La photographe Anabell Guerrero rend à la femme vénézuélienne sa dimension totémique
Parmi les diverses expositions présentes au festival, celle de Anabell Guerrero en impose. Ses "totems" sont des portraits en pied d’un genre très particulier : immenses photographies en noir et blanc, triptyques verticaux permettant une élongation du modèle... Et voici que ces petites femmes vénézuéliennes deviennent d’immenses statues. Même les plus jeunes font figure d’abuelita... La photographe a beau être aussi une plasticienne, se jouant de la technique et n’hésitant pas à déplacer les moyens de la photographie ethnologique traditionnelle, elle n’en demeure pas moins une ethnologue dans l’âme.
Deux ans de travail, pas moins, ont été nécessaires pour approcher la population du village frontalier (Vénézuela-Colombie) où elle a saisi l’image de ces personnes en rapport avec le fond matriarcal de cette culture. Comme dans de nombreuses civilisations anciennes, où qu’elles soient dans le monde (et ça n’est pas moins vrai au Pays Basque), la femme tient une fonction primordiale, avec cette particularité de garder le contact avec les morts. Ainsi Anabell raconte-t-elle que dans ce village, on ne meurt pas une fois mais trois fois : la mort du corps, du coeur, et enfin de la pensée. La femme dirige la cérémonie du 2e enterrement (10 ans après). C’est riche de ses observations qu’Anabell choisit ses modèles.
Casino municipal de Biarritz
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