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Le JPB > Culture 2006-02-24
Carlos Liscano, 57 ans, dont 13 au cachot

La vie de Carlos Liscano tient en quelques chiffres : arrêté à 22 ans par la police uruguayenne, torturé, il a passé 13 ans en prison. Ecrivain renommé dans toute l’Amérique latine, il publie un récit autobiographique, Le fourgon des fous, cette semaine.

Liscano. Détenu N°490, cellule 14, établissement militaire de réclusion N°1. "J’ai passé 13 ans, moins un mois et 13 jours en prison. Mais j’avais déjà été détenu pendant trois mois à l’âge de 19 ans, ce qui me fait plus de 13 ans de prison", explique-t-il. Grande silhouette un peu lourde, cheveux argentés, à 57 ans il a gardé la force physique qui lui a permis de résister à la torture. Ces mois durant lesquels on ne l’a sorti de sa cellule, cagoulé, menotté dans le dos, que pour tenter de lui faire avouer des choses qu’il ne savait même pas. "Je n’ai jamais été un Œimportant’, mais eux pensaient le contraire", écrit-il dans son livre édité par Belfond. Liscano "calcule tout ce qu’il a sous les yeux, sans pouvoir s’en empêcher" depuis l’enfance. "Ce livre, j’ai attendu 30 ans pour l’écrire, mais je l’ai écrit en une semaine", dit-il.

Descente dans l’abîme

Le 27 mai 1972, il est arrêté à Montevideo par la police de la dictature militaire avec des dizaines de militants de gauche. Suivront les coups, l’humiliation et "le baril", dans lequel les tortionnaires plongent leurs victimes jusqu’au bord de la noyade pour les faire craquer. "Avant d’être arrêté, j’ignorais que cette descente dans l’abîme, cette dégradation infinie, était possible. Il est terrifiant de se regarder dans ce miroir. Voilà ce que j’aurais appris dans ces cachots", écrit-il. En prison, il écrit "mentalement" son premier roman, parce qu’il faut trouver "sa propre discipline" pour tenir. "C’était interdit d’écrire. On avait droit à deux lettres par mois, 25 lignes par lettre". À l’isolement, il continue d’écrire sur des bouts de papiers. "À un moment, j’avais écrit six livres. Un camarade qui allait sortir de la prison avait une guitare. On l’a démontée, on a collé les feuilles à l’intérieur et il est sorti avec", explique-t-il. "C’est la vérité, pas une légende sud-américaine".

Libéré, Carlos Liscano s’exile en Suède. Il ne rentrera en Uruguay que onze ans plus tard. Entre-temps, il est devenu écrivain. Ses pièces de théâtre sont jouées en Europe et ses récits, La route d’Ithaque (1994) ou Le rapporteur (1997), ont imposé la puissance de son style.

Malgré la torture, l’exil, la prison, il n’envisage pas que sa vie eût pu être différente. "J’avais 15 ans quand j’ai commencé à militer et j’ai beaucoup d’affection pour cet adolescent qui a pris une décision si importante. De toute façon, je préfère l’engagement à l’indifférence", dit-il. En octobre 2004, un président de gauche, Tabaré Vasquez, a été élu pour la première fois en Uruguay et les proscrits d’hier sont aujourd’hui au pouvoir. S’il n’appartient plus à aucune organisation, Liscano a participé à la campagne du candidat de gauche. "J’ai passé 12 ans en prison avec le frère du président, dit-il. Je connais presque tous les ministres et une bonne partie des députés, qui, eux aussi, ont été en prison".


 
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