Chers diocésains, chers amis, notre époque est une époque de mutation: l’éveil des pays émergents, inaugure une redistribution mondiale des cartes ; des flux migratoires importants amorcent leur percée et leur métissage ; les pays les plus riches sont maintenant les plus âgés, les moins nombreux et par là bien vulnérables, pour avoir freiné le don de la vie et négligé les aspects sociaux et spirituels de la formation de leurs jeunes et de leurs élites.
Par ailleurs, des changements climatiques, le réchauffement de la planète, des secousses sismiques et des typhons successifs, nous rappellent l’existence de la nature, de ses forces cosmiques et la fragilité de ses ressources.
L’informatique développe de manière vertigineuse les possibilités de la communication technique, tout en stimulant les désirs de consommer et de mieux vivre, elle révèle d’immenses inégalités.
En effet face à cet afflux d’images virtuelles, il y a la réalité des foules de déshérités toujours plus nombreux ; lieu des accablements, des convulsions et des manifestations, les banlieues nous ont fait entendre et voir récemment les protestations de ces groupes qui, non sans raison, se sentent exclus.
Enfin notre société sécularisée ne sait plus dans son ensemble où elle va, se défiant de l’engagement et de la fidélité, elle prend ses distances avec les religions, et donc avec la foi chrétienne, qu’elle ne sait plus très bien transmettre, ni apprécier. Du coup elle ignore ses raisons de vivre et d’espérer, et même doute du véritable amour.
C’est dans un tel univers d’opulence et de pauvreté, d’avancées humaines et de régressions barbares, que le monde chrétien célèbre la fête de Noël ; c'est-à-dire la naissance de l’Enfant-Dieu, qu’il salue joyeusement comme l’unique Sauveur du monde, annoncé depuis des siècles par les prophètes d’Israël.
Quel est donc l’impact de Noël en 2005 ? L’influence de l’Enfant de Noël ?
D’abord son témoignage puis son message.
Quel est ce témoignage ?
C’est celui d’un risque-tout
Dans un monde qui surprotège l’enfance et la place dans un cocon de ouate, voici l’Enfant-Dieu étendu sur la paille.
Dans un monde qui promeut la sécurité (que dire de ces mesures excessives en train de freiner les propositions éducatives des mouvements d’enfance et de jeunesse?) voici le Dieu du risque, Jésus, l’Enfant-Dieu.
Dans une société où de plus en plus de gens fuient les responsabilités et la conscience professionnelle, se présente quelqu’un venu de Dieu, acceptant d’assumer jusqu’au bout ses responsabilités de libérateur, par les seules forces de la justice et de l’amour.
Enfin dans notre culture rationnelle et technique, entravée par des contraintes et des règlements tatillons, on assiste à une revanche de l’irrationnel, à la croyance en des extraterrestres malveillants complotant contre notre humanité. C’est à ce monde sceptique et superstitieux que l’Enfant de Noël vient révéler son projet de salut universel.
Quel est donc son message
pour ce Noël 2005 ?
C’est un message d’amour incarné. Récemment la JOC réfléchissant sur les événements de nos banlieues disait : "Le rôle des associations est essentiel et complémentaire dans les banlieues ; mais pour savoir cela, il faut travailler sur le terrain et pas seulement s’y montrer". C’est cela l’amour incarné. C’est la raison pour laquelle je désire présenter mes v¦ux de Noël et de nouvel an, prioritairement à ceux et celles qui parmi vous, souffrent du froid, du chômage, de la solitude, de la prison, des infirmités de l’âge et de la maladie. Je leur souhaite de rencontrer des personnes et des organismes qui les aident à vivre et à reprendre espoir.
J’encourage et remercie avec beaucoup de force et de gratitude toutes les organisations et personnes qui sur le terrain accompagnent et agissent en faveur de ces personnes, familles et groupes en difficulté.
Je viens de lancer dans le diocèse une année missionnaire à l’occasion du 500è anniversaire de Saint François Xavier, l’apôtre des missions, dont la famille paternelle était originaire de Jaxu. Bonne occasion pour les chrétiens de témoigner de leur Foi auprès de ceux qui ne la partagent pas et qui cherchent un sens à leur vie.
Chance pour les communautés chrétiennes de participer activement à l’évangélisation de leurs enfants, de leurs jeunes et des gens d’aujourd’hui. Guerre à la tiédeur, à nos somnifères, et à nos cocons ; comme le dit très bien un proverbe africain, allant tout à fait dans le sens de Noël, de la venue de l’Enfant-Dieu, et de la démarche de François Xavier : "Celui qui attend Dieu, ne doit pas avoir mal aux pieds !".
En vérité, la fête chrétienne de Noël :
- c’est l’accueil d’un Dieu incarné dans notre monde ;
- C’est la joie de l’Église d’annoncer tout terrain un sauveur pour tous.
Joyeux Noël à vous
Avec mes v¦ux d’année heureuse.
