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Le JPB > Pays Basque 2006-04-29
"Un otage occitan" dans les geôles françaises
·Robert Arricau est en détention provisoire depuis plus de 500 jours. Son comité de soutien dénonce l’acharnement dont il fait l’objet depuis le début de l’affaire avec des pressions qui ne cessent pas

Samedi dernier, près de 120 personnes ont défilé dans les rues de Pau en soutien à Robert Arricau et pour demander sa mise en liberté. Robert Arricau a été arrêté le 30 novembre 2004, suite au coup de filet contre l’ETA en Béarn et Pays Basque le 3 octobre 2004. Il est actuellement incarcéré à la maison d’arrêt de Montauban. L’affaire est instruite par la juge Houyvet de la cellule antiterroriste.

Robert Arricau a 36 ans, il est menuisier dans une entreprise de réinsertion. Il est militant dans plusieurs associations occitanes comme Anaram Au Patac, Carnaval Pantalonada ou l’Ostau Bearnés.

Au mois d’octobre 2004, son frère et sa belle-s¦ur ont été arrêtés à Salies-de-Béarn. On leur reproche d’avoir loué pendant 6 ans un logement à un couple avec un petit garçon. Un couple qui s’avère être Mikel Albisu et Marisol Iparragirre, responsables présumés d’ETA qui vivaient sous de faux noms, au vu et au su de tout le village béarnais, dans lequel ils s’étaient parfaitement intégrés. Le frère et la belle-s¦ur de Robert Arricau ont fait plusieurs mois de détention et sont actuellement libres en attendant le procès. Leurs arrestations ont eu lieu en même temps que celle de Peio Serbielle, lui aussi libre aujourd’hui.

Deux mois après, Robert Arricau est arrêté à son domicile. Il lui est reproché d’avoir présenté le couple de l’ETA aux deux membres de sa famille.

Suite aux 96 heures de garde à vue, Robert Arricau a disparu. "Il a fallu 13 jours à la famille pour retrouver sa trace à la maison d’arrêt de Tours. Plus de 100 appels téléphoniques dans toutes les administrations n’ont rien donné. C’est finalement un gradé journaliste qui a donné l’information à un membre de la famille lors d’un interrogatoire. Vous imaginerez facilement l’ambiance de ces 13 jours et les pressions que Robert a dû subir. À ce jour, nous n’avons toujours aucune explication sur la disparition des 13 premiers jours" explique Jean-Paul Arricau, frère du détenu, qui souligne ce laps de temps de non-droit qui ne manque pas de leur rappeler les otages de Guantanamo, dont le sort reste un mystère. Robert Arricau, "un otage dans les prisons françaises" commente-t-il.

Les faits qui lui sont reprochés ne justifient pas sa détention. Alors que dans cette même affaire des personnes qui ont hébergé des militants d’ETA ont été libérés en attendant le procès, le simple fait d’avoir mis en relation un couple militant d’ETA avec deux membres de sa famille pour la location d’un logement ne pourrait justifier une peine plus lourde que l’hébergement en lui-même. "Aucune arme, aucun document, aucun explosif n’a été retrouvé en sa possession, pourtant la justice de l’Etat français considère que 1 an et 5 mois d’emprisonnement arbitraire ne suffisent pas !" souligne David Bordes, membre de l’association Liberta ta Robert qui s’est constitué pour le soutenir.

Acharnement

La situation actuelle stagne pour le Béarnais, ses demandes de libération étant refusées et le juge des détentions et libertés refusant lui aussi la libération. La raison, il faut la trouver autre part selon ses proches. "Nous pensons que la juge Houyvet s’acharne sur Robert Arricau afin qu’il lui dise ce qu’elle a envie d’entendre" estime le Comité.

"Durant les 96 heures de garde à vue, nous pensons que Robert a subi de très fortes pressions psychologiques de la part de la police. Pressions visant à lui faire dire qui lui avait présenté le couple, et surtout à adapter ses réponses aux attentes de la police" soulignent-ils.

C’est ainsi que Jean François Lefort "Lof", porte-parole d'Askatasuna, association de soutien aux prisonniers politiques basques, a été arrêté et a passé un an en prison. En février 2006, Robert Arricau a dénoncé les pressions policières devant le juge. Aujourd’hui, il est avéré que Jean-François Lefort n’avait rien à voir avec cette affaire, et il a été libéré après plus d’un an de détention.

Mais rien n’y fait, les 6 demandes de remise en liberté ont été refusées "sous des prétextes que nous considérons absurdes et malhonnêtes" s’exclame David Bordes. "Primo, la juge Houyvet affirme que Robert ne serait pas en sécurité s’il sortait; nous affirmons qu’aucune menace n’a été proférée envers notre camarade, et que la plus grande insécurité réside dans son enfermement". En effet, depuis le début des pressions son exercés sur le détenu. "À chaque déplacement au tribunal, Robert Arricau est escorté comme le plus dangereux des détenus, habillé d’un gilet pare-balles" dénoncent ses proches. Une façon comme une autre de faire pression sur cet homme, qui découvre tout un monde qu’il était loin d’imaginer.

"Secundo, Robert milite dans un mouvement dont le nom a une connotation violente, à savoir Patac; Depuis quand l’Etat français prend-il en considération la langue Occitane ?" s’indigne le comité. Mais plus important, Robert Arricau n’aurait pas fourni "les réponses satisfaisantes" ; "Est-ce dire qu’il ne sortira que lorsqu’il aura déclaré ce que la juge veut entendre ?" s’interroge son frère. En effet, c’est à partir des déclarations obtenues par la police que l’opération contre Askatasuna avait été déclenchée, et sa défense estime qu’il est gardé à vue pour justifier ce qu’ils considèrent comme des exactions.

Répression

Néanmoins le comité souligne que la situation de Robert n’est pas unique et qu’elle s’inscrit dans un contexte politique général "d’injustice sociale et de répression". "L’Etat français qui se targue d’être un Etat de droit passe outre la présomption d’innocence pour enfermer qui bon lui semble ! Sur les 60 000 prisonniers, ce sont 20000 qui le sont en détention préventive, c’est-à-dire qu’ils et elles attendent d’être jugés à l’ombre des barreaux. De 2001 à 2003, l’Etat a augmenté le budget de la répression de 185 % alors qu’il baissait de 46 % celui de la réinsertion. De plus, la privatisation des prisons est en marche" rappellent-ils.

"Après le procès d’Outreau, les incohérences du système judiciaire de l’Etat français ont été mises à jour, une commission d’enquête a enquêté, et puis,Š et puis rien" s’inquiète le comité.

"La présomption d’innocence n’est toujours pas respectée dans ce pays qui se dit le berceau des droits de l’Homme. Nous affirmons que ça suffit ! Nous exigeons que Robert soit remis en liberté et ce dès aujourd’hui. Il est grand temps que cette parodie de justice cesse et que Robert retrouve les siens" demande le Comité.

Robert Arricau sera présenté une nouvelle fois devant le juge d’instruction le 11 mai prochain. La famille espère de tout c¦ur que cette énième fois soit la bonne, surtout que le dossier est au même stade depuis le début de l’affaire.


 
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