emploi paysan) et environnementaux (limitation des pesticides, usage raisonné de l’eau, OGM...). Mais cela nécessite un affrontement avec un certain nombre de gros exploitants, bien représentés par la FNSEA, et avec les firmes agroalimentaires.

Quatrième proposition : Systématiser les procédures de démocratie participative. On le voit ici en Pays Basque sur la question des transports (transnavarraise, ligne à grande vitesse), les gouvernements et leurs administrations ont à coeur d’afficher leurs "aspirations démocratiques"... Or, le plus souvent, malgré des consultations (du type "conférences citoyennes" ou autres) qui vont à l’encontre des choix dominants, ces choix sont entérinés par ces gouvernements, ce qui montre bien que le problème ne peut se résumer à une consultation, mais à "qui décide ?". Autrement dit, j’estime que les citoyens ne prendront véritablement leurs affaires en main que lorsque leur parole ne sera pas confisquée par le pouvoir politique et économique.

Cinquième proposition : mettre en place une grande politique d’éducation et de sensibilisation. Encore faut-il qu’une telle éducation soit protégée de toute influence de grandes entreprises, Bouygues ou EDF par exemple, qui auront à c¦ur de défendre leurs intérêts industriels et économiques plutôt que les équilibres des écosystèmes. Il y a également dans les propositions de Nicolas Hulot absence de certains problèmes. Et on ne peut que s’étonner qu’à aucun moment ne soit mentionnée la question du nucléaire. Pour nous qui défendons un service public de l’électricité dénucléarisé, il est impensable de ne pas se prononcer ; d’abord sur la question du nouveau réacteur EPR en cours de construction, et qui ne répond à aucun besoin ; et ensuite sur la façon dont on peut envisager une sortie du nucléaire, avec quelles économies possibles en matière d’énergies, et quel développement des énergies propres.

En conclusion, sur certaines questions nous pouvons trouver des plages d’accords avec M.Hulot. Mais d’une part la faiblesse, écologiquement parlant, de ses propositions sur des questions cruciales, et d’autre part l’absence complète d’autres domaines sur lesquels il est nécessaire de prendre position fait que nous ne pouvons signer aujourd’hui son pacte écologique très en dessous des nécessités.


 
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