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Le JPB > Pays Basque 2006-02-24
L’opposition estime que l’abandon de la 2x2 voies est une "victoire de la société civile"
·Le PS, Elgar-Ensemble, Batasuna, et Abertzaleen Batasuna, satisfaits de l’évolution des positions de J.-J. Lasserre

Aux réactions de satisfaction exprimées par l’association Leia ainsi que par certaines formations politiques telles que les Verts ou les fédérations du Parti nationaliste basque du Pays Basque nord et de la Navarre, de nouvelles expressions de félicitations se sont ajoutées dans la journée d’hier.

Le principal parti de l’opposition au Conseil général a fait part de sa "satisfaction". Georges Labazée, président du groupe socialiste au Parlement de Navarre a même recours au jeu de mots en évoquant les "voies de la sagesse". Le chef de file rappelle que l’exécutif du Conseil régional et le groupe socialiste à Pau "ont toujours été en phase et d’une solidarité sans faille concernant la configuration du projet de transnavarraise".

"Cette position constante pour l’aménagement de l’existant a fini par être choisie et le groupe de la gauche constate avec satisfaction l’évolution des positions du président du Conseil général et du président du gouvernement de la Navarre, Miguel Sanz". Une évolution mise sur le compte de l’absence du nerf de la guerre: "chacun avait également compris que la réalisation d’un tel investissement ne pouvait se faire sans de véritables partenariats financiers, en particulier ceux du Conseil régional et de l’Europe (car on ne peut espérer pour l’heure de grands concours de l’Etat)".

Capacité de réaction sociale

Et G. Labazée de conclure en souhaitant le développement des échanges avec la péninsule ibérique à travers "la réalisation rapide des liaisons ferroviaires (LGV Sud-Europe Atlantique), des autoroutes de la mer, de la recherche d’un autre passage sous les Pyrénées occidentales et utilisant le report modal".

Elgar-Ensemble s’est également félicité de l’abandon du projet de la 2x2 voies annoncé par le président du Conseil général. "Répondre à une sollicitation de nos voisins navarrais était une motivation insuffisante pour lancer un tel projet", a estimé dans un communiqué Peyo Labéguérie. Selon le président d’EE, avancer des arguments tels que la mise en place d’un péage pour limiter le flux des camions sur le corridor, "manquait réellement de sérieux pour convaincre la population du bien-fondé de la démarche".

Pour Elgar-Ensemble, la "sous-estimation de la capacité de réaction de la population et les maladresses cumulées dans la communication" ne pouvaient qu’amener Jean-Jacques Lasserre "à faire preuve de sagesse en abandonnant le projet".

Elgar-Ensemble relève cependant que, "au-delà de la desserte des deux Navarre, le problème reste entier: quel avenir pour le Pays Basque rural? Quel développement économique voulons-nous? Comment freiner la désertification de cette région?". Dans ce sens, EE souhaite la mise en place d’un plan "ambitieux" des voies de communication permettant à la Soule et à la Basse-Navarre de développer des zones industrielles et artisanales "tout en gardant leur identité et dans le respect de leur environnement".

Dans un esprit plus critique, Abertzaleen Batasuna se félicite de l’échec de ce projet, "en dépit des efforts de présentation et de manipulation de MM. Lasserre et Aguerre". Pour AB, le premier enseignement de cette affaire est que "la victoire" est due à une "implication militante quotidienne, une campagne de contestation coordonnée et une fermeté ayant permis de fédérer la population et ses élus".

"La déroute de ces notables devient ici la victoire méritée de la société civile", laquelle a pratiqué "un véritable et efficace exercice sociopolitique face à une décision foncièrement injustifiable, prise en outre par une institution éloignée des intérêts directs de la Basse Navarre et du Pays Basque nord", déclare AB dans un communiqué.

Abertzaleen Batasuna rappelle dans ce sens "la démarche participative entamée par 70% des élus de Basse-Navarre qui "doit devenir une référence". La Basse-Navarre, ajoute AB, "a connu autour de ce projet une expérience de désobéissance civile à la fois fructueuse et porteuse d’un modèle d’action politique".

Le parti abertzale constate que tout comme la 2x2 voies ne contribuerait au développement du Pays Basque intérieur, son abandon non plus. "Comme nous le soulignons depuis le début, il nous semble plus que jamais prioritaire de développer le processus de rapprochement entre les deux Navarre".Enfin, AB compte "surveiller de près" le plan d’infrastructures routières "dont parlent Lasserre, Aguerre et Sanz".

Bon sens

"C’est une très bonne nouvelle. C’est la victoire des riverains, des agriculteurs, des élus, des citoyens soucieux d’un environnement propre et d’un développement durable, de toute la société". Le parti Batasuna montrait ainsi, dans un communiqué diffusé mercredi soir, sa satisfaction pour l’abandon du projet routier transnavarrais entre Iruñea-Pampelune et l’A64. "Le bon sens a pris le dessus sur la mégalomanie, le développement destructeur et ceux qui défendent des intérêts autres que ceux de la population" s’est félicitée la formation abertzale pour qui, l’affaire de la Transnavarraise devient "l’histoire d’un énorme gâchis: études, énergies, affrontementsŠ"

Pour le parti abertzale de gauche, la clé de voûte de l’abandon du projet de 2x2 voies réside dans la mobilisation. "Sans cette mobilisation, il est sûr que ces élus bornés seraient passés outre l’avis des citoyens basques". C’est pour cette raison que Batasuna a lancé un appel "à rester vigilant face aux dérives environnementales de la solution alternative proposée, qui n’est autre que celle proposée par les opposants au premier projet. Nous lançons aussi un appel pour nous opposer au projet qu’en Navarre Sanz veut continuer coûte que coûte".



Un investissement de 800 millions d’euros
Selon le ministre navarrais des Transports, le coût approximatif des travaux d’aménagement de la route entre Iruñea-Pampelune et Salies-de-Béarn est de 800 millions d’euros. Alvaro Miranda qui, de "sa propre initiative", comparaîtra prochainement au Parlement navarrais pour expliquer les termes de l’accord avec le Conseil général, a précisé lors d’une conférence de presse que le tracé sera similaire à celui prévu pour la 2x2 voies.

Selon le ministre, le coût de l’aménagement du tronçon navarrais s’élèvera à 530 millions d’euros alors que du côté bas-navarrais l’investissement sera de 250 millions d’euros.

Selon Alvaro Miranda, tant la Navarre comme le Conseil général espèrent pouvoir bénéficier des fonds européens Interreg afin de pouvoir financer une bonne partie des travaux.

Selon le ministre navarrais, "nous ne pouvons pas au jour d’aujourd’hui fixer le début des travaux, le projet devant être soumis au débat public".


 
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