Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils n’étaient pas bouleversés à la sortie. Hier matin, les 118 élèves de terminale du lycée de Navarre de St-Jean-Pied-de-Port sont sortis peu à peu de la salle d’examen après avoir planché quelques heures sur des sujets de philosophie qui ne les ont pas vraiment inspirés.

"En S, la philo c’est coef 3 donc on s’en fout un peu", commentent sans détour quelques élèves de la filière scientifique de retour au soleil après avoir cogité pendant un peu moins de trois heures en salle. Savoir si l’on peut juger objectivement de la valeur d’une culture ou si l’expérience peut démontrer quelque chose, ne les a pas beaucoup attirés. "J’ai pris le texte de Mill même si je ne sais pas qui c’était", explique l’un d’entre eux. "J’ai écrit qu’il était Anglais, d’après le nom, et du XXe siècle parce qu’on comprenait tous les mots, pas comme quand c’est un texte du XVIIIe", ajoute-t-il. Julien s’est essayé au sujet de la démonstration par l’expérience. "Pas que ça m’inspirait mais par élimination", dit-il. "J’ai fait tout mon travail sur un seul argument, qu’il faut analyser et interpréter les résultats des expériences pour démontrer. Je ne sais pas si c’est bien", avance-t-il.

Andde est sorti le premier, au bout de deux heures. Il n’est pas forcément confiant mais il lui semble qu’il a fait le tour de la question.

Pour Maialen, qui est en L (littéraire), la philo n’est pas accessoire. Elle est notée en coefficient 7 mais la jeune fille compte beaucoup sur sa note de basque, coef 8 pour le coup. Littéraire aussi, Carine a choisi de répondre à la question : "N’avons-nous de devoirs qu’envers autrui?".

"Je suis contente de ce que j’ai fait mais pareil c’est nul", commente-t-elle.

Généralement, les élèves ont trouvé l’épreuve plus difficile que les sujets vus durant l’année. Mais les considérations philosophiques n’ont pas longtemps alimenté l’après-examen. A peine sortis, les élèves s’inquiétaient surtout de savoir comment ils rentreraient du repas de classe et s’ils devaient choisir d’aller plutôt aux fêtes d’Irissarry ou à celles d’Hosta.

Au total plus de 1500 élèves du Pays Basque nord ont passé l’épreuve de philosophie hier, les filières générales comme les technologiques. Les épreuves de mathématiques, littérature ou histoire-géographie se poursuivent demain pour des résultats connus le 3 juillet prochain.

Devant le lycée Cassin, le groupe Ikasle Abertzaleak en a profité pour dénoncer l’obligation qui est faite aux élèves des ikastola de passer les épreuves en français. Les lycéens ont aussi critiqué le système consistant à évaluer en trois jours le travail de toute l’année. Enfin, ils ont estimé que le bac, comme la sélectivité en Pays Basque sud, est une limite à pouvoir étudier sur l’ensemble du Pays Basque.

Les sujets

Série L (littéraire) :

- N'avons-nous de devoirs qu'envers autrui ?

- Cela a-t-il un sens de vouloir échapper au temps ?

- Expliquer un texte de John Locke sur la propriété.

Série S (scientifique) :

- Peut-on juger objectivement la valeur d'une culture ?

- L'expérience peut-elle démontrer quelque chose ?

- Expliquer un texte de John Stuart Mill sur la confiance comme fondement principal du bien-être social.

Série ES (éco. et social) :

- Faut-il préférer le bonheur à la vérité ?

- Une culture peut-elle être porteuse de valeurs universelles ?

- Expliquer un texte de Alain sur l'Economique qui n'est pas le premier besoin de l'organisation sociale.

Séries technologiques :

- Quel besoin avons-nous de chercher la vérité ?

- L'intérêt de l'histoire, est-ce d'abord de lutter contre l'oubli ?

- Répondre à des questions sur un texte de Spinoza sur le libre choix de l'Homme.