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Le JPB > L'opinion > Tribune Libre 2005-11-12
Xipri ARBELBIDE / Hélette
Oui aux délocalisations non à la croissance

Je me suis fait fusiller pour avoir écrit que j’étais d’accord avec les délocalisations. Jusqu’ici, jamais personne n’avait osé écrire pareille énormité. Je suis de la race des pires réactionnaires, un antisocial de première classe etcŠUne fois que la personne a eu vidé son sac je lui ai demandé. "Vous avez protesté lorsque l’Aciérie de l’Atlantique a délocalisé du Gipuzkoa à l’Adour ? Chupa Chups de Gazteiz à Bayonne ? Sony du Japon et Ruwel d’Allemagne à Maignon?". Je n’ai évidemment eu aucune réponse. Les opposants aux délocalisations achètent-ils la chemise à 15 euros en laissant de côté celle à 10 euros, parce que celle-ci a été fabriquée à Taïwan ? Pourquoi faut-il que les Turcs, les Maliens ou les Péruviens soient obligés d’émigrer pour travailler chez Renault en Europe ? Pourquoi Renault ne construirait-il pas ses usines chez eux ? Il y a quelques années le slogan à la mode était "vivre et travailler au pays", "lana herrian". Ce droit, je le reconnais aux Africains et Sud-Américains.

J’ai entendu récemment le président de la CCI expliquer à la radio qu’ils ont payé plusieurs démarcheurs à travers le monde : grâce à eux il y aura sur la Côte Basque 250 postes de travail nouveaux, de haut niveau. Pour qui ces 250 postes? Pas pour les Basques, puisque nous sommes déjà obligés d’"importer" plus de 1200 travailleurs par an. Alors à qui profite ce développement ? Au staff de la CCI qui prend d’autant plus d’importance que la zone économique est plus riche ? A nos élus qui pourront proclamer dans leur littérature électorale qu’ils ont apporté "la croissance", nouveau dogme de la nouvelle religion, "L’ECONOMIE", secret magique du bonheur ? Aux agences immobilières qui sont en train de faire leurs choux gras? Entre 1990 et 1999 le nombre d’emplois a progressé dans l’immobilier de 500%, passant de 280 à 1692. Et leur croissance est encore plus rapide depuis. Le Conseil de Développement parle d’une "explosion des activités immobilières". Le métier d’avenir au Pays Basque est-il celui de ceux qui vendent notre pays au détriment des indigènes.

Aucun doute n’est possible, la "croissance" n’est pas conçue pour le bien des Basques. Le président de la CCI soulignait à la radio qu’il faudra prévoir l’hébergement de ces 250. Il faudra construire pour eux. Pas sur les bords du boulevard BAB déclarés inconstructiblesŠ pour créer une troisième voie. Ils achèteront nos fermes dont le prix est déjà inabordable.

Voilà l’explication du prix des terrains à construire, grand sujet de conversation dans nos chaumières : les jeunes sont condamnés à renoncer à tout rêve de construire leur maison au village. La rupture date de 2004 où j’ai vu, du jour au lendemain, le prix du même terrain passer de 25¤ à 50¤ le m/2, suite au passage d’un agent immobilier chez le vendeur. Depuis c’est le prix normal.

Un quidam me disait un jour que ce sont les paysans basques qui vendent les terres à prix d’or. Les terrains vendus ces dernières années dans mon village le sont par des propriétaires de la côte, à deux exceptions près. Un seul est paysan.

Un responsable de Banque me disait que les Basques devront aller chercher du terrain dans les Landes, parce qu’ici, ce sera trop cher pour eux. Nouvelle déportation des Basques dans les Landes d’une manière plus civilisée que Cavaignac en 1792. Avec la différence que cette fois, ce sera définitif, sans espoir de retour. Et le problème basque sera réglé. Pour ceux qui rêvent d’un Pays Basque sans BasquesŠ Du définitif là aussi. Et en route pour le Los Angeles BasqueŠ.. Beaucoup seront condamnés à se serrer dans l’appartement des parents : le prix de location d’un T1 a augmenté de 50% entre 1992 et 1999. Et ça continuera, ce prix étant lié à celui de la construction.

Nos responsables politiques, économiques, le Conseil de "développement" etcŠ pourront-ils nous expliquer quel but ils poursuivent avec cette croissance exponentielle ? Ce qu’elle apporte aux habitants de ce pays. Peuvent-ils prendre une direction telle sans savoir ce qu’en pense la population ?

Sur un plan plus général ; jusqu’à quand la terre pourra-elle fournir la matière première nécessaire à cette croissance ? La montée du prix de l’essence ne devrait-elle pas les faire réfléchir ? Où en serons-nous lorsque la croissance mettra la Chine et l’Inde au même niveau de vie que nous ? En un an Nissan a augmenté ses ventes de 168% en Chine Quant aux nègres aux mains ensanglantées sur le mur de la honte européen à Ceuta et Melilla, les condamnons-nous à crever de faim au Niger ?


 
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