Le besoin urgent de points d’un côté, une suprématie largement témoignée de l’autre, tels ont été les arguments mis en avant tout au long de la semaine pour minimiser le caractère "derby" de ce Biarritz-Bayonne. Pourtant, il ne faut pas trop insister pour s’apercevoir que le court déplacement des bleu et blanc à Aguiléra soulève encore des passions au Pays Basque. La retransmission du match sur écran géant, l’équipe titulaire à Biarritz, le retour de Fifita... autant de "détails" qui ont magnifiquement accompagné les préliminaires d’un match pas comme les autres. Dans ces conditions, chaque camp a trouvé les motivations supplémentaires à une rencontre déjà pimentée en soi. Du côté de Biarritz on n’a évidement pas oublié la victoire décrochée par l’Aviron à Aguiléra (27-22). Certes, le BO a depuis rattrapé son retard. Il a écrasé son voisin chez lui (41-16), et il a remporté le Bouclier de Brennus. Mais ça ne suffit pas. Biarritz a besoin de laver l’affront de la saison passée, d’autant plus que Bayonne a su garder l’avantage lors du match aller à Jean-Dauger (10-9).
Preuve que Lagisquet et Delmas ont prise au sérieux la rencontre, ils y aligneront pratiquement le XV qui s’est qualifié pour la finale de la Coupe d’Europe, avec le retour du capitaine Thomas Lièvremont en prime. Rien que cela. Les Biarrots, plus rodés que jamais, semblent donc bien décidés à assurer mathématiquement leur place parmi les quatre premiers du Top 14, avant de laisser les cadres au repos pour les matches de Montpellier et... Pau. Une nouvelle qui n’a pas trop plu sur les bords de la Nive dans la mesure où la dernière place qui permettra de rester dans l’élite se jouera entre les Bayonnais et les Palois. Une crainte toutefois relative quand on connaît la qualité du banc rouge et blanc.
Néanmoins, les doutes sont à mettre à l’actif de l’Aviron Bayonnais en cette fin de saison. Il y a un mois, Richard Dourthe et ses équipiers semblaient assurés d’une fin de saison confortable. Bayonne, 10e, comptait une marge de sécurité de dix points sur le premier relégable, Pau. Mais une raclée à Perpignan (54-13) et un revers à domicile contre Agen (19-25), ont dilapidé ce capital. Les Béarnais gagnant à Toulon (16-20) et arrachant un succès inattendu sur l’Usap (15-12), les Bayonnais sentent désormais leur souffle, trois points derrière (34 points contre 37). "Vu nos derniers matches, c’est David contre Goliath", reconnaît le manageur bayonnais Gilbert Doucet concernant le match de cet après-midi. Dans ce contexte, "honnêtement, le derby passe au second degré", poursuit-il. "D’ailleurs on n’assiste pas à la ferveur populaire qui entourait les trois premières rencontres depuis le retour de l’Aviron dans l’Elite" en 2004, l'année du centenaire, reconnaît Doucet.
Fifita à l’aile, Piossek au centre
Désormais, les réunions se succèdent pour pointer les carences décrites par Doucet : "Psychologiquement d’abord, nous nous sommes fragilisés. On s’est rendu compte qu’il fallait recréer la dynamique qui nous a habités en début de saison, puis en mars. Au niveau du jeu ensuite. À partir d’entraînements spécifiques, on a bossé la défense, les lancements en attaque". "Personne n’avait imaginé le scénario du match d’Agen -trois essais encaissés dans les 20 premières minutes. On a tous pris un énorme coup derrière la tête", admet le manageur. Cette défaite a coûté sa place à l’entraîneur des trois-quarts Peïo Alvarez, remplacé par Pierre Peytavin. Maintenant, "soit on se lamente sur notre sort, on se cherche des problèmes qui n’y sont pas, soit, ce qu’on fait, on positive. Je préfère avoir trois points d’avance sur Pau, qu’être dans leur situation", se persuade Doucet.
Bayonne testera d’ailleurs un autre système de jeu pour la première fois. En effet, si Thiery reprend sa place à l’arrière, Fifita, suspendu et longtemps mis à l’écart par le club signe son retour à l’aile. Il sera opposé à Gobelet pour un match dans le match que tout le monde redoute déjà. Cela dit, la nouveauté sera la présence de l’Argentin Nuñez-Piossek au centre "Biarritz l’a fait avec Bidabé et ça a marché" assure Péméja histoire de se rassurer. Le jeune Sébastien Rouet sera également titularisé aux dépens de Sudre, tout comme Wessels à la mêlée.
Le calendrier de Bayonne est difficile, mais pas plus que celui de la Section Paloise. Durant les quatre dernières journées, les deux clubs affrontent chacun deux cadors du Top 14 (Biarritz et Stade français) et deux clubs toujours en lutte pour l'Europe (Castres et Clermont pour Bayonne, Agen et Castres pour Pau). Mais ce n’est pas le problème de Doucet : "Le fait de s’être toujours calqué sur le calendrier de nos adversaires directs au maintien nous arrangeait bien dans nos têtes : en fait de quoi, sans le savoir, on se fragilisait".
Bayonne "est au pied du mur" et a besoin de "deux points pour avoir une victoire d’avance sur Pau", prévient Doucet. "C’est ce qui doit nous obséder".
