Une jolie rencontre a eu lieu vendredi soir au Colisée, lors de la représentation musicale du duo sax-piano, pour la première du festival Jazz sur l’Herbe. Un programme subtil, mêlant interprétations originales de standards et compositions cossues. L’histoire commence par une rencontre, celle de Morgan Roussel, jeune pianiste compositeur achevant 16 années d’études musicales, et Ramon Layzelle, saxophoniste anglais issu de la scène jazz londonienne, résidant dorénavant à Bayonne et agissant occasionnellement comme intervenant au conservatoire. C’est là que les deux musiciens se découvrent et décident la création d’un duo. Après six mois de travail, ils présentent ce nouveau répertoire aux saveurs accessibles à tous, loin de l’image élitiste attribuée à la scène jazz française mais destiné tout de même à un public averti. Fusionnant la technicité précoce de l’un à l’expérience et l’aisance instinctive de l’autre, les deux hommes rebondissent de thèmes connus en créations variées, parfois naïves, jouant sur les décalages, déroutant les intentions de la musique classique par un habillement jazz. Routes sans voyageurs, inspirée par Chopin, Horloges sans aiguilles, au cheminement ondulant du Boléro de Ravel, ou encore Sista Soul, empruntant l’esprit des sons raggas indiens, sont autant d’influences que de titres abstraits pour mesurer la profondeur de leur puits d’inspiration. Le but est de laisser l’espace pour diluer un jeu spasmodique, où le calme précède la tension, exprimée en free-jazz, le tout mis en valeur par le sonorisateur Luc Marie Sainte. Le répertoire rend également hommage aux maîtres respectifs des musiciens. Ainsi Morgan Roussel se risque à jouer en solo Petit louis de Michel Petrucciani tandis que Ray Layzelle se fond dans le jeu de Coltrane et pousse le chant de son instrument sur un thème authentique de la Nouvelle Orléans. Le public a apprécié cette union prometteuse, génératrice d’émotion, destinée à parfaire son expérience.