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Le JPB > L'opinion > La parole à 2006-01-24
Chantal BOONE / ATTAC - Pays Basque
Quand Attac reçoitun invité de marque

Déjà l’année dernière en février, lorsque Raoul-Marc Jennar était venu à Bayonne, entre une conférence en Catalogne et une autre à Montfort-en-Chalosse dans les Landes, nous avions été sur les charbons ardents pendant toute la période précédant cette soirée. Raoul-Marc Jennar, certains d’entre nous le connaissaient pour l’avoir entendu bien souvent l’année précédente sur France Culture, d’autres très branchés sur le Net avaient découvert ses travaux et ses critiques argumentés contre le Traité Constitutionnel européen. Ami de Pierre Bourdieu qu’il évoque encore avec émotion, fondateur avec lui de l’URFIG (Unité de Recherche et d’information sur la globalisation), cet homme tranquille et qui parle avec aisance et bonhomie, s’était alors jeté dans la campagne du référendum avec une pugnacité et une volonté de démontrer pour emporter la conviction qui pourraient faire honte à certains militants professionnels. Cela faisait déjà quelques mois que les grands médias ne lui laissaient plus la parole et il avait alors pris son bâton de pèlerin pour faire le tour des collectifs Copernic pour leur présenter l’analyse du texte du Traité et discuter des choix qui se présentaient à nous. Avec 132 conférences en ces quelques mois de ce début d’année 2005, son village des Pyrénées Orientales ne l’avait pas souvent hébergé pendant cet hiver et ce printemps.

A Bayonne, il nous avait donné les moyens de réfléchir, les outils d’information pour convaincre et je me souviens qu’après son passage, lors d’une confrontation, organisée par un lycée, avec un responsable local UMP et deux responsables PS, les lycéens de Terminal m’avaient fait la remarque qu’il était le seul qui avait réellement travaillé le texte. Et oui ! Jennar ne prend pas les citoyens pour des imbéciles ; ses explications visent toujours à l’analyse du texte, à sa mise en perspective dans notre histoire afin de permettre l’émergence d’une conviction forte qui ne soit pas seulement de la croyance dans des discours fumeux. Les convictions, ensuite, peuvent ressembler aux siennes ou être différentes mais celui qui écoute Jennar acquiert le sentiment que cette conviction relève vraiment d’un choix politique que le citoyen a toujours la possibilité de faire au lieu de le déléguer constamment aux professionnels de la politique.

La semaine dernière nous avions de nouveau invité Jennar pour nous parler de la directive Bolkestein que Chirac nous avait promis disparue, tout comme Raffarin alors premier ministre et Dominique Strauss-Kahn, candidat à la présidentielle depuis fort longtemps, directive, toujours bien à l’ordre du jour et qui continuait son petit bonhomme de chemin dans les méandres opaques des institutions européennes, en attendant de ressurgir au parlement européen vers octobre 2005.

En novembre, la commission parlementaire chargée de l’examiner proposa quelques amendements. Il nous fallait donc comprendre les enjeux de la directive mais aussi connaître ces amendements afin de les évaluer. Nous avions donc sollicité Jennar, de retour de Hong Kong où il surveillait les négociations sur l’AGCS (Accord général sur le commerce des services) à l’OMC (Organisation mondiale du Commerce) pour le compte de l’ONG Oxfam Solidarité dont il est l’un des chercheurs ; il s’était remis en campagne et nous l’avons accueilli jeudi après un petit tour méridional qui l’avait conduit de Montpellier à Tarbes, puis à Pau et enfin sur notre bord d’Atlantique. Une nouvelle fois, la semaine précédente, nous nous sommes agités dans tous les sens pour informer de sa venue et faire en sorte que la salle soit comble. Une gageure lorsqu’on sait que les grands médias qui nous évadent de notre grisaille quotidienne, oublient que les services, cela concerne, comme l’a rappelé Jennar, toute notre vie quotidienne, la lumière qu’on allume, l’eau de la douche qui gicle, les infos qu’on écoute embrumé encore d’un reste de sommeil, le bus qu’on prend ou qu’on regarde passer, les enfants qui vont à l’école... je m’arrête là avant de vous décrire ma vie, la vôtre dans sa banalité la plus terre à terre.

Alors quid des services ??? Quatre-vingts personnes ont suivi avec attention la démonstration de Jennar appuyée sur le texte initial et les amendements proposés par la Commission parlementaire. Un public bien diversifié, des jeunes, des moins jeunes, des vieux, qui parce qu’on les prend pour des "êtres doués de raison" ont compris quels enjeux représentait cette directive, quelles destructions de nos services publics elle entraînait, quelle remise en cause des pouvoirs locaux elle provoquait. Beaucoup ont pris des notes, certains ont posé des questions, quelques-uns ont décidé que leur présence était nécessaire à Strasbourg (là-bas dans le nord est, à plus de mille kilomètres d’ici) le jour du vote et ont demandé l’organisation d’un voyage pour dire au Parlement européen, que cette directive était une directive inique, qu’elle préparait une aggravation des inégalités dans l’accès aux services et la garantie des usagers, qu’elle ne rendait pas service à nos concitoyens européens les plus défavorisés puisqu’elle se fondait sur des inégalités de législation sociale et environnementales, inégalités qu’il n’était pas question de remettre en cause puisqu’elles sont le fondement même de cette directive. Que les pauvres restent pauvres puisque c’est le bon moyen d’avoir des salariés à bas coût, que la législation du travail reste inexistante dans ces pays puisque c’est la meilleure manière d’organiser le travail sans contrainte. On a toujours le choix dans la vie : croire qu’il y a une règle divine qui nous domine, celle du marché et du fric, contre laquelle, nous pauvres humains nous ne pourrions rien ; ou bien penser que c’est nous qui faisons notre histoire avec nos choix et donc nos raisons et nos convictions. C’est à faire ce choix que Raoul-Marc Jennar nous invite lors de ses conférences, et quels que soient nos âges, nos positions politiques, nos engagements, il me semble que nous sortons de là plus convaincus de la nécessité de nos engagements, de nos responsabilités à choisir et à impliquer nos choix dans la vie politique. Alors on ne peut que regretter que certains personnages actifs, ou du moins qui paraissent l’être car ils s’agitent beaucoup, ne soient pas présents lors de ces conférences : maires, députés, représentants aux conseils Général et Régional qui peuvent avoir des choix autres mais ne devraient esquiver le débat public.

La politique ne se fait pas que dans les conseils municipaux ou autres, dans les hémicycles parlementaires, elle se fait à la base, là même où vivent et pensent les citoyens.

On peut demander une pétition adressée à nos députés européens du grand sud-ouest à Copernicpbyahoo. fr ou à Attac Pays Basque ou encore signer une pétition en ligne à Stop Bolkestein (à taper sur un moteur de recherche).


 
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