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Le JPB > Culture 2005-12-24
Regards sculptés de colère et de tendresse
·Le peintre et sculpteur Guanes Etchegaray présente des sculptures et peintures récentes à partir de matériaux récupérés

"Je respire le monde, puis je l’expire par mes ¦uvres, après ça ne m’appartient plus." L’exposition présentée à la Benoîterie d’Arbonne est ainsi résumée par Guanes Etchegaray. Elle réunit peintures et sculptures récentes composant son "regard personnel sur le monde" à partir d’objets qu’il y a recueillis. Le monde très proche, avec des créations figuratives liées à son atelier, mais aussi le monde appréhendé comme environnement. Et là la colère transparaît. Les objets récupérés, bases de son travail, sont ceux produits et rejetés par nos sociétés. "Ecolo est un bien grand mot, mais si je peux éviter de prendre à la terre des matériaux neufs, écarter le gaspillage,..."

Davantage qu’art de récup, G.Etchegaray parle d’art de "cueillette". "Je redonne vie à des matériaux morts; j’essaie de garder la trace du matériau, mais ce qui prime c’est le travail en train de se faire".

Son c¦ur balance-t-il davantage pour la sculpture ou la peinture? Il travaille la première depuis 17 ans, la seconde depuis 35 ans. "C’est très complémentaire." L’artiste compare volontiers la peinture à de la méditation, à un travail plus ou moins calme, tandis que la sculpture aurait davantage à voir avec un art martial "au sens où le geste permet peu d’erreurs, et comme quelque chose de très physique" explique celui qui pratique également sabre et aïkido.

En sculpture, il utilise tout matériau, sauf le métal dont il reconnaît ne pas être spécialiste. "Je viens du bois, vous savez le seul diplôme que j’ai est celui de charpentier" relate l’autodidacte qui en matière de sculpture ne délaisse pas les conseils d’une Christiane Giraud par exemple. Si certaines sculptures de Guanes Etchegaray sont monumentales comme celle à l’entrée des grottes d’Otxozelaia, au centre bourg d’Ostabat, mais aussi à Angers ou St-Martin-de-Seignanx. Andereserorenia ne pouvant le permettre, celles de l’exposition sont plus modestes.

Actuellement G.Etchegaray mène un travail sur les personnes anonymes. Dans son atelier de Saint-Palais, face à l’église des Franciscains, qu’il a investie depuis deux ans, en attendant les travaux de réfection de la maison Ospitalia à Amorots. "Un endroit magique" où il a décidé de poser ses valises, tout en continuant son ¦uvre artistique. A 51 ans, et après une trentaine de déménagements passant de Bruxelles, à Francfort, Paris, Nantes, l’Afrique, la Suisse, et enfin Angers voici 10 ans, il est revenu sur ses terres basques d’origine. "Moitié Basque par mon père (qui venait de Biscaye) et Belge par ma mère, et élevé dans la culture basque, comme tout déraciné, j’étais travaillé par l’idée du retour." C’est décidé, l’endroit où "poser [son] dernier atelier" sera en Amikuze.

· Peintures et sculptures de Guanes ETCHEGARAY

Tous les jours à la Benoîterie d’Arbonne, place Harizmendi, du mercredi au samedi de 14h30 à 18h30 et le dimanche 10h-12h et 14h30-18h30, du 22 décembre jusqu’au 8 janvier



De la traditionnelle Andereserora
Ce n’est pas l’objet de l’exposition. Mais avant d’accueillir les arts, la Benoîterie d’Arbonne a abrité Andereserora. Et a failli disparaître au début des années 90, avant de trouver, après conflit, une nouvelle vocation culturelle. Dans le Pays Basque traditionnel, la vie religieuse s’articulait autour des femmes. En particulier Etxekanderea (La maîtresse de maison), lehen auzoa (la première voisine) et Andereserora (traduit par la Benoîte ou parfois béate). La maîtresse de maison assurait un certain nombre de rites et de pratiques dans les maisons (bénir la famille à la chandeleur ou le jour des Cendres, diriger les prières, réciter diverses formules pour se prémunir contre les orages, etc...). A l’église, elle déléguait ses pouvoirs à une autre femme : Andereserora. C’est Andereserora qui présidait aux rites funéraires, accueillait le deuil, plaçait les gens, etc... C’est elle qui en l’absence de la maîtresse de maison ou d’une autre femme de la maison ou de la première voisine, faisait l’offrande de la lumière au jarleku, c’est-à-dire allumait l’ezko (bougie) sur le lieu de l’ancienne tombe de la maison dans l’église. Jusqu’au XVIIIe siècle environ, on enterrait les morts dans les églises, d’où les nombreux jarleku (pierre plate) dans la nef de l’église. Andereserora présidait aussi aux baptêmes et aux mariages. Elle s’occupait de l’éducation des filles, certaines étaient sages-femmes, elle pouvait également remplacer une maîtresse de maison malade. Elle était choisie par les hommes de la communauté parmi les filles d’âge canonique ou les veuves. Elle devait être de bonnes m¦urs et religion. Sa charge très recherchée, dont le prix variait entre 500 et 1 500 livres, était mise aux enchères et constituait "L’aumône dotale" qui représentait les droits d’andereserora. Cette dot était sans "espérance de retour" en cas de décès ou de renonciation à l’emploi. Une fois sa nomination ratifiée par l’évêque, Andereserora prenait rituellement devant notaire et témoins, possession de sa charge, et de sa maison.

Eglise et Benoîterie sont indissociables : Andereserora est comme un prêtre bis. Le prêtre dit la messe, elle s’occupe du reste, c’est-à-dire de tout ce qui entoure la célébration du sacrifice eucharistique. Elle détient les clefs de l’église et gère l’emplacement des concessions. Les plus vieux documents connus à ce jour montrent à l’évidence que les Andereserora réglaient la vie religieuse avant que les paroisses ne soient dirigées par des prêtres.

Dans nos villages, il y a grossièrement deux grands types d’habitat : les exploitations agricoles et des maisons urbaines. Elles ont leur spécificité. La maison d’Andereserora est d’une très grande originalité : petite, souvent de qualité, et dépourvue de terre ; car la Benoîte était nourrie par le village en échange de ses services. Petites et fragiles les andereseroraenia (maison de benoîte) ont été, d’autant plus menacées.


 
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