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Le JPB > Pays Basque 2005-11-12
Prison ferme pour les violences urbaines
·Les incidents se sont interrompus après deux nuits de véhicules incendiés à Bayonne et Boucau. Le tribunal de Bayonne a condamné Sylvain, Mathieu et Johan à deux mois de prison ferme, Rachid à quatre mois, Samir relaxé

Rachid a 23 ans, il habite à Habas, quartier nord de Bayonne, chez ses parents. Soutien de famille, il a atteint le niveau BTS Force de vente, et depuis neuf jours, sa période d’essai s’est terminée et bénéficie pleinement d’un CDI comme commercial auprès d’une société hexagonale. Il n’a pas de casier judiciaire. Jusqu’à avant-hier. Le tribunal l’a condamné à quatre mois de prison ferme, en procédure de comparution immédiate, pour l’incendie de deux voitures, à proximité des résidences Les Floriales au quartier Sainte-Croix, dans la nuit de lundi.

Interpellé mercredi sur le lieu de son travail, Rachid nie d’abord sa participation, puis la reconnaît, avant de se rétracter au cours de la garde à vue. Il explique à la barre avoir bien été sur les lieux de l’incendie des deux voitures, avec Samir à proximité (assis sur le banc des accusés), et "entraîné" par un certain Samir le Bordelais qui mettait "la pression" affirmant que "ça pète partout, sauf Bayonne qui est une ville de merde, une ville de PD !" lors d’une réunion de jeunes du quartier, dehors près du Gymnase, "comme tous les soirs". Il explique ses variations par le fait que c’est sa première garde à vue, et que le fait d’avoir été cherché un peu d’essence (après l’incendie) dans une station avec un voisin, réglé par chèque, pour sa voiture tombée en panne, semblait indiquer sa culpabilité. Et qu’il a peur d’aller en prison. De perdre son travail et son image familiale exemplaire, précise son avocat, qui explique que Rachid "joue de malchance" et qui plaide la relaxe car de la prison ferme "c’est mettre fin à son avenir".

Samir, 25 ans, habitant la ZUP et de nationalité marocaine nie sa présence sur les lieux de l’incendie "j’étais à 50 m !". Il est relaxé au bénéfice du doute.

Les deux véhicules appartiennent à une société (avertie, elle ne s’est pas constituée partie civile), dont l’une était équipée d’une bouteille de gaz de propane. "Les conséquences auraient pu être dramatiques" explique la procureure qui ne croit pas à l’existence d’un troisième Samir. Elle requiert 8 mois à l’encontre de deux jeunes gens, l’un "très bien intégré et qui sait ce qu’il a à perdre", l’autre "oisif qui n’a pas grand-chose à perdre".

"Pieds Nickelés"

Auparavant, toujours en procédure de comparution immédiate et avec des avocats commis d’office, ce sont trois plus jeunes garçons qui ont été condamnés pour incendie, vol, et violence volontaire en réunion contre agent dépositaire de la force publique n’ayant pas entraîné d’ITT. Délits passibles à eux trois de 20 ans de prison, rappelle la procureure. Plus prosaïquement Johan, Matthieu et Sylvain, âgés de 19 à 23 ans, se sont retrouvés, avec un quatrième larron mineur, dans les bois aux hauts de Ste-Croix lundi soir pour mettre le feu à un fauteuil abandonné et délabré, puis poursuivis par une patrouille de la BAC, se réfugient chez l’un d’eux dans une tour de la ZUP et se débarrassent ou agressent les policiers, selon les versions de l’accusation et de la défense par la fenêtre du deuxième étage de bouteilles de bière vides, d’ampoules et de globes de luminaires. Objets qui tombent à proximité du policier resté en bas. Les jeunes seront interpellés avec ampoules, morceaux de verre, parfum [qui devait servir à fabriquer des cocktails Molotov] dans les mains et dans les poches. Ils sont qualifiés de "bras cassés", et "de Pieds Nickelés" par leur avocat qui parle de "beaucoup de bruit pour pas grand-chose". A la barre, ils expliquent avoir vu les images à la télé, avoir voulu faire pareil, mais sont bien en peine d’expliquer pourquoi. Ils présentent leurs excuses aux policiers. Leurs mères sont dans la salle (et quelques amis). Elles sont appelées à la barre près de leurs fils. Certains craquent et fondent en larmes.

Les représentations médiatiques sont questionnées, le contexte de révolte des jeunes des banlieues évoqué, par les avocats, mais pour en marquer la différence avec Bayonne. Les itinéraires judiciaires (chargés), familiaux et scolaires sont décrits. Tout comme les perspectives personnelles de chacun ou leur absence. Pour finalement aboutir à une peine uniforme.

"Des gestes gratuits, bêtes, comme à la télé" résume la présidente M.H.Ville. Sauf que "ce n’est pas comme la play station, ce sont de vrais policiers" explique la procureure aux prévenus qui requiert 4 mois pour Sylvain et Mathieu et 3 mois pour Johan, "peut être moins impliqué". Ce dernier était venu comparaître libre. On lui remet les menottes.

Chacun écope de quatre mois de prison dont deux avec sursis, et 500¤ de dommages et intérêts pour le policier partie civile et 500¤ de frais d’avocat, à payer solidairement.



Réactions

FCPE 64

" Violences urbaines : serrons-nous les coudes ! "

La ghettoïsation des plus pauvres dans certains quartiers où les infrastructures publiques notamment en matière d’éducation sont absentes ou défaillantes a créé un véritable apartheid social. Le taux de chômage y est deux ou trois fois plus élevé que la moyenne. De plus, nous ne pouvons ignorer que les populations d’origine immigrée peuvent y souffrir de discriminations ethniques et raciales. Les graves incidents qui se déroulent depuis plus de dix jours dans plusieurs villes préoccupent les parents de la FCPE, car nous savons que c’est l’avenir d’une partie de notre jeunesse qui est ici en jeu. Les formes violentes que prend cette révolte, la destruction gratuite, conduisent à l’impasse et sont inacceptables d’autant qu’elles atteignent surtout ceux qui sont en situation sociale difficile. Mais elles ne sauraient malheureusement surprendre les observateurs attentifs et toute une partie de la population qui a depuis bien longtemps perdu toute raison d’espérer."

COLETTE CAPDEVIELLE

" Qui a fermé la Maison Vie Citoyenne à Bayonne ? "

En réponse aux déclarations du député-maire de Bayonne Jean Grenet, Colette Capdevielle du groupe municipal de la gauche plurielle estime que "les élus doivent rester très prudents dans l’utilisation du vocabulaire: il y a déjà eu trop de dégâts!". "Restons unis pour rappeler aux jeunes les valeurs de la République, de solidarité et de respect des autres. Faisons confiance et laissons les tribunaux juger contradictoirement les auteurs de violences urbaines inacceptables dans un Etat de droit car elles touchent les plus fragiles d’entre nous. Mais regardons aussi la réalité en face! Qui a fermé la MVC à Bayonne? Qui a diminué les subventions aux associations? Qui a supprimé les emplois jeunes, la police de proximité? Nos cités sont le miroir d’une société où les inégalités sont de plus en plus criantes. Il en faudra du temps et de l’argent pour rétablir la confiance et le dialogue avec notre jeunesse."

EUSKO ALKARTASUNA

" Revoir la copie du mythe de "líntégration à la française"

Le parti social-démocrate basque et fédéraliste européen indique à propos de "la flambée de violence qui secoue les banlieues de nombre d’agglomérations en venant même chez nous, en Pays Basque, [que son] entière solidarité va évidemment à toutes les victimes de ces exactions inadmissibles". "Ce qui ne saurait dispenser la classe politique française de revoir pour de bon la copie du mythe de Œl’intégration à la française’? Car les raisons d’une vague de violence soudaine tiennent aussi en réalité à l’état d’abandon et de pauvreté extrême depuis des décennies et au sentiment de mise à l’écart qu’éprouvent tant de jeunes souvent et fortement bi-culturels qui y vivent dans le chômage, la précarité et l’exclusion. Tout ceci doit amener (...) à s’interroger en profondeur et à agir sur les questions d’intégration et de la citoyenneté réelle dont souffrent aussi, quoiqu’à des degrés différents, peuples et pays spécifiques."

LES VERTS du Pays Basque

" Le tissu associatif a difficilement résisté aux coupes budgétaires "

"Il est évident que des personnes tentent de reproduire ici, le type d’événements qui secouent la France depuis maintenant presque 15 jours. Mais au-delà de ce mimétisme, il faut aussi savoir lire dans ces violences l’expression d’un mal vivre qui n’épargne pas notre région (...). C’est toute une crispation de la société qui se manifeste ainsi. (...). Pour les Verts du PB, il convient de rappeler, que depuis 2002, le gouvernement Raffarin n’a eu de cesse de remettre en cause tout ce qui pouvait aider au lien social (...). Les dégâts sont considérables, le tissu associatif a difficilement résisté à ces coupes sombres dans tous les budgets, les emplois jeunes ont volé en éclat et la police de proximité tant moquée par la droite est maintenant réclamée à corps et à cris par tous les syndicats de policiers! Les Verts du PB ont encore en mémoire la visite du très médiatique ministre de l’Intérieur à Toulouse, quand il s’agissait de railler les policiers de quartier qui tentaient de maintenir un lien avec des jeunes en déshérence. La police, son rôle c’est d’interpeller leur disait-il narquois ! Aujourd’hui, elle a de quoi faire !"

 


 
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