L’hôtel-restaurant Ostapé du célèbre chef cuisinier multi-étoilé Alain Ducasse à Bidarray a été de nouveau visé par un attentat dans la nuit de samedi à dimanche, mais les "charges explosives" n’ont fait que des dégâts matériels limités.
Selon la gendarmerie, deux charges ont explosé à 01H55 et à 02H35 sur le site de cette auberge quatre étoiles, située en Basse-Navarre, sur les hauteurs de Bidarray, entre Bayonne et Saint-Jean-Pied-de-Port.
Ces deux explosions ont entraîné de faibles dommages, avec des vitres brisées et des murs noircis. Un troisième engin de type artisanal, comportant une bonbonne de camping-gaz, et n’ayant pas explosé, a été découvert à proximité, sous une voiture garée sur le site de l’auberge. Son contenu est en cours d’analyse.
Les 47 personnes qui étaient hébergées dans cette auberge de luxe ont été évacuées et relogées temporairement durant la nuit avant de pouvoir regagner leur chambre en début de matinée, vers 7 heures.
Cet établissement d’Alain Ducasse le premier chef à obtenir trois étoiles Michelin pour chacun de ses trois restaurants gastronomiques, fin 2005 avait déjà été visé en 2003 et 2004 par deux attentats alors qu’il était en cours de construction.
En mars 2004, deux engins, composés chacun d’une bonbonne de gaz de 13 kg remplie d’un produit explosif, vraisemblablement du chlorate agricole, avaient été découverts sur le chantier de l’auberge. En novembre 2003, un engin du même type n’ayant pas fonctionné, avait été découvert sur le même chantier.
Le 29 décembre 2004, un autre attentat avait visé l’auberge "Iparla" au bourg de Bidarray, également gérée par le groupe d’Alain Ducasse. Aucune revendication n’est intervenue pour ces actions.
La section anti-terroriste du parquet de Paris a été saisie de l’affaire. L’enquête est menée par la section de recherches de la Gendarmerie de Pau.
La responsable de la communication du groupe Ducasse a indiqué dimanche à l’AFP que M. Ducasse était "très soulagé qu’il n’y ait que des dégâts matériels". La société "n’a, à ma connaissance, pas reçu de menaces et cet attentat est tout à fait inattendu", a encore déclaré la responsable.
En février 2005, cinq hommes, avaient été interpellés puis remis en liberté dans le cadre de l’enquête sur les deux premiers attentats ayant visé l’auberge Ostapé. En 2005, une source proche de l’enquête indiquait que les soupçons se portaient plutôt sur des groupes de jeunes indépendantistes du Pays Basque nord.
Des engins explosifs artisanaux sont régulièrement découverts en Pays Basque nord. Le 14 avril 2006, trois engins artisanaux ont été découverts à la suite d’un appel anonyme, dans des poubelles situées à proximité de la sous-préfecture de Bayonne, de l’aéroport de Biarritz et de l’office du tourisme de Cambo-les-Bains (Pyrénées-Atlantiques).
Les symboles manifestement visés par ces poseurs de bombes sont l’Etat français, l’activité touristique et l’activité immobilière en Pays Basque.
Les explosions de Bidarray surviennent en plein processus de paix en Pays Basque, où la situation semble évoluer au Pays Basque sud. Jean Espilondo, conseiller général du canton d’Anglet Nord a tenu à réagir pour faire part de sa "révolte" et de sa "colère", "devant le stupide attentat qui vient encore une fois d’endommager l’établissement de Monsieur Ducasse à Bidarray". "Il montre que certains n’ont pas renoncé à la violence et à l’intimidation" remarque l’élu socialiste afin de dénoncer et de condamner fermement de tels agissements.